2021-01-26
 
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Écoresponsabilité et Développement territorial: le CA du RQD s’empare de deux enjeux majeurs en danse

Écoresponsabilité et Développement territorial: le CA du RQD s’empare de deux enjeux majeurs en danse

Le conseil d’administration (CA) du Regroupement québécois de la danse (RQD) s’empare de deux enjeux importants pour le développement et l’amélioration des pratiques en danse avec l’établissement de nouveaux comités : le comité Écoresponsabilité et le comité Développement territorial.

Comité Écoresponsabilité

C’est à l’initiative du danseur Nicolas Patry, ex-administrateur du CA, que l’on doit ce comité du RQD. Porté par la perspective d’un avenir écoresponsable qui se pense et se crée à plusieurs, ce comité vise à documenter et à favoriser l’adoption de pratiques écoresponsables au sein du milieu de la danse. Les membres du comité ont déjà effectué un imposant travail de recherche et de réflexion qui aboutira à la production d’une Trousse sur les pratiques écoresponsables en danse. On a hâte de la finaliser et la partager avec vous!

Le comité Écoresponsabilité est composé de Lucy Fandel, Lük Fleury, Nicolas Patry et Isabelle Poirier. Y collabore également la directrice des communications du RQD, Coralie Muroni.

«À la lecture d’un article sur l’environnement et les arts de la scène, je me suis instantanément dit que la communauté de la danse devait emboîter le pas pour produire un guide pratique. Je nous connais d’avant-garde, soucieux des enjeux sociaux et politiques, prêts à collaborer pour des causes importantes. J’ai souvent eu des discussions sur l’écoresponsabilité avec des collègues et je souhaitais que ma communauté soit unie dans l’action, et surtout, solidaire face aux changements nécessaires. Il allait de soi que ce projet devait être porté par notre association, le RQD, et devait s’implanter rapidement.»
Nicolas Patry

«Je pense que des changements pour lutter contre la crise climatique sont absolument nécessaires et vont nous donner l’occasion d’améliorer la qualité de vie collective des artistes, de renforcer les institutions de danse et de rendre nos communautés plus connectées et plus équitables.»
Lucy Fandel

Comité Développement territorial

C’est essentiellement par la concertation, la valorisation et le partage d’informations qu’agira ce comité au cours de la prochaine année. Initié par le co-président du RQD Lük Fleury dans la foulée des réflexions menées l’été dernier par le comité Mieux investir le territoire québécois, et en droite ligne avec le plan stratégique 2019-2023 du RQD, ce tout nouveau comité du CA prévoit, entre autres actions : analyser les dynamiques à l’œuvre sur le territoire et leur impact sur le développement de la danse professionnelle en tenant compte des différentes réalités régionales; identifier les actions porteuses à faire connaître et rayonner; et connecter les instigateurs de différentes initiatives régionales.

Ce comité est composé de Annie-Claude Coutu-Geoffroy, Jean-François Duke, Lük Fleury et Nasim Lootij. Y collaborent également la directrice générale et/ou la directrice des communications du RQD.

«Il m’apparaît structurant de veiller à ce que le développement territorial puisse être valorisé dans un concert de voix significatives qui contribuent à l’essor et au rayonnement de la danse partout au Québec. Établir des courroies de transmission au sein de notre communauté est important pour échanger expériences et perceptions et ainsi permettre de mieux entrevoir des actions collégiales futures, tout en déconstruisant des idées reçues.»
Lük Fleury

> En savoir plus sur les comités du RQD.

 

Éprouver la danse en webdiffusion

Malgré mon intérêt pour les expériences spectatorielles aussi diverses qu’inusitées, je n’ai paradoxalement aucune curiosité à assister à un spectacle de danse diffusé en ligne. J’ai joué le jeu de suivre des représentations retransmises en direct sur Internet davantage par solidarité pour le milieu que pour assouvir un manque. Le contexte pandémique actuel nourrit plutôt chez moi le désir de questionner nos modes de perception; les récents spectacles présentés en livestream m’ont permis d’éprouver ma propre résistance face à la diffusion numérique. Comment ce changement d’approche peut-il affecter les codes établis du spectaculaire?

Embrasser la contrainte

En ces temps suspendus, certains chorégraphes ont choisi d’«embrasser la contrainte [et] savourer la tourmente»[1]. Ironie du sort et concours de circonstances: issue d’une recherche sur le chaos, la pièce PAPILLON a conduit la chorégraphe Helen Simard à «accepter les choses [qu’elle ne pouvait] pas changer, et changer les choses [qu’elle ne pouvait] pas accepter»[2]. La situation sanitaire dans laquelle se déroulent les processus de création contraint présentement les équipes à s’adapter encore plus que d’ordinaire aux changements, et ce jusqu’à la veille de la première.

Bien que je préfère attendre que la situation s’améliore avant de retourner dans une salle de spectacle, je demeure particulièrement émue de revoir des danseur·se·s habiter l’espace vide du plateau, même par écran interposé. Les caméras zooment, se relaient et recomposent la chorégraphie dans un rythme et un découpage visuel inspirés du cinéma. Sur le tempo du direct, la danse passe au crible de la régie vidéo qui, alors, s’improvise sur le vif.

S’adapter à la distance

Si cette nouvelle réalité favorise désormais une accessibilité inégalée à certains spectacles vivants – on peut en effet s’y connecter de partout –, «comment sommes-nous ensemble alors que nous sommes seul·e·s?»[3]. Les spectacles portent les stigmates des conditions sanitaires en vigueur: les danseur·se·s demeurent à distance les un·e·s des autres et ne se touchent quasiment plus. Cette absence de contact nous confronte directement à la situation pandémique de la COVID-19.

Dans PAPILLON, présenté par Danse-Cité au Théâtre La Chapelle, chacun·e danse dans sa bulle, séparé·e des autres par des cloisons plastifiées, tout comme nous nous accommodons désormais des parois de plexiglas qui font désormais office de décor dans l’ensemble de nos commerces de proximité. L’événement Jack Of All Trades présenté par Danse Danse à l’espace Yoop de la Place des arts proposait de vivre l’expérience improbable d’un battle avec un public sur écran –jamais je n’aurais pu imaginer assister un jour à un battle depuis mon salon en mangeant de la soupe avec mes enfants!– Si la webdiffusion facilite indéniablement la visibilité des artistes, qu’en est-il de l’expérience du spectacle partagée entre les interprètes et le public?

Quid de l’empathie kinesthésique?

Bien que nous partageons encore un «maintenant» lors de la diffusion d’un spectacle en direct, nous ne cohabitons désormais plus dans le même «ici». L’absence du public trouble la présence du danseur. En effet, qui regarder et pour qui danser quand on occupe une salle vide? «Comment générer de l’empathie, et non de simples images mouvantes?» Malgré les points de vue inédits offerts par la caméra depuis les coulisses ou encore à travers les gros plans, la proximité physique entre les artistes et le public a disparu. Les regards introspectifs, voire fantomatiques, des interprètes soulignent cet éloignement.

Que reste-t-il de l’empathie kinesthésique et comment l’activer? Même si mon fils s’est mis spontanément à danser devant l’écran, –alors qu’il ne se le serait sans doute pas permis en salle–, pour moi, c’est la fonction clavardage qui m’a offert davantage l’occasion de renouer avec l’expérience du live en me permettant de dialoguer avec d’autres spectateur·trice·s tout au long de la représentation. La distance excite notre désir de communion et de contact: on a d’autant plus besoin d’échanger pour rompre l’éloignement forcé qui nous isole les un·e·s des autres. Il me semble que le clavardage et la discussion devraient être de mise pour toute webdiffusion afin de recréer un minimum cette précieuse sensation (pour le moment perdue) d’être-ensemble, propre au spectacle vivant.

 

 © Julie Artacho

Formée au département de danse de l’Université de Paris 8, Katya Montaignac participe en tant que danseuse et créatrice à de nombreux Objets Dansants Non identifiés à Paris et à Montréal, et aux projets chorégraphiques de La 2Porte à Gauche dont elle assure la direction artistique de 2007 à 2018. Docteure en Études et pratiques des arts à l’UQAM, elle soigne les «maux» des chorégraphes en œuvrant en tant que dramaturge. Elle collabore à la revue JEU et fut commissaire en danse pour le OFFTA pendant 7 ans. Elle est auteure d’un livre sur Joséphine Baker (2002), co-auteure des ouvrages Danse-Cité: Traces contemporaines (2009) et FTA: nos jours de fêtes (2018), publie parallèlement à la pièce De la glorieuse fragilité créée par Karine Ledoyen un recueil éponyme composé à partir de récits de deuils de la danse (2019) et Tribunes sur la danse en 2020 avec le département de danse de l’UQAM.

Notes


[1] J’emprunte cette formule inspirante à Main d’œuvre, un lieu transdisciplinaire situé à Saint-Ouen en France qui a choisi cet intitulé pour baptiser sa saison 2020 marquée par la crise sanitaire : https://www.mainsdoeuvres.org.

[2] Notes de programme du spectacle PAPILLON d’Helen Simard créé en collaboration avec les interprètes Nindy Banks, Mecdy Jean-Pierre, Victoria Mackenzie, Rémy Saminadin, Roger White et Ted Yates: https://www.danse-cite.org/programmes/papillon.

[3] Cette question entre guillemets et la suivante proviennent de citations d’Helen Simard issues du site web de Danse-Cité: https://www.danse-cite.org/fr/spectacles/2020/papillon.

Impacts de la COVID-19: résultats de l’Enquête nationale sur les répercussions dans le secteur culturel

La plupart des organismes culturels tiennent bon pour l’instant, mais les niveaux de stress très élevés suggèrent que l’impact de la pandémie n’est pas seulement économique, selon les résultats récemment publiés de l’Enquête nationale sur les répercussions dans le secteur culturel (ENRSC).

L’ENRSC a été commandée conjointement par un groupe de 30 organismes nationaux et provinciaux de services aux arts représentant un éventail de disciplines artistiques. Le sondage était ouvert du 3 novembre au 23 novembre 2020. Au total, 1 273 individus et 728 organismes à travers le Canada ont complété le sondage, pour un total de 2 001 réponses.

Les résultats de l’ENRSC font ressortir les points clés suivants:

1. La moitié des organismes ont eu des expériences positives relatives à la programmation numérique, mais de nombreux répondants ont indiqué que le passage au numérique ne leur convient pas.

  • Une majorité des particuliers et des organismes sont d’accord que la programmation numérique est nécessaire (59% et 65% respectivement). Cependant, près d’un répondant sur deux (44% et 48% respectivement) a affirmé ne pas avoir pas accès à l’équipement nécessaire pour le passage au numérique.
  • 62% des organisations sont passées au numérique entre août et octobre, et 80% d’entre elles ont déclaré que l’expérience avait répondu à leurs attentes ou les avait dépassées.
  • Il est intéressant de noter que les répondants avaient des opinions mitigées sur le rôle de la programmation numérique dans l’avancement des pratiques artistiques. De plus, une proportion importante des répondants a indiqué que le passage au numérique ne convenait PAS à leurs besoins (28% des organismes et 36% des particuliers).

2. Les organismes sont relativement optimistes, compte tenu des circonstances, tandis que les artistes et les travailleurs culturels sont incertains quant à leur avenir dans les arts.

  • Les répondants sont beaucoup plus optimistes quant à la capacité de leur propre organisation à se remettre des effets de COVID-19 (67%) qu’ils ne le sont quant à la capacité de l’industrie dans son ensemble à s’en remettre (42%). Il s’agit là d’un signe positif.
  • Toutefois, les répondants individuels s’attendent à ce que la reprise s’étire sur une période de 18 mois et pas moins du tiers d’entre eux sont incertains quant à leur avenir dans le secteur culturel.

3. La perception du soutien gouvernemental tout au long de la pandémie est généralement positive.

  • La perception des programmes gouvernementaux d’aide d’urgence était en général assez positive.
  • Neuf personnes sur dix avaient reçu la prestation canadienne d’urgence et la même proportion d’organisations avait reçu la subvention salariale d’urgence du Canada.
  • Environ la moitié des répondants ont offert des commentaires quant aux lacunes des programmes de soutien, par exemple l’admissibilité et la clarté des critères ou la nécessité d’un financement plus important.

4. Les niveaux de stress et d’anxiété très élevés suggèrent que l’impact de la pandémie n’est pas seulement économique.

  • Plus du tiers des particuliers et des organismes ont déclaré avoir des niveaux d’anxiété très élevés ou élevés (76% et 79% respectivement).
  • Ce chiffre est trois fois supérieur aux niveaux d’anxiété autodéclarés avant la COVID-19 (26% et 25% respectivement).
  • Plus de trois fois plus de particuliers et d’organismes signalent avoir des niveaux de stress et d’anxiété très élevés ou élevés aujourd’hui (79%) qu’avant la COVID-19 (25%).

> Pour en apprendre plus sur l’ENRSC et consulter les rapports, veuillez visiter https://oc.ca/fr/enquete-nationale-repercussions-secteur-culturel/.

Mise à jour du 15 juin 2021:
> Consulter les données portant spécifiquement sur la danse contenues au rapport sur les organismes en danse et le rapport sur les personnes.

Une nouvelle agente aux communications au RQD

Motivée pour apporter soutien et visibilité au milieu de la danse, Sandrine Pantalacci a rejoint début janvier le service des communications du Regroupement québécois de la danse.

Elle prêtera main forte à la directrice des communications dans la production des bulletins, la veille d’informations et l’alimentation du site Web, tout en assurant la mise en œuvre de la campagne d’adhésion et la gestion des médias sociaux. Après avoir travaillé six ans en ressources humaines dans le secteur de la santé, son intérêt pour la culture et les communications l’a menée à travailler en communication pour la Société de développement commercial (SDC) Promenade Fleury, à exercer sa plume en tant que rédactrice Web et plus récemment à collaborer avec CINARS en tant qu’agente aux communications. Bienvenue Sandrine!

Et on en profite pour souhaiter un bon congé maternité à notre chère collègue, Camille Pilawa!

Des chorégraphes saluent Chi Long

Marie Chouinard, Virginie Brunelle, Isabelle Van Grimde et Mélanie Demers ont côtoyé sur scène et en studio Chi Long, lauréate du Prix Interprète 2020. Ces chorégraphes lui rendent aujourd’hui hommage à travers une série de témoignages poétiques et sensibles.

Pour Chi

«Une soie
Une force de la nature

Une pieuvre
Un cheval
Un aigle
Une enfant
Le souffle d’un ange

Comment glisse-t-elle d’un monde à l’autre?
Était-elle vraiment ici?
Elle a tout bouleversé et
La tête légèrement inclinée
Elle revient nous saluer
En rigolant

Un amour pour toujours »

Marie Chouinard


«Chi Long, petit dragon au grand cœur. Curieuse et soucieuse de transposer avec justesse les intentions artistiques d’un créateur, tu accueilles sans jugement toutes les nouvelles idées ou propositions parfois farfelues et je t’aime pour ça! Tu es une femme et une artiste inspirante. Si tu le veux bien, je te garde précieusement près de moi!»

Virginie Brunelle


«Chi incarne ce qui m’attache à la danse. Malgré une retenue, une économie de mouvement remarquable, elle fait jaillir l’intelligence, la grâce et l’humanité en une spirale infinie… Merci, Chi, de prêter ton grand talent et ta maturité à notre travail.»

Isabelle Van Grimde


«Je la connais depuis 25 ans. Et elle demeure une énigme à résoudre. Elle vit du côté des mystères. C’est pour ça qu’il faut la deviner. Ses secrets sont offerts comme de graves confessions. Étrangement, tout d’elle paraît un procédé de dissimulation. Depuis toutes ces années, il y a quelque chose en elle que je n’ai pas encore découvert. Elle est terre sauvage. Territoire encore à prendre. Elle a ce don-là. Nourrir le désir. On ne se lasse pas. Comme si le fauve en elle ne se domestiquait jamais.

Dans Animal Triste, elle est femme, femelle, Femen, féminine, féministe. Elle est la fleur et le dard en même temps. Puissante. Envoûtante. Auto-suffisante. Sa présence nous aspire et parfois nous étouffe aussi. Elle est délestée de tout fardeau. C’est pour ça qu’elle nous échappe.»

Mélanie Demers

 

Lire aussi:

> Chi Long, lauréate du Prix de la danse de Montréal, catégorie INTERPRÈTE
> Allocutions vibrantes aux Prix de la danse de Montréal 2020
> Lauréats des Prix de la danse de Montréal 2020
 

Allocutions vibrantes aux Prix de la danse de Montréal 2020

La remise des Prix de la danse de Montréal est un moment marquant de l’année où des artistes et travailleurs en danse portent des paroles vibrantes et percutantes sur l’art chorégraphique et les réalités du métier. Extraits choisis d’allocutions prononcées le lundi 9 novembre 2020.

 

Rhodnie Désir
Lauréate du GRAND PRIX de la danse de Montréal et du Prix ENVOL, pour la diversité culturelle et les pratiques inclusives en danse

 © Kevin Calixte

«J’en ai dessiné des portes par où passer. Et je suis tellement, mais tellement fière que cette porte s’ouvre aujourd’hui dans ma carrière […]. Aujourd’hui et par ce prix, je vous avoue que je peux enfin appuyer ma tête sur le tronc de l’arbre pour regarder les fruits pousser avant de reprendre mon chemin. Je dois aussi vous avouer que ce spectacle [Bow’t Trail], si je me fie à tout ce qui est arrivé pendant sa création – que ce soit au nombre de fois où j’ai failli y laisser ma peau à l’international, ou à tous ces NON conjugués aux peu de OUI -, si ce n’était de toutes ces incroyables équipes de créatrices/teurs qui m’ont entourée, ce spectacle et ce parcours n’auraient jamais dû avoir lieu.

Aujourd’hui, je me réjouis d’avoir été têtue jusqu’au bout, pour tous ces artistes qui portent les cultures ancestrales et la défendent comme contemporaine. J’entends que vous accueillez le Bow’t Trail et la somme des langages africains et afrodescendants et ça me fait tellement chaud au cœur.»

«Quand on m’a annoncé le prix, j’ai entendu un son sourd et lourd dans mes oreilles. Le bruit de tous ces plafonds de verres qui se sont cassés en même temps m’a un instant rendue sourde.»


Linda Rabin
Lauréate du Prix CONTRIBUTION EXCEPTIONNELLE

 © Tony Chong

«Depuis plus de 50 ans, l’enseignement est au cœur de ma pratique. Ce qui m’a propulsée tout au long de ma carrière est une quête personnelle pour comprendre la vie par le mouvement. […]

De plus en plus, j’ai été attirée vers le mouvement dans le mouvement, à un niveau microcosmique du corps, et qui va au-delà de l’expression individuelle. J’ai profondément saisi que notre connexion avec la nature, cette planète et l’univers étaient accessibles à travers nos tissus corporels. De ce lieu de savoir émergeait la danse. Si ma quête a commencé par un désir de connaître la vie à travers le mouvement, j’en suis venue à comprendre que la vie EST le mouvement.»

«En ces temps incertains, on ne sait pas comment la danse prendra forme de l’autre côté de la COVID. Je suis pleine d’espoir, car nous sommes le mouvement et, en tant que tels, nous créons et sommes créés par cette véritable danse de la vie.»


7Starr
Lauréat du Prix DÉCOUVERTE

«Aujourd’hui, vivre de mon art est un exploit, mais jouir de celui-ci dans la conviction et l’intégrité est la chose la plus gratifiante qui soit. […]

Je profite de ce moment pour saluer les membres de la communauté Krump canadienne et mondiale. Mon identité en tant qu’artiste s’est forgée à travers nos interactions. Des battles, en passant par nos sessions, nos échanges d’idées ou même nos querelles; ces expériences continues sont le souffle de ma démarche artistique. Mon émancipation à travers la fraternité, l’interaction humaine et la liberté d’expression a été possible grâce à vous, chers Krumpers. Dans un milieu où tout semble graviter autour de la notion de l’intersectionnalité, vous m’amenez du répit.»

«Nos moments partagés me donnent l’espoir qu’il est possible de chérir nos différences et de les apprécier à travers un langage commun tout en adhérant à nos choix personnels, plutôt que de nourrir la division.»


Caroline Laurin-Beaucage
Lauréate du Prix du CALQ pour la meilleure œuvre chorégraphique, pour son spectacle Intérieurs

 © Caroline Désilets

«Entre souffle et disparition
Je suis dedans
Dans les coulisses de l’âme
Dans le jardin secret, l’arrière-pensée, le repli
Entre l’enfant et l’adulte
Je retourne au bercail… à l’intérieur

«Porter une écriture qui parle au féminin fut une lancée nécessaire vers des zones épineuses et sensibles.»


Chi Long
Lauréate du Prix INTERPRÈTE

 

 © Alex Tran

«Je crois que le travail d’interprète est une profession d’une grande humanité. Je dirais que c’est une profession noble. Noble parce qu’on travaille avec la sueur du corps. Noble parce qu’on travaille avec la sueur de l’esprit. Ce qu’on révèle sur scène parle de la présence de l’âme. […] Je danse par amour, par besoin, par passion. Je danse pour rester enfant et adulte en même temps. Je danse pour me connecter à l’infiniment petit et l’infiniment grand. Je danse avec l’espoir de créer une connexion.»

«Surtout maintenant qu’on est privé de vous, je vous remercie, chers publics, amoureux de la danse, qui assistez aux spectacles, qui donnez raison à notre existence. Sans vous, il n’y aura pas de nous.»


Alexandra ‘Spicey’ Landé
Présidente d’honneur de la cérémonie de remise des Prix de la danse de Montréal 2020

«J’ai eu peine à trouver les mots ces derniers jours considérant les conditions dans lesquelles nous continuons d’exister et de créer. Nous vivons présentement dans une grande précarité. Je ne vous cache rien: le milieu de la danse est déjà très fragile. Comment continuer à avancer, créer, imaginer, rêver dans ce climat de peur et d’incertitude? Qu’est-ce qui nous attend au bout de l’arc-en-ciel? #çavabienaller […]

La situation dans laquelle nous nous trouvons demande, selon moi, énormément d’espérance, mais plus particulièrement, d’avoir une grande croyance en l’avenir, aux possibilités futures qui s’offrent à nous, à notre capacité de se réinventer, et une ouverture à l’autre sans compromis. L’espérance est une posture, voire même une attitude face à la vie.»

«Aujourd’hui, je vous invite à espérer avec moi. Espérer pour un avenir qui tient compte de nos pulsions créatives, notre bien-être physique et mental, un soutien efficient pour les artistes dans le besoin. Mais surtout, je nous souhaite une communauté qui se tient debout et qui s’entraide dans l’ouverture et l’inclusion.»

Lire aussi:

> Chi Long, lauréate du Prix de la danse de Montréal, catégorie INTERPRÈTE
> Des chorégraphes saluent Chi Long
> Lauréats des Prix de la danse de Montréal 2020 / Une cérémonie historique et émouvante

Le comité Mieux investir le territoire québécois prend le pouls auprès des professionnels de la danse

Dans la continuité des activités de concertation du RQD visant l’élaboration d’un plan de relance pour la danse professionnelle, le comité Mieux investir le territoire québécois* a rencontré une trentaine d’artistes et de travailleurs culturels** en danse, le 25 septembre 2020, pour réfléchir collectivement aux besoins à combler et aux actions à mettre en oeuvre pour accroître la présence et le rayonnement de la danse sur l’ensemble du territoire québécois dans un contexte où les tournées internationales sont extrêmement limitées.

Tenir compte de toutes les réalités territoriales

La polarité Montréal/régions est ressortie d’emblée des discussions. Certains participants ont rappelé que la danse est présente partout au Québec et pas seulement dans les grands centres urbains. D’autres ont parlé de «montréalocentrisme» — un terme qui n’a pas fait l’unanimité —, soulignant  la place prépondérante généralement donnée aux artistes ou aux «façons de faire» de la métropole. Le nom même du comité «Investir le territoire» a été remis en question, en ce qu’il pourrait donner l’impression que le territoire n’est pas développé et qu’il faudrait une intervention extérieure pour ce faire. Un intervenant a défendu que les grands centres sont importants pour la formation et l’émulation et que Montréal est un moteur ayant permis à des générations d’artistes d’évoluer. L’idée a émergé de rebaptiser ce comité «Mieux habiter le territoire québécois» et les discussions se sont recentrées sur les moyens d’accroître et de consolider la présence de la danse à travers le Québec.

Pour favoriser le développement territorial, on a notamment encouragé une réciprocité dans la diffusion, pour que les œuvres d’artistes installés en région puissent aussi être vues dans les grands centres urbains. On a aussi mentionné l’importance des échanges via des plateformes numériques, comme les activités de réseautage virtuelles de La DSR, qui ont notamment permis de mettre en contact des acteurs de différentes régions et de maintenir les opportunités de dialogue avec les diffuseurs pluridisciplinaires et avec les artistes de partout au Québec.

 

Quelle place pour la danse au Québec?

Sans dresser un portrait de situation exhaustif, plusieurs éléments ont été nommés pour donner à mieux saisir la place qu’occupe la danse sur le territoire. On a rappelé qu’il existe des pôles où la danse est particulièrement active, Sherbrooke et Québec par exemple. On a cité des réseaux très actifs qui soutiennent la diffusion, comme La danse sur les routes du Québec (DSR), Réseau des Organisateurs du Spectacle de l’Est du Québec (ROSEQ) ou encore RIDEAU.

Si la danse professionnelle a développé des réseaux de diffusion en région, les artistes professionnels semblent encore peu nombreux à s’y être établis. La pratique amateur y est pourtant bien développée et s’avère parfois un important levier pour développer les publics de la danse. Au chapitre des a priori, des participants ont également appelé à cesser d’imaginer que le public en région est plus réfractaire ou «frileux» face à l’art chorégraphique, affirmant qu’il est prêt, au contraire, à recevoir des propositions plus «excentriques». Sur la question des publics, un participant s’est par ailleurs dit curieux de comparer le taux de fréquentation des spectacles au nombre d’habitants. De fait, un spectacle joué à Rouyn-Noranda (qui rassemble autour de 42 000 habitants) devant une vingtaine de personnes ne devrait-il pas être considéré comme un succès?

On s’est questionné sur la possibilité de mieux documenter la présence de la danse au Québec et on a rappelé l’existence de la Cartographie de la danse au Canada, créée par le Conseil des arts du Canada, puis actualisée par l’Assemblée canadienne de la danse. On a aussi parlé de la richesse des informations recensées dans le Rapport annuel de La DSR, qui identifie notamment le nombre de spectacles, de représentations, de spectateurs en danse, en plus de souligner les bons coups de diffuseurs sur l’ensemble du territoire.

 

Quelles relations développer entre artistes et diffuseurs?

Le besoin de resserrer les liens entre artistes et diffuseurs, qui se faisait déjà sentir avant la pandémie, apparaît d’autant plus crucial aujourd’hui que le confinement a imposé l’annulation ou le report de nombreux spectacles, mais aussi de rencontres et d’événements de réseautage.

Une représentante d’un diffuseur pluridisciplinaire s’est étonnée de l’absence de ses pairs, tout en soulignant le manque généralisé de temps et de ressources pour participer à des rencontres comme celle-ci, malgré le bon vouloir de certains. La période actuelle est d’autant plus surchargée que les besoins et les demandes des artistes sont grandissants. Hélas, les ressources des diffuseurs ne sont pas suffisantes pour les satisfaire. Elle appelle cependant à travailler selon des principes de confiance et de respect mutuels: la confiance des artistes envers les diffuseurs qui ont développé et établi des relations avec des institutions et des publics locaux et, d’autre part, le respect des diffuseurs envers les artistes qui ne souhaiteraient pas animer des ateliers pour aller à la rencontre du public, par exemple.

La rencontre entre artistes et diffuseurs peut également se faire à travers des rendez-vous comme le FTA, le OFFTA, CINARS, RIDEAU, Parcours Danse, etc. Le fait est que la collaboration entre artistes et diffuseurs demande temps et patience pour se développer.

Une participante a invité à mettre en valeur les bons coups et les échanges réussis entre artistes et diffuseurs. La DSR a mentionné qu’elle y travaillait déjà et le RQD, qu’il envisageait de mettre en valeur des initiatives régionales inspirantes.

 

Quel rôle le numérique peut-il jouer dans le développement territorial?

Si le numérique peut être un outil intéressant de diffusion et offrir une portée nouvelle à des projets artistiques, il offre aux spectateurs une expérience bien limitée par rapport au spectacle vivant. Une participante rappelle que ce mode de diffusion appliqué à la danse existait déjà avant la pandémie et qu’il est possible qu’il s’impose encore pour longtemps. Elle invite à identifier clairement en quoi le numérique joue déjà un rôle dans le développement territorial pour voir ce qui peut être renforcé, développé ou adapté aux besoins spécifiques de la danse.

Les outils numériques peuvent aussi contribuer à maintenir des relations professionnelles sur l’ensemble du territoire et à l’international. Plusieurs participantes ont ainsi nommé des expériences positives que le numérique a offertes en période de confinement. Malgré certaines difficultés logistiques, les outils numériques ont notamment permis d’élargir l’accès à des entraînements, des classes de maîtres ou de nouveaux types de résidences, parfois plus difficilement accessibles en région. Le numérique aurait-il un rôle à jouer pour renforcer les liens entre les professionnels de Montréal et ceux des régions? Et, plus largement, entre le Québec, les autres provinces canadiennes et l’international? Cependant, pour développer ces opportunités, il faudra du temps, des ressources humaines et financières et se rappeler que l’accès à Internet n’est pas le même d’une région à l’autre. Ces défis techniques peuvent représenter un obstacle de taille et contrevenir aux efforts d’accessibilité.

 

En période de pandémie, le déploiement territorial québécois apparaît d’autant plus important que la danse ne peut (presque) plus circuler à l’international. Cette rencontre de milieu entre artistes et travailleurs culturels a permis d’identifier une série d’enjeux à prendre en considération et de rappeler l’importance de travailler de pair avec les acteurs locaux. Le RQD remercie chaleureusement les membres du comité Mieux investir le territoire québécois et les participants à la rencontre qui ont généreusement contribué à nourrir ces réflexions. Une synthèse des travaux de concertation sera publiée dans les prochaines semaines.

____________

* Le comité est composé de: Antoine Turmine, Audrée Juteau, Francine Bernier, Lük Fleury, Pierre-David Rodrigue, Sarah Bronsard, Sylvain Émard et Sébastien Provencher. Il a tenu quatre séances de travail de deux heures avant la rencontre avec le milieu.

** On comptait environ 33% d’artistes, 25% de diffuseurs, 23% de représentants de compagnies, 10% de représentants d’organismes de services et 10% de non-membres.

 

 

 

Soutien du CALQ à la diffusion de spectacles annulés en zone rouge

Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) gèrera 37,5M$ des 50M$ annoncés par le gouvernement Legault pour compenser les pertes de billetterie sur l’ensemble du territoire québécois entre le 1er octobre 2020 et le 31 mars 2021. Le RQD vous résume les modalités, critères d’admissibilité et mode de calcul de cette nouvelle mesure.

Les bénéficiaires de cette mesure sont les diffuseurs pluridisciplinaires et spécialisés, les organismes de création et de production qui autodiffusent leurs oeuvres et les événements nationaux et internationaux. Le programme permet de recevoir une compensation pour les pertes de revenus de spectacles annulés, principalement dans les régions en zone rouge; il prévoit aussi un soutien à la diffusion pour les spectacles qui continuent d’être présentés dans les autres régions.

La compensation pour des annulations en raison des directives de la santé publique sera de 75% de l’écart entre les revenus de billetterie d’une année normale et les revenus de la période visée par la mesure, et ce, jusqu’à concurrence de 75 000$ par représentation.

Le montant sera calculé de la façon suivante:
Nombre moyen de billets vendus par représentation dans une année de référence
– (moins) Nombre de billets permis en contexte de distanciation
x (fois) Prix moyen du billet dans l’année de référence (ou celui de la saison en cours s’il est plus bas)
x (fois) 75%

Les versements des montants devraient être effectués en trois phases:
(Date limite pour déposer une demande: 16 novembre à 10h)

  • 50% à la signature de l’entente (en décembre)
  • 35% à la remise d’une reddition de comptes préliminaire (début 2021)
  • 15% à la reddition de comptes finale, où sera exigée une preuve que les équipes artistiques ont bien été payées.

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Le comité Collaboration, coopération et mutualisation expose le résultat de ses travaux aux professionnels de la danse

Dans la continuité des activités de concertation du RQD visant l’élaboration d’un plan de relance pour la danse professionnelle, le comité Collaboration, coopération & mutualisation a présenté l’avancement de ses travaux à la communauté de la danse le 10 septembre 2020. Une soixantaine d’artistes et de travailleurs culturels* ont répondu présent et ont nourri les réflexions de leurs idées et commentaires.

C’est au terme de six séances de travail de deux heures que le comité Collaboration, coopération & mutualisation** a présenté publiquement ses réflexions sur les devenirs artistiques de la chaîne danse. Deux axes ont principalement été creusés: la notion de relance inclusive et la place des arts chorégraphiques dans l’espace numérique.

 

Assurer une relance pour tous

D’entrée de jeu, le comité du RQD s’est prononcé en faveur d’une relance inclusive, qui devra prendre en considération la diversité de genres, cultures, ethnicités, pratiques de danse, régions du Québec, langues, modèles d’affaires, etc.

L’un des premiers éléments ressortant des discussions avec les participants à la rencontre a été les difficultés d’accès à l’information. Opportunités, résidences, appels de projets… Il semble que les informations utiles à la reprise des activités circulent assez difficilement, et ce, peut-être en raison de l’abondance de l’information (autant sur la danse que sur une multitude de sujets) et du foisonnement des canaux de communication.

On prône parallèlement la nécessité de créer de nouveaux espaces et de nouveaux modes de communication. S’il n’est pas évident de choisir la forme ou la plateforme à adopter, on s’entend sur la nature de ces espaces: permettre de partager, dialoguer et s’informer. Dans l’esprit, on aimerait recréer des occasions d’échange comme si on se retrouvait à un spectacle ou dans un studio.

L’accessibilité aux studios préoccupe plusieurs participants qui craignent la fermeture permanente de certains de ces précieux espaces de travail et de création. On souligne leur importance dans l’écosystème de la danse. Les fermetures temporaires imposées par le confinement ont de fortes conséquences financières sur les studios, en plus des dépenses supplémentaires qu’imposent les mesures sanitaires lorsqu’ils ouvrent leurs portes aux professionnels. Pour contrer le problème, certains studios ont revu leur modèle d’affaire en impliquant leurs locataires dans le nettoyage des locaux en contrepartie d’une baisse des frais de location. Au-delà des enjeux financiers, on s’inquiète aussi de la réduction des plages de disponibilité des studios, considérant les nettoyages plus rigoureux et plus fréquents exigés par les mesures sanitaires.

Dans une perspective plus large, la question du statut de l’artiste et du filet social a été soulevée. Certains ont rappelé l’existence de modèles étrangers, comme le régime de l’intermittence en France. Il a par ailleurs été rappelé que les travaux du gouvernement provincial sur la révision des lois sur le statut de l’artiste, qui avançaient à bon train l’hiver dernier, ont été suspendus avec la pandémie. Le sujet du revenu de base garanti a également été abordé. Des associations comme Revenu de base Québec militent en sa faveur. Avec la Prestation canadienne d’urgence (PCU), plusieurs secteurs, dont celui des arts, ont pu percevoir les avantages d’un tel système.***

 

La place des arts chorégraphiques dans l’espace numérique

La question du numérique s’impose dans le contexte actuel et soulève les passions. Alors que certains le voient comme une opportunité, d’autres le voient comme une menace à l’essence même des arts vivants. Le gouvernement québécois a décidé d’investir massivement dans cette voie et, bien que cela crée de nouvelles opportunités, le milieu se questionne sur son utilité à court terme comme solution temporaire en période de confinement et se demande comment il s’imposera sur le long terme. De plus, il semble que les participants ne se sentent pas assez outillés ou ne détiennent pas assez de connaissances pour créer ou adapter des contenus aux médias numériques. Sans compter les questions légales et financières entourant la diffusion numérique, qui apparaît donc comme un enjeu majeur.

Malgré les divergences d’opinions sur le sujet, il semble se dégager certains consensus: les espaces numériques apparaissent palliatifs dans la situation actuelle, les oeuvres chorégraphiques ne peuvent être transposées directement dans l’espace numérique sans un processus de création spécifique ou une adaptation du contenu, et il faut accroître la littératie numérique des professionnels de la danse pour que ce type de création/diffusion puisse leur apparaître comme un terrain de jeu intéressant.

La maîtrise de la littératie numérique a beau ressortir comme une nécessité pour une meilleure intégration des outils numériques dans les pratiques, une forme de résistance semble en ralentir l’acquisition. Bien que le RQD ait une ressource dédiée (l’agente de développement culturel numérique) et qu’il ait déjà proposé des ateliers sur le sujet, plusieurs professionnels refusent que les artistes ou les compagnies de création aient à devenir des experts de la question numérique et défendent qu’il serait plus intéressant de travailler de pair avec des experts en la matière. On appelle cependant à continuer à démystifier le numérique, mieux définir comment l’exploiter en danse et comment le rendre profitable dans le milieu, autant financièrement qu’artistiquement.

L’idée d’une diffusion hybride, présentielle et numérique, semble aussi faire son chemin. Elle permettrait de tirer profit des aspects bénéfiques des deux types de diffusion. Cependant, elle impliquerait des coûts plus importants pour assurer la même qualité artistique dans les deux volets.

On s’interroge par ailleurs sur les enjeux légaux et financiers de la diffusion sur le Web. Comment, par exemple, y rémunérer les droits de suite? Il est impossible de simplement transposer les contrats de diffusion en salle à la sphère numérique. On constate un manque de connaissances, d’outils et de références sur la diffusion Web et la propriété intellectuelle. Les outils légaux et les références se développent, mais il n’y a pas encore de normes clairement établies. Cela suscite des inquiétudes concernant la responsabilité de divers intervenants (artistes, interprètes, producteurs, diffuseurs), la répartition des coûts et des bénéfices, le droit à l’image, etc. Bien qu’un spectacle hybride semble offrir de nouvelles opportunités, cette forme de diffusion soulève bien des questions et présente des enjeux de taille auxquels il faudra réfléchir.

 

Présentielle ou virtuelle, la relance des activités artistiques s’accompagne d’enjeux aussi importants que complexes. Et si cette rencontre publique a pu nourrir les travaux du comité et apporter de l’eau au moulin pour définir des pistes d’actions concrètes pour l’avenir artistique des arts chorégraphiques, force est de reconnaître que la réflexion sera à inscrire sur le long terme.

 

* On comptait environ 42% d’artistes individuels, 16% de diffuseurs, 20% de représentants de compagnies et 22% de non-membres.

** Le comité est composé de: Andrea Peña Albarracin, Rachel Billet, Matéo Chauchat, Francine Gagné, Alexandra ‘Spicey’ Landé, Katya Montaignac, Dorian Nuskind-Oder, Simon Renaud, Gerard Reyes, Aude Watier et Angélique Wilkie.

*** Il est à noter que, depuis cette rencontre, le gouvernement canadien a mis sur pied la Prestation canadienne de la relance économique, permettant une plus grande admissibilité que l’assurance-emploi, et qu’il prévoit continuer à travailler à la révision des prestations de sécurité sociale afin d’offrir une plus grande protection des travailleurs, notamment des  travailleurs autonomes.

Le comité Relations de travail expose le résultat de ses travaux aux professionnels de la danse

Dans la continuité des activités de concertation du RQD visant l’élaboration d’un plan de relance pour la danse professionnelle, le comité Relations de travail a présenté l’avancement de ses travaux à la communauté de la danse le 23 septembre 2020. Une trentaine d’artistes et de travailleurs culturels* ont répondu présent et ont nourri les réflexions de leurs idées et commentaires.

Résumé des travaux du comité

C’est au terme de cinq séances de travail de deux heures que le comité Relations de travail** a présenté publiquement ses réflexions sur les besoins à combler et les actions à mettre en œuvre pour améliorer les relations de travail et assurer une saine relance des activités en danse dans le contexte de pandémie.

Le comité a identifié six principaux enjeux liés à la relance des activités en danse:

  • Assurer la santé et la sécurité de tous en sensibilisant l’ensemble des professionnels à l’importance de respecter les mesures sanitaires.
  • Développer des façons de favoriser un meilleur dialogue dans les relations de pouvoir (employeur/employé, contractant/contractuel, diffuseur/artiste, etc.)
  • Outiller les interprètes et les chorégraphes à l’intégration de clauses contractuelles spécifiques (par exemple, en cas d’annulation de spectacles, en cas de maladie liée à la COVID-19 ou autre).
  • Assurer la remise en forme des danseurs pour préserver leur employabilité et minimiser leurs risques de blessure.
  • Continuer d’œuvrer à l’inclusion.

Pour répondre à ces enjeux, le comité a également proposé une liste d’outils collectifs:

  • L’élaboration d’un arbre décisionnel offrant une marche à suivre claire dans diverses situations. Utile, par exemple, en cas d’apparition de symptômes de COVID-19 dans une équipe artistique.
  • L’actualisation de la trousse contractuelle du RQD pour y ajouter des éléments en lien avec la pandémie.
  • La création d’un outil permettant de partager les bonnes pratiques en matière de relations de travail en contexte de création in situ.
  • La promotion d’outils existants. On cite notamment un code d’éthique en danse (présentement en rédaction par un groupe indépendant formé de membres du Healthy Dancer Canada, Safe in Dance International, IAMDS-International Association of Dance Medecine and Science et One Dance UK) et plusieurs ressources du RQD: la trousse Favoriser l’inclusion et l’équité dans le milieu de la danse, la trousse Prévenir le harcèlement et autres violences et un article proposant 5 tactiques pour survivre au conflit.

Le comité a par ailleurs présenté sa Feuille de route, document synthèse de ses travaux.

 

Synthèse des discussions

À la suite de cette présentation, les participants ont été invités à poser leurs questions, identifier les enjeux éventuellement omis et proposer de nouvelles pistes de solutions. S’est ouverte une période d’échanges féconds dont voici les grandes lignes.

Entraînement et santé-sécurité
La conversation s’est rapidement orientée vers des problématiques pré-pandémie, telle que l’insuffisance de mesures de santé-sécurité dans les studios de création. Certains déplorent une préparation physique souvent lacunaire avant d’entamer une production et sentent que la responsabilité incombe majoritairement au danseur, dont on attend qu’il soit prêt à « toute éventualité » en termes d’exigences chorégraphiques. Comme piste de solution, il a été proposé de demander aux employeurs de prévoir dans leurs échéanciers et budget de production une période d’entraînement spécifique à leur travail chorégraphique et supervisé par un kinésiologue. On a appelé à plus de prévention afin d’éviter d’avoir à gérer des blessures et un participant a rappelé, d’un même élan, que les interprètes membres du RQD peuvent bénéficier d’un soutien à l’entraînement. Il a ainsi été proposé de mieux répartir la responsabilité de l’entraînement entre l’employé – qui peut recevoir un soutien financier pour son entraînement personnel et le maintien de sa forme physique – et l’employeur, en l’encourageant à proposer un entraînement spécifique à une création ou à une représentation.

Il a été rappelé que la périodisation de l’entraînement, déjà plus ou moins prévisible avant la pandémie, ne l’était plus du tout dans la situation actuelle, car les calendriers sont décalés, morcelés et sujets à changements. La prise de conscience que les danseurs ne pourront pas tous entretenir le même niveau d’entraînement renforce l’importance de la responsabilité partagée entre danseur et  producteur.

S’entendre en amont sur les termes d’une collaboration artistique
Plusieurs personnes ont insisté sur la nécessité de mieux communiquer en amont d’un projet et de normaliser, voire de systématiser la conversation au démarrage d’un projet artistique, avant même la signature du contrat de travail. L’objectif est de clarifier les termes d’une collaboration en discutant, dès l’amorce d’un projet, du fonctionnement global de l’équipe et des processus créatifs, de la charge de travail, de la répartition des responsabilités, des possibles obstacles, etc. Un appel à plus d’organisation dans les échanges professionnels, sans entraver la spontanéité de la recherche créative, mais pour établir une compréhension commune des processus, des objectifs et faciliter la communication entre tous les intervenants.

Transparence et responsabilité en cas de contamination
Autre élément important souligné lors de la discussion: la question de la transparence et de la responsabilité des individus de s’informer sur les mesures sanitaires en vigueur et de se déclarer en cas de contamination. Un participant rappelait qu’il relève de la responsabilité citoyenne de ne pas contaminer d’autres gens en respectant les mesures évolutives de la santé publique. La précarité financière des artistes pourrait-elle en amener à cacher des symptômes pour continuer à travailler? Pour contrer cette éventualité et assurer la santé-sécurité de l’ensemble des équipes, quelqu’un suggère d’évaluer la possibilité d’ajouter aux contrats une clause stipulant que l’interprète sera payé même s’il doit s’absenter en cas de symptômes de COVID-19.

Inclusion
Également, après l’intervention du membre du comité Paco Ziel, qui a abordé la question de l’inclusion à travers son histoire personnelle, une participante s’est inquiétée, en fin de discussion, que cet enjeu n’ait pas été assez creusé. Elle a invité les professionnels de la danse à réfléchir aux façons d’ajouter l’inclusion dans toutes les strates de la pratique.

 

En somme, les participants ont validé les enjeux identifiés par le comité Relations de travail et ont pu proposer de nouvelles pistes de réflexion et de solution. Le besoin de partager des informations et des outils a clairement été exprimé. Une dernière séance de travail est prévue par le comité pour actualiser ses travaux à la lumière de ces nouveaux apports. Par la suite, le RQD fera la synthèse des travaux de chacun des comités de concertation, puis amorcera la rédaction d’un plan de relance pour le secteur de la danse. À surveiller.

 

* On comptait environ 63% d’artistes, 3% de diffuseurs, 7% de représentants d’organismes de service, 5% de représentants de compagnies et 3% de non-membres.

** Le comité est composé de: Marilyn Daoust, Caroline Gravel, George Krump, Philippe Meunier, Axelle Munezero, Nicolas Patry, Ola Pilatowski, David Rancourt, Georges-Nicolas Tremblay, Jamie Wright et Paco Ziel.