Deuil et contraintes. Ces mots lourds de sens prennent de plus en plus d’importance avec la pandémie qui entre dans sa deuxième année. Cela fait maintenant 350 jours que l’on est plongé dans un état d’abandon de projets et d’expériences avortées. Le deuil quotidien nous laisse à peine le temps de passer par toutes ces phases: la colère, le déni, l’acceptation. Les contraintes s’accumulent dès que l’on sort de chez soi, autant pour danser que pour aller à l’épicerie. Nos corps sont meurtris par un immobilisme latent qui perdure. Et une virtualité faussement conviviale ajoute au portrait une fatigue généralisée. On voudrait que tout soit moins compliqué pour continuer de faire ce qu’on aime et ce qui nous anime. Et pourtant! Nous en témoignons chaque jour: notre milieu a cette rage de vivre qui carbure vers l’avenir. Un avenir qu’on peut avoir de la peine à imaginer, mais qui vaut toujours la peine. Et ce temps nouveau, il nous faut le bâtir.
On veut sortir de cette crise pandémique en ayant changé les choses. D’une certaine manière, la gestion du changement devient une tâche quotidienne pour le milieu de la danse. Individus, organismes, institutions, chacun a un rôle à jouer pour dénouer les enjeux qui nous touchent collectivement: la répartition de la richesse, la préservation de l’écosystème de la danse, l’éthique des relations professionnelles, l’inclusion, la diversité des pratiques, la précarité, l’écoresponsabilité… La multiplicité des points de vue est nécessaire en ce qu’elle oblige à jeter ses ornières par-dessus bord et à entrer dans une danse à l’horizon ouvert.
Il y a un avant et un après la pandémie. Mais il y a aussi un pendant la pandémie. Les studios continuent à nous accueillir, les scènes offrent des espaces de résidence, certains entrainements et enseignements se poursuivent. Le numérique s’impose dans cette pratique qui nous est chère pour maintenir le lien avec nos publics, entre autres. Il est une option «en attendant» pour certains, une nouvelle voie d’avenir pour d’autres. Cherchons l’équilibre pour accepter ces différentes approches dans cette ère numérique, en même temps que nous traçons notre propre chemin.
On entre dans une nouvelle époque qui appelle à rebâtir des fondations plus solides et cimentées par l’équité, la justice et la bienveillance. De nouvelles briques sont dorénavant à sélectionner, agencer, superposer pour permettre de prendre le temps de laisser émerger la création et d’échafauder de nouvelles manières de présenter la danse. L’artiste doit prendre la place qui lui revient au cœur des différentes agoras publiques. Affirmer la présence et le rôle de la danse sur notre territoire québécois est un geste politique fort, nécessaire pour tous ces corps qui veulent communier, se rassembler, émouvoir. Les pouvoirs publics doivent prendre acte du rôle primordial des artistes, vecteurs de lucidités et d’expressions au sein de la société.
Danser, c’est vivre un peu plus, un peu autre. Danser, c’est être un peu plus avec soi, un peu plus avec l’autre. Continuons à nous soutenir dans notre rage de vivre à travers cet art du mouvement si vital.
Du mouvement vital et communicatif de la danse aux voix essentielles d’artistes noir·e·s du Québec, en passant par les archives passionnantes des cabarets montréalais, célébrez le Mois de l’histoire des Noirs en puisant dans cette sélection de vidéos!
Nos ressources s’épuisent. Là où la permaculture propose de prendre soin de la terre, prendre soin de l’humain et partager équitablement, n’y aurait-il pas une source d’inspiration pour les milieux des arts et de la culture? Comment les principes de la permaculture pourraient-ils nous permettre de réfléchir autrement le milieu des arts et contribuer à préserver notre écosystème?
Principes fondamentaux de la permaculture
Trois fondements éthiques forment le socle de la conception permaculturelle: prendre soin de la terre, prendre soin de l’humain et partager équitablement. Ils sont ensuite appliqués selon une douzaine de principes permaculturels, ou outil conceptuels, qui «permettent de réinventer notre environnement et notre comportement de façon créative dans un monde de descente énergétique et de ressources en déclin.»[1]
Selon la définition générale et qui change légèrement selon les approches, «la permaculture forme des individus à une éthique ainsi qu’à un ensemble de principes. L’objectif étant de permettre à ces individus de concevoir leur propre environnement, et ainsi de créer des habitats humains plus autonomes, durables et résilients, en s’inspirant des fonctionnements naturels dans le milieu où le « design » se construit. L’idée est d’atteindre une société moins dépendante des systèmes industriels de production et de distribution (identifiés par Bill Mollison comme le fondement de la destruction systématique des écosystèmes).»[2]
Cela fait un certain temps que je réfléchis aux potentiels parallèles entre le milieu artistique et les principes, les outils et les techniques proposées par la permaculture. Comment ces principes pourraient-ils nous permettre de réfléchir autrement le milieu des arts et contribuer à préserver notre écosystème?
Commençons par la base de toutes choses: les ressources en énergie. Quelles sont-elles? On pourrait s’entendre que notre pratique repose sur nos ressources en temps, énergie et argent. Comme elles sont à la base de toutes nos structures, nous pouvons les comparer avec l’eau, le soleil et le vent, qui sont les trois ressources fondamentales pour que la vie puisse apparaître sur notre planète.
Nous pourrions aussi envisager que les structures institutionnelles sont l’équivalent de la terre dans laquelle tout pousse, que les organismes/artistes sont les organismes vivants, que les projets sont les récoltes et que les impacts post-présentation, accomplissements et retombées sont l’équivalent des résidus. Il nous faudrait réfléchir ensuite à notre manière de comprendre quels sont les «résidus», avant de trouver une manière de les gérer (sous forme de quelconque recyclage, compost, etc.). Les publics, de leur côté, seraient l’équivalent des citoyens.nes consommateurs.trices nourris et entretenus par les projets offerts par les artistes.
Essayons de donner forme à ces hypothèses par un exemple concret.
Trois artistes (organisme) en danse investissent du temps, de l’énergie et de l’argent (eau, soleil, vent) pour développer une idée de projet. Le temps et l’énergie fluctueront tout au long de la durée du projet, selon les horaires et l’énergie des artistes. L’argent, lui, dépendra du soutien des structures existantes (subventionneurs, diffuseurs, etc.). Il se peut qu’il n’y ait aucun soutien. Si aucun fonds n’est trouvé, il faudra compenser avec plus de temps et d’énergie (débrouillardise) pour que le projet se réalise. Il leur faudra ensuite trouver le bon lieu, une institution qui les soutiendra idéalement monétairement et en espace (un espace cultivable/la terre). Ainsi, l’organisme pourra, après un parcours plus ou moins chaotique et éprouvant, réaliser son projet (récolte). Des citoyen.nes (consommateurs.trices) viendront voir le projet et en résulteront de multiples impacts (résidus):
Des déchets organiques (les programmes papier, les costumes, les accessoires, les décors, etc.)
Un impact socioaffectif
Des recettes en argent (qui seront partagées et réinvesties, selon l’entente, entre les artistes et l’institution d’accueil)
Une croissance des compétences humaines (on repart avec une plus grande expérience qui nous servira pour les projets futurs : précision de la démarche artistique, enrichissement des points de vues, meilleure gestion du temps, de l’énergie et de l’argent, etc.).
Maintenant que le projet (récolte) est réalisé, que se passe-t-il? Quel serait l’élément qui permettrait de compléter le cycle et de recommencer sans avoir à investir de nouveau, en partant de zéro, une grande quantité d’énergie, de temps et d’argent? L’éphémérité des arts vivants apporte une certaine quantité de défis, à la différence du cinéma, de la littérature et du jeu vidéo, par exemple, où le support physique permet une plus grande pérennité des œuvres.
Malgré les ressemblances frappantes entre la permaculture et les arts vivants, je constate qu’il n’est pas possible de tout réinvestir dans notre terre/nos structures sans éviter un épuisement rapide des ressources. À la fin du cycle de création-production-diffusion, il semble y avoir une zone grise — voire un trou noir, pour les pigistes qui ne bénéficient pas de filet social en période d’arrêt — entre l’aboutissement d’un projet et le début d’un autre, que ce soit chez les artistes (qui peut parfois faire office de période saine de jachère), chez les diffuseurs (la période estivale où tout le monde est en congé) ou encore avec les Conseils des arts (les nouvelles périodes de subventions, le renouvellement des politiques culturelles). Dans quelle proportion ces résidus/retombées peuvent-elles être réinvestis ? Comment faire pour mieux gérer les résidus/retombées qu’un tel cycle implique?
Certes, nous pouvons décider de réduire nos résidus organiques (moins de programmes papier, plus d’objets recyclés dans nos œuvres, compositions parfois plus sobres, etc.). De la même manière que les fruits et légumes nourrissent les êtres humains, l’impact socioaffectif des arts vivants enrichit l’esprit et renforce le tissu social. De leur côté, les artistes, tout comme les agriculteurs.trices, voient apparaître un accroissement de leurs compétences, les rendant plus efficaces et habiles dans leur métier au fur et à mesure que s’accumulent les expériences.
Les recettes en argent, elles, sont insuffisantes pour soutenir une pratique entière à elles seules. En général, les recettes de billetterie ne dépassent que rarement les 20% du budget total d’un diffuseur[3]. Pour être autosuffisant, il faudrait que chaque spectacle reçoive des milliers de spectateurs·trices à un prix bien plus élevé qu’actuellement. C’est pourquoi les arts sont subventionnés au même titre que l’agriculture, le tourisme… bref, tous les secteurs économiques.
Sortir les artistes de la dynamique extractiviste
Dans le secteur artistique, la quantité et la fréquence des spectacles programmés prend le dessus sur la qualité de ceux-ci en faisant fi des impacts négatifs que cette logique extractiviste a sur les artistes (et d’où surgit cet état d’épuisement, comme avec les monocultures). C’est exactement le résultat auquel nous faisons face avec les ressources de notre planète. Elles s’épuisent parce que nos politiques ne priorisent pas une gestion durable de nos ressources au profit de l’économie de marché et des monocultures. Le résultat est le même dans notre milieu souffrant du statu quo, des cases toujours plus étroites répondant à des besoins économiques décidés par des politiques qui ne connaissent que très peu le fonctionnement complexe de l’art, l’enlisement dans des démarches administratives et la mauvaise gestion de nos ressources humaines, matérielles et monétaires. Dans le contexte actuel, je me sens plus proche du Far West et de la ruée vers l’or que des utopies altermondialistes.
Laissez-moi ici terminer cette section avec le discours que je ne cesse de marteler auprès de mes collègues, et ce, depuis des années : les artistes sont l’organe central du milieu. Sans artistes, pas d’œuvres, pas d’art ni de représentations, pas de public et pas d’argent. Pourtant, c’est ce même organe essentiel que l’on retrouve en bas de l’échelle de pouvoir et de prises de décision. Je ne suis ni historien de l’art ni sociologue, mon objectif n’est pas de retracer les origines de cette aberration organisationnelle, mais plutôt de réfléchir à d’autres modèles que celui qui est actuellement dominant. C’est notre responsabilité en tant qu’artistes de questionner le fonctionnement de notre milieu.
Repenser notre écosystème pour un développement durable
Quelles sont nos pistes de solutions? De quelle pratique notre milieu se rapprocherait le plus : la monoculture ou la permaculture? L’extractivisme ou la construction de systèmes durables?
Comment sont réellement distribuées les ressources? Là où l’eau, le soleil et le vent appartiennent à tout le monde (l’énergie et le temps), il n’en est pas de même pour l’argent. Contrairement au soleil ou à la pluie, l’argent n’est pas distribué de manière égale. Certain·e·s reçoivent parfois dix fois plus de subventions parce que leur structure surdéveloppée est énergivore et gourmande en ressources (ou parce qu’elle est plus ancienne). Dans l’aménagement de l’espace en permaculture, on ne plantera pas un saule pleureur en plein milieu d’un champ, car ce sont des arbres qui vident les nappes phréatiques. C’est pourquoi on les retrouve souvent en bord de rivière. En permaculture, les principes de base veulent que l’on crée des écosystèmes durables et autonomes. En art, malgré notre bonne volonté, notre milieu n’est ni durable ni autonome. Plus on se rapproche du bas de la chaîne (les artistes), plus nous sommes dépendant·e·s des décisions venant du haut, ce qui nous rend plus vulnérables et précaires. Nous avons également moins accès aux ressources (argent), car les fonds ne sont pas partagés équitablement. Les artistes n’ont pas de salaires fixes qui leur assurent un certain confort, dans un cas où ielles ne reçoivent pas leur subvention à projet (puisque celles au fonctionnement sont rendues tout simplement inaccessibles).
Un des problèmes serait-il la saturation de notre espace en fonction de nos ressources monétaires? Serait-ce parce que nous avons laissé trop de saules pleureurs grandir au milieu de nos champs désorganisés qu’il est beaucoup plus difficile aujourd’hui d’évoluer dans un écosystème artistique diversifié, durable et équitable? Certes, les saules sont majestueux et abritent une grande variété d’oiseaux et d’insectes (de la même manière que certaines grandes institutions soutiennent quelques artistes). Mais vers quelles solutions possibles la permaculture pourrait-elle nous mener? Faudrait-il couper les saules pour laisser de l’eau aux récoltes, même si les saules sont plus anciens? Les amoureux de la nature répondront que c’est un sacrilège de couper un arbre. Mais les permaculteurs·trices objecteront que si cette réorganisation de l’espace et des ressources est faite de manière réfléchie, et véritablement équitable, peut-être que nous n’aurons pas à les couper. Peut-être que nous pourrons les garder, ou mieux, les déplacer en bord de rivière. Ainsi, il sera plus facile de redistribuer de l’eau et laisser le soleil nourrir les plants de légumes qui tentent tant bien que mal de pousser. Mais pour que tout cela ait lieu, il faut que, sur papier d’abord, soit créé un vrai plan de réorganisation des ressources. Ce n’est pas en protégeant aveuglément tous les saules que nous arriverons à obtenir une vraie biodiversité, celle qui manque grandement à notre écosystème et dont nous profiterions tous.tes plus. Au contraire, de cette gestion des ressources d’une autre époque résulte une homogénéité appauvrissante qui empêche les plus jeunes pousses de grandir et s’épanouir . Et la situation empire d’une année à l’autre, il semblerait. J’ai commencé à œuvrer professionnellement il y a 9 ans et j’ai l’impression d’avoir eu bien plus d’opportunités que ceux et celles qui entrent aujourd’hui dans le métier. Que dire de ceux et celles qui arriveront dans 10 ans?
Il nous faut accepter, tôt ou tard, que c’est parce que nous avons des structures très coûteuses à entretenir que nous ne sommes pas incité·e·s à prendre le risque de faire pousser de nouvelles espèces (parce que les fonds sont insuffisants et mal gérés), sinon au détriment de ceux.celles qui cultivent la terre: c’est-à-dire les artistes qui doivent répondre à des logiques extractivistes et monoculturelles pour espérer survivre. C’est de là que surgit le travail invisible, prenant la forme de centaines d’heures de travail annuel, non rémunérées, uniquement pour avoir le droit d’exercer sa pratique.
C’est pourquoi je nous invite tous·tes à imaginer des plans qui permettraient à plus de variétés de structures d’exister, et se rappeler que la réorganisation des ressources n’a rien de scandaleux — c’est d’ailleurs même notre seul espoir de survie. C’est ce que tous·tes les permaculteurs·trices souhaitent pour notre société: un environnement durable, diversifié et équitable dans tous les domaines. Pourquoi ne pas le faire pour notre milieu? Mais pour que cela puisse arriver, il nous faut créer les bonnes conditions et proposer un changement de paradigmes radical.
Soyons audacieux·euses. Nous sommes en retard sur notre temps. Peut-être devrions-nous réfléchir à la possibilité de déclencher de nouveaux États généraux des arts vivants pour réfléchir collectivement à tous ces enjeux. Nous sommes des dizaines de milliers à vivre dans cet écosystème et la majorité d’entre nous arrive tout juste à survivre. Relevons-nous les manches et plongeons les mains dans la terre, si nous voulons que notre milieu soit encore habitable dans vingt ans.
C’est avec une profonde tristesse que la communauté de la danse du Québec a appris le décès du chorégraphe-interprète Pierre-Paul Savoie, le 31 janvier 2021. Le directeur artistique de la compagnie PPS Danse était très engagé dans sa communauté: président du Regroupement québécois de la danse entre 1999 et 2004, il s’est aussi fort impliqué dans l’élaboration du Plan directeur de la danse professionnelle au Québec 2011-2021 et travaillait encore récemment à la structuration d’un réseau international pour la danse jeune public. Pour saluer sa mémoire, des artistes et proches collaborateurs rendent aujourd’hui un hommage vibrant à l’artiste et à son apport inestimable pour le développement de la danse au Québec.
«Cher Pierre-Paul, je me souviens de la première rencontre de production pour Corps Amour anarchie / Léo Ferré. Chez toi, dans ton jardin, en plein beau mois de juillet. J’ai vite compris à qui j’avais affaire: un artiste d’une grande humanité, un homme humble et sensible, qui rassemble des artistes autour d’un projet original. Je me suis tout de suite sentie invitée à partager mes pensées et mes idées. Tu savais comment mettre tout le monde à l’aise, et on se sentait important. Que de joie!
Tu as dansé et chanté avec ma fille un soir de répétition. Ton cœur d’enfant l’a charmée instantanément. Vous étiez si beaux dans la chorégraphie qui traversait la scène; le petit corps de Maela dans tes bras, en totale confiance, elle s’abandonnait dans un porté tiré du spectacle. Merci pour ce moment inoubliable!
Ta contribution, inestimable. Ta grandeur d’âme, unique. Ta passion, palpable. Ta créativité, inépuisable. Tu as tant donné. Tu as tant partagé. Tu m’as touchée, et je ne t’oublierai jamais.»
«The loss of the prolific creative force that was Pierre-Paul Savoie is simply devastating. Not only for his artistic talent as a choreographer / director, but also as a teacher, lecturer and leader in promoting dance to anyone who would listen. He was a true ambassador to the art form, from young to the elderly, from the small studios and theatres to the large stages that we all know.
Pierre-Paul was a great friend, a beautiful artist so full of humanity for all who came into contact. He was an amazing collaborator. We somehow found ourselves entangled together in this life where we were able to create some wonderful moments, some memorable performances, some of his beautiful children as he would like to say. He was my brother in some crazy adventures. Ours was a big love affair of the heart for the soul.
Pierre-Paul, you led by example, inspired by passion and loved every challenge along the way. True to your nature you never complained and you worked right until the end. Since you passed, there’s been an outpouring of emotions of your loss. Take comfort in this legacy, for the love you left behind, will be everlasting. Reste en paix mon ami.»
«J’ai eu la chance de collaborer avec Pierre-Paul pendant une dizaine d’années. Grâce à lui, j’ai fait partie de deux familles de création chez PPS Danse avec qui j’ai vécu des moments formidables. Avec Pierre-Paul, on travaillait fort, car lui, il travaillait sans cesse. Il fallait le suivre! Il avait toujours plein d’idées qui l’allumaient et il était toujours positif. Cela nous donnait envie de créer et nous amenait à nous surpasser. Bien sûr, il nous a parfois fait rager, mais il nous a surtout fait rire! D’ailleurs, une des choses que je préférais en studio était de le faire rire avec mes propositions de jeu. Cela me rendait si heureuse!
Pierre-Paul a été un précieux mentor, un collaborateur inoubliable et un ami bienveillant. Ses œuvres auxquelles j’ai participé m’habitent encore, dans mon corps comme dans mon imaginaire, et je chéris leurs empreintes qui témoignent du passage de Pierre-Paul sur mon chemin. Merci PP, merci mille fois! Ce fut un privilège de partager ton univers.»
«Salut Pierre-Paul. Partons du commencement. Notre tout début, c’est une représentation de Bagne au Théâtre du cuivre de Rouyn-Noranda (en 1997, je crois). Je venais de rencontrer ton œuvre. Quelques années plus tard, c’est dans les assemblées du RQD que nous avons appris à nous connaître. Je me souviens d’une journée où nous avions passé de longues minutes à nous tenir la main. C’était tout naturel que nous soyons près l’un de l’autre. Puis, c’est lors de la célébration du 20e anniversaire de PPS Danse que nous avons scellé une première collaboration. En un peu plus de 10 ans, nos liens ont continué d’évoluer: je sentais ta confiance, ton support et ton envie de me découvrir comme artiste. À tes côtés, j’ai été initié à la création jeunesse et nous avons parcouru le Québec…
Même si nous étions plus près que jamais auparavant, tu es resté discret avec la maladie. Était-ce de la pudeur, une manière de préserver notre relation dite professionnelle? J’ai été renversé par ton envie de transmettre et de léguer. Comme j’ai été touché par ta passion, ta volonté et ta générosité. En même temps, j’étais préoccupé. Comment accepter que, pour toi, le travail passait avant tout, ou presque. C’était grandiose et tragique à la fois. Est-ce ça, l’adage The Show Must Go On?
Pierre-Paul, mon collègue et mon ami, j’aimerais savoir que tu pars en paix. Conscient et heureux de la richesse de l’œuvre que tu laisses. Le cœur léger de savoir que nous voyons et reconnaissons les traces que tu as faites pour nous. Il faut laisser du temps au temps. J’espère que tu as eu celui que tu voulais. Ton souvenir est et restera précieux, une perle.»
David Rancourt, interprète et co-directeur artistique de PPS Danse
«Je connaissais Pierre-Paul depuis plus de trente-cinq ans. Nos cheminements artistiques se sont faits en parallèle et en croisements. Ainsi, à nos débuts, comme plusieurs collègues, nous avons glorieusement partagé le titre de chorégraphe de la relève, mais également celui d’interprète à la Fondation Jean-Pierre Perreault. En 1989, sans se consulter, mais en phase avec l’air de notre temps, nous avons fondé nos compagnies respectives. Si nos démarches ont toujours eu leurs chemins propres, sans préméditation nous nous sommes régulièrement retrouvés: lorsque nous avons développé une orientation jeune public avec nos compagnies au tournant des années 2000, dans quelques batailles partagées au sein du RQD ou, encore, dans ses œuvres chorales comme Danse Lhasa Danse et Corps Amour anarchie / Léo Ferré.
Au fil du temps, Pierre-Paul est devenu un ami. Son départ me fait réaliser que j’ai peu d’amis chorégraphes. Leur rareté me les rend d’autant plus précieux. À la fin de l’automne, il m’a offert d’acheter sa bicyclette chérie, sa rossinante que je chevauche depuis en pensant toujours un peu à lui. Comme promis, j’en prends bien soin.
À la fois chorégraphe, interprète, artiste, pédagogue et communicateur, il a contribué au développement de la danse et de son public. Incapable de se limiter à une seule chose, il menait toujours plusieurs projets de front et cela, même dans la maladie. Il y avait tant de force dans ce corps fragile. Travailleur infatigable à l’optimisme contagieux, il était habité par un esprit vif, un humour acéré jouant sur tous les registres et surtout capable d’autodérision, une arme redoutable! Pierre-Paul aimait les gens, sa famille, ses voisins, ses collègues, ses spectateurs mais, par-dessus tout, il avait un amour sans mesure pour la danse.»
«Lorsque Pierre-Paul entrait dans un studio ou un théâtre, il illuminait la pièce. Sa présence réconfortait les âmes et son « Eh mon dieu », bien projeté, nous accrochait tous un sourire au visage à chaque fois. Il amenait avec lui sa bonté, sa rigueur, son imagination, ses exigences, sa générosité, son sens de l’humour, son cœur d’enfant, sa sensibilité et son écoute.
On se souviendra de lui, pour l’amour qu’il portait aux humains, petits et grands, l’amour de l’art, le partage de ce qui l’animait, sa soif de créativité, le besoin qu’il avait de tisser des liens avec et entre les personnes, l’amour de la vie… Il célébrait la vie.
Pierre-Paul, merci pour ton immense apport à la communauté de la danse et pour tes œuvres poétiques, touchantes, remplies d’humanité. Tu étais pour moi un ami, un mentor, un collaborateur, un chorégraphe, un artiste au grand cœur et un être passionné. Merci pour tous ces moments précieux que nous avons partagés ensemble, pour les discussions qui resteront gravées dans ma mémoire, pour les fous rires, merci pour ce que tu m’as appris sur la vie. On va continuer de danser ensemble, peu importe où tu es…»
«Cher Pierre-Paul, je t’ai connu sur les planches de Tangente dans Duodénum, présenté en 1987. Tu formais un duo incroyable avec ton complice des premières heures Jeff Hall. J’ai un vif souvenir de ta forte présence sur scène et de ta belle voix chantée. Notre amitié s’est soudée au fil du temps. J’ai été témoin de ton engagement exceptionnel dans notre communauté, de ta vision unique, de ton immense force de travail et de ta grande humanité. Depuis 10 ans, notre amour commun pour la danse et les petits spectateurs nous a liés solidement.
Deux jours avant ton départ, j’ai eu l’immense privilège de passer un peu de temps seule avec toi. En entrant dans ta chambre, tu m’as souri avec toute la force qu’il te restait. Je me suis assise à tes côtés dans ton lit. Tu ne parlais plus. Je t’ai dit je t’aime et tu as chuchoté, moi aussi. J’ai ajouté spontanément qu’on se mordrait les doigts de ne pas t’avoir octroyé l’Ordre du Canada ou le Prix du Québec. Je t’ai fait la promesse de veiller à ta mémoire. Tu as encore souri. Je suis sortie de la chambre en battant des ailes avec légèreté et en t’invitant à t’envoler. Tu m’as souri une dernière fois.»
Chorégraphe-interprète et metteur en scène, Pierre-Paul était le cœur de PPS Danse, la compagnie qu’il a créée en 1989 et à laquelle il s’est consacré jusqu’à la toute fin. Artiste polyvalent, Pierre-Paul Savoie a œuvré pour la scène, le cinéma et la télévision, collaborant souvent avec de grandes institutions théâtrales, musicales et circassiennes. Sa carrière a été jalonnée de plusieurs prix, soulignant notamment sa contribution au développement et à la diffusion de la danse au Québec. Très engagé dans son milieu, Pierre-Paul travaillait jusque récemment à la structuration d’un réseau international pour la danse jeune public (Young Dance Network).
Formé à la danse à l’Université Concordia, il compose avec Jeff Hall un duo inclassable pendant une quinzaine d’années. Bagne, qu’ils ont créé ensemble, demeure une œuvre du répertoire québécois inscrite dans les mémoires et dans l’histoire. De multiples collaborations marquantes cimentent différents cycles de production, avec Luc Plamondon, Claude Poissant, Michel Lemieux et Victor Pilon, entre autres.
Pierre-Paul Savoie a dirigé l’ensemble des productions inscrites au répertoire de la compagnie, dont les plus récentes qui s’inscrivent résolument sous le signe de la collaboration et de la rencontre, mots qui lui étaient chers. Initié de manière encore intuitive en 2007 avec Diasporama, il caractérise par la suite de manière plus organique le concept d’œuvre chorale offrant une pluralité de voix à un thème donné, particulièrement avec Danse Lhasa Danse et Corps Amour anarchie / Léo Ferré.
Pierre-Paul Savoie s’est engagé pleinement à la défense, à la promotion et aux conditions de pratique du milieu de la danse, notamment au sein du Regroupement québécois de la danse (RQD) où il occupe la présidence entre 1999 et 2004. Son engagement à la diffusion de la danse est salué en 2004 par le Prix Attitude décerné par le ROSEQ (Réseau de diffuseurs de l’Est du Québec), alors qu’en 2008 le prix Hommage RIDEAU lui est attribué pour sa contribution au développement de la danse au Québec.
En parallèle de son travail de chorégraphe, Pierre-Paul accordait une grande importance à l’action culturelle qu’il plaçait au cœur du processus de création de ses œuvres et des rencontres avec un public-participant. Son engagement en ce sens est souligné en 2015 alors qu’il se voit remettre le Prix de l’action culturelle de la ville de Montréal.
Au fil de sa carrière, Pierre-Paul Savoie a su concrétiser son désir de contribuer à l’éveil des nouvelles générations en inscrivant des œuvres jeune public au répertoire de PPS Danse. La liberté qu’il y a trouvée ne s’est accommodée d’aucun compromis envers ce public exigeant. Les enfants ont été pour lui une réelle source d’inspiration.
Le gouvernement Legault annonçait le 2 février quelques assouplissements du confinement en vigueur depuis plusieurs mois.
Six régions, se trouvant désormais en zone orange (Abitibi-Témiscamingue, Bas-Saint-Laurent, Côte-Nord, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Nord-du-Québec et Saguenay-Lac-Saint-Jean), pourront procéder à la reprise de certaines activités à compter du 8 février, dont :
Réouverture des restaurants
Réouverture des gyms et des centres sportifs
Réouverture des cinémas et des salles de spectacles (le 26 février)
Rassemblements extérieurs permis jusqu’à huit personnes
Couvre-feu décalé de 21h30 à 5h
À noter que le télétravail reste impératif partout au Québec
Les musées et les bibliothèques peuvent désormais ouvrir leurs portes au public sur tout le territoire, sans distinction de zone.
Pour les autres régions demeurant en zone rouge, les règles de confinement et du couvre-feu sont inchangées, notamment en ce qui concerne la fermeture des salles de spectacles. Le gouvernement et la santé publique réévalueront la situation le 22 février, date à laquelle le premier ministre pourrait annoncer de nouvelles mesures d’assouplissement si la situation sanitaire se stabilise.
Précisions importantes du ministère de la Culture et des Communications
Voici les précisions apportées aujourd’hui par le MCC lors d’une rencontre avec les associations disciplinaires à laquelle a participé le RQD.
Salles de spectacles en zone orange
Les règles du guide de la CNESST restent applicables et les jauges permises sont inchangées.
Les spectateurs doivent porter un masque de procédure pendant toute la durée de la représentation.
Les horaires des représentations doivent être modifiés pour que les spectateurs puissent être rentrés chez eux à 21h30.
La vente de billets par paire doit idéalement être faite à des personnes d’une même bulle familiale, mais aucune vérification n’est exigée des diffuseurs sur ce point.
La billetterie en ligne reste le seul mode de vente possible jusqu’à nouvel ordre.
Les captations avec public sont permises dans le respect des mesures sanitaires.
Loisirs culturels et activités parascolaires en zone orange
Les activités parascolaires demeurent suspendues.
Les écoles de danse ne peuvent ouvrir que pour des activités intérieures individuelles (dyade enseignant/élève) ou en famille. Des assouplissements pourraient être apportés à la fin février selon l’évolution de la situation sanitaire (degré de propagation des variants de la COVID-19 et de vaccination de la population).
Déplacements interrégionaux
Toujours déconseillés, les déplacements régionaux restent possibles pour des activités professionnelles.
Tout visiteur d’une zone orange demeure soumis aux directives en vigueur dans sa zone d’origine. Exemple: un artiste, enseignant ou un travailleur culturel basé en zone rouge s’interdira de fréquenter un restaurant en zone orange où il est venu travailler.
On limitera le plus possible le nombre de personnes dans une voiture, on aérera le plus possible et on conservera un couvre-visage ou un masque pendant toute la durée du transport.
Le RQD figure parmi la soixantaine d’organismes du Comité sectoriel Arts de la scène/Diffusion du ministère de la Culture et des Communications (MCC) convoqués à une rencontre d’une heure le 26 janvier dernier pour parler du contexte sanitaire, de la relance économique du Québec et des enjeux propres à chacun des secteurs disciplinaires.
Reconnaissant que le secteur des arts pâtissait particulièrement gravement des impacts de la pandémie, la ministre Roy a remercié les participants de la contribution du secteur à combattre la propagation du virus par le respect strict des mesures sanitaires et a salué sa «résilience incroyable». Elle a insisté sur ses actions auprès du gouvernement afin d’obtenir les fonds nécessaires à la relance, soulignant que le budget de la culture du 10 mars 2020 était pérennisé pour les prochaines années. Elle a assuré qu’elle disposait d’une bonne écoute de la part du premier ministre, mais n’a donné aucune garantie sur la reconduction des sommes allouées en 2020 pour la relance.
La directrice générale du RQD, Fabienne Cabado, a brossé un portrait rapide de la situation actuelle en danse dans lequel elle a notamment souligné les enjeux artistiques, techniques, économiques et légaux de la diffusion numérique et les réflexions en cours sur les modifications systémiques nécessaires pour assurer le développement durable du secteur de la danse et y favoriser l’inclusion.
Les recommandations du RQD ont visé:
1. Le gouvernement du Québec
– Dialoguer avec le gouvernement fédéral pour le prolongement de l’aide aux salaires et de la PCRE jusqu’à la fin de l’année et pour l’instauration d’un revenu de base pour les travailleurs autonomes en arts et en culture.
– Renoncer à prélever l’impôt sur la PCU et la PCRE afin d’éviter d’accentuer la pauvreté des clientèles du secteur culturel (artistes et travailleurs autonomes) et de reconnaître le travail invisible effectué durant la pandémie.
– Autoriser le remboursement de 100% de la TVQ pour les organismes artistiques et culturels (actuellement 50% pour une majorité d’entre eux).
– Autoriser la vente des billets de spectacles sans taxes ou l’application d’un taux réduit, dans la perspective de créer des nouveaux modèles d’affaires et ne plus être assujettis à la vente de billets.
– Accompagner la transition de carrière, la reconversion ou l’adaptation des modèles d’affaires des artistes travailleurs autonomes pour leur assurer une stabilité financière.
2. Le MCC
– Créer un Fonds numérique pour permettre à la danse d’assurer le virage numérique et la création d’œuvres pour la diffusion web.
– Assurer la mise en place d’une mesure pour compenser l’ensemble des pertes de revenus autonomes et pas seulement les pertes de revenus de billetterie.
Créer des programmes spécifiques pour la présentation d’œuvres chorégraphiques (et des arts vivants) adaptées pour une représentation dans les hôpitaux, les CHSLD, les résidences pour aînés, les centres d’accueil pour itinérants, les centres de femmes battues, etc., et ce, sur l’ensemble du territoire. Ces programmes pourraient être financés avec d’autres partenaires ministériels et seraient réservés aux artistes indépendants et aux compagnies sans lieu.
– Mettre en place un parrainage entre un artiste et une classe dans toutes les écoles primaires et secondaires durant une période de l’année scolaire. Faire en sorte que chaque classe collaborera avec un artiste de 3 ou 4 disciplines artistiques durant l’année scolaire.
– Procéder à la revalorisation financière du programme de bourses du CALQ afin de répondre à 50% des demandes présentées.
– Réviser les critères d’excellence et mener une réflexion au CALQ pour réduire la compétitivité dans l’accès au financement.
– Tenir compte de la précarité extrême du secteur de la danse dans la révision des lois sur le statut de l’artiste.
Malgré le confinement et le couvre-feu en vigueur du 9 janvier au 8 février 2021, les activités artistiques professionnelles peuvent se poursuivre, toujours dans le respect des mesures sanitaires. Pendant cette période, les services de police font plus de vérification afin d’assurer une bonne application des mesures et restrictions en cours. Il est donc fortement conseillé de prévoir vos activités professionnelles en dehors des heures du couvre-feu, soit entre 5h et 20h, en prenant en considération le temps nécessaire pour le retour à la maison. Il est néanmoins possible que des policiers interviennent aussi en dehors du couvre-feu. Le RQD s’est enquis de la marche à suivre en cas d’intervention policière et l’a validée auprès du ministère de la Culture et des Communications (MCC). Informations et recommandations à lire.
Nous vous conseillons de suivre la démarche suivante afin de pouvoir informer les policiers de votre secteur que la nature de vos activités est d’ordre professionnelle et conforme aux restrictions en vigueur :
Contacter votre poste de police de quartier ou service régional pour les informer de vos activités.
Si on vous demande des précisions, ces postes peuvent contacter leur unité hiérarchique respective. Par exemple, dans le cas de Montréal, le Centre de coordination des mesures d’urgence de la Ville de Montréal, section de l’antiterrorisme et des mesures d’urgence du SPVM.
Si toutefois des policiers interviennent, nous vous conseillons de collaborer et de suivre leurs instructions. Nous comprenons que ces interventions peuvent créer un chamboulement dans vos activités et de la frustration, mais nous vous invitons à faire preuve de calme et de patience.
Le MCC travaille présentement à informer les services de police des activités permises selon le décret en cours, mais ce travail prend du temps. Il est important de se rappeler que nous faisons face à une situation exceptionnelle et complexe. Par voie de courriel au RQD, le MCC a confirmé que «La prérogative demeure bien entendu celle des autorités policières. Nous avons validé l’approche que vous présentez de contacter les autorités policières du quartier.Cela pourra permettre une meilleure compréhension de part et d’autre. Par contre, (…) il faudra s’assurer de clarifier les étapes subséquentes avec les responsables du poste de quartier.»
Le RQD, le MCC, les directions régionales de la santé publique ou les services de police n’émettront pas d’attestation pouvant prouver que la nature de vos activités est d’ordre professionnelle.
Rappelons finalement que le respect du couvre-feu et des directives sanitaires est une clé essentielle pour la continuité des activités professionnelles. Ainsi, en cas d’interception en période de couvre-feu, la preuve de l’absolue nécessité de la présence de professionnels sur un lieu de travail devra pouvoir être démontrée.
Face aux restrictions et mesures gouvernementales entraînant la fermeture des lieux culturels, le milieu des arts de la scène a dû faire preuve de créativité et de réactivité. La webdiffusion est alors apparue comme une piste de solution numérique permettant aux acteurs du milieu de la danse de diffuser des œuvres et de garder le lien avec les publics. Cette offre, bien que complémentaire, entraîne son lot de répercussions et vient bousculer les méthodes de diffusion, mais aussi les processus de création chorégraphique, tout en soulevant des enjeux de propriété intellectuelle. Une réflexion à laquelle Diagramme et Danse-Cité ont consacré la luncherie «L’émergence de la webdiffusion dans les arts de la scène» en décembre dernier. Retour sur cette table ronde.
Revoir le processus de création chorégraphique pour la webdiffusion
À travers le récit de leurs expériences avec leurs spectacles respectifs Verso et Papillon, tous deux diffusés sur le web, les panélistes Audrey Bergeron et Helen Simard ont soulevé un ensemble de questions incontournables à se poser avant de se lancer dans la webdiffusion.
Créer une œuvre chorégraphique dans la perspective d’une webdiffusion repose sur la fusion de deux univers: celui de la danse et celui de la réalisation audiovisuelle. De nombreux aspects techniques tels que le son et l’éclairage scénique prennent une toute nouvelle ampleur.
«Il y a une balance d’intensité, une négociation entre ce que l’on veut garder de l’éclairage de scène et ce que l’on va éclairer pour la caméra. Cela a demandé de revoir tout le travail de collaboration avec les différents concepteurs» a souligné Audrey Bergeron.
Corps et caméra agissent donc comme deux langages qui doivent apprendre à s’apprivoiser et à dialoguer ensemble. Au-delà de l’aspect technique, s’entourer de la vision artistique d’un réalisateur ou d’une réalisatrice, comme l’a fait Helen Simard avec Frédéric Baune (coréalisateur de l’œuvre), est apparu primordial à la chorégraphe.
L’angle de la caméra, les plans séquences, tout cela relève d’un art où il faut aussi tenir compte des besoins des danseurs et de leur sécurité. Créer une proximité entre le danseur et la caméra implique de réfléchir autrement ses choix chorégraphiques. La captation vidéo génère également une logistique supplémentaire à laquelle il faut penser (techniciens, caméras, lumières, connexion Internet, montage, etc.).
Et la propriété intellectuelle dans tout ça?
Dans le cadre de la création d’une œuvre chorégraphique diffusée en streaming, il faut prendre en considération les droits de propriété intellectuelle inhérents à l’œuvre chorégraphique (droits d’auteurs) et les droits inhérents à l’œuvre audiovisuelle. Francis Perreault, avocat et titulaire d’une maîtrise en administration des affaires (MBA), souligne l’importance de rédiger des ententes en y apposant l’essentiel. Pour cela, il préconise de se poser une série de questions en amont des processus de création:
«Il faut remonter à la source de l’œuvre. D’où vient l’œuvre chorégraphique? Qui compose l’œuvre? Qui sont les interprètes, le chorégraphe?»
Le cadre d’utilisation est aussi à formaliser.
«S’agit-il d’une cession de droit ou d’une licence? En cédant ses droits, on les vend et l’auteur n’est plus propriétaire. Lorsqu’il octroie une licence, là, il demeure propriétaire de son œuvre» précise Francis Perreault.
Se lancer dans un projet de webdiffusion en danse est indéniablement un défi et les questions à se poser en amont du projet sont nombreuses. Le maillage entre les secteurs de la danse, de l’audiovisuel et du numérique crée cependant de nouvelles opportunités de collaboration. Sans négliger la possibilité d’atteindre de nouveaux publics grâce à la diffusion en ligne. Chose certaine, la conciliation entre la caméra et la danse se travaille avec patience, persévérance et ouverture.
Quelques ressources pour aller plus loin
L’agente de développement culturel numérique du RQD a recensé pour vous quelques articles et références utiles sur la webdiffusion.
Si vous envisagez de diffuser vos oeuvres sur le web
Microsite Penser l’après-crise: au printemps dernier, le groupe Penser l’après-crise: groupe de réflexion sur la webdiffusion a rassemblé des ressources comprenant notamment un inventaire (liste de plateformes de webdiffusion et revue de presse dédiée au sujet) et les enregistrements vidéos de 3 rencontres sur les enjeux de la webdiffusion dans le secteur artistique et culturel.
Deux organismes de référence auxquels poser vos questions
Ressource sur les droits d’auteur (définition des droits d’auteur, de la propriété intellectuelle et présentation des différents types de droits) – L’Artère
Alexandra ‘Spicey’ Landé et Valérie Lessard se sont généreusement proposées pour faire partie du comité exécutif du Regroupement québécois de la danse! Elles ont ainsi été respectivement nommées vice-présidente et secrétaire du conseil d’administration. Elles apporteront leur regard neuf sur la gestion, la gouvernance et les affaires corporatives de l’association, aux côtés d’administrateurs aguerris: les coprésidents Jamie Wright (présidente) et Lük Fleury (vice-président), ainsi que Fannie Bellefeuille (trésorière).
La crise de la COVID-19 a précipité de nombreux secteurs dans l’univers complexe des technologies numériques. Les milieux de la danse et de la formation n’y ont pas échappé. Cependant, enseigner ou suivre une classe de danse à domicile par le biais d’un écran comporte de nombreux défis. Voilà pourquoi le Regroupement québécois de la danse (RQD) a conçu le Guide pour des classes de danse virtuelles sécuritaires, un outil de référence pour les enseignants et les participants.
À qui s’adresse-t-il?
Conçu pour les enseignants et participants de cours de danse virtuels à domicile, cet outil liste un ensemble de recommandations visant à assurer un cadre sécuritaire et convivial à l’entraînement.
Pourquoi l’avoir conçu?
En classe virtuelle, la rencontre entre l’élève et l’enseignant ne se fait plus dans le lieu neutre et adapté du studio. La maison change de fonction pour devenir l’espace de pratique. De plus, à ce jour, la CNESST ne couvre pas les participants de ces entraînements à domicile en cas de blessure. La santé et la sécurité étant un enjeu de prime importance pour le RQD, la production d’un tel outil est vite apparue nécessaire.
Grâce à ce guide, le RQD souhaite avant tout faciliter le travail de tous les professionnels de la danse qui, depuis le début de la pandémie, font leur possible pour maintenir leur pratique et leur art au plus haut niveau.
Un outil collaboratif avant tout
Ce guide n’aurait pas vu le jour sans la précieuse collaboration d’interprètes et enseignants en danse qui ont nourri ses recommandations et participé à sa rédaction. Et parce qu’on est convaincu que ce type d’outil a tout à gagner à rester flexible et à profiter des expertises du milieu, le RQD permet à tous et toutes d’y ajouter des commentaires et suggestions, dans une version sur Google Drive, afin de le bonifier continuellement. Cet aspect collaboratif permettra au document de rester à jour et en adéquation avec les besoins de la communauté de la danse.
Le RQD remercie toutes les personnes ayant permis la production de ce guide, soit :
Membres du comité: Laurie-Anne Langis, Alexandre Morin, Marie Mougeolle, Clara Furey, Alisia Pobega, Isabelle Poirier, Marie-Joanie Raymond et Jamie Wright.
Rédaction: Laurie-Anne Langis, Isabelle Poirier et Amélie Lévesque-Demers.
Révision: Coralie Muroni.
Coordination: Daniel Bastien.
La réalisation de ce guide a été possible grâce à une aide financière dans le cadre du Programme d’actions concertées pour le maintien en emploi (PACME) de la Commission des partenaires du marché du travail.
Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.
Fonctionnel
Toujours activé
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Preferences
The technical storage or access is necessary for the legitimate purpose of storing preferences that are not requested by the subscriber or user.
Statistiques
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.The technical storage or access that is used exclusively for anonymous statistical purposes. Without a subpoena, voluntary compliance on the part of your Internet Service Provider, or additional records from a third party, information stored or retrieved for this purpose alone cannot usually be used to identify you.
Marketing
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’utilisateurs afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.