2019-11-01
 
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Des artistes de la danse saluent Brianna Lombardo

Des artistes de la danse saluent Brianna Lombardo

Ginette Laurin, Mélanie Demers, Jacques Poulin-Denis, Frédérick Gravel, Kimberley de Jong, Marc Boivin et Caroline Laurin-Beaucage ont côtoyé sur scène et en studio Brianna Lombardo, lauréate du Prix Interprète 2019. Ces grands noms de la danse lui rendent aujourd’hui hommage à travers de courts témoignages sensibles et personnels.

«Brianna est une interprète généreuse, fougueuse avec une énergie et une résilience sans limites. Dans le processus de création, elle se prête à toute forme d’expérimentation et surprend par la richesse de son jeu et la maîtrise de sa danse, tout en force et en délicatesse.»
Ginette Laurin

«Brianna Lombardo est une force de la nature. Beauté sans équivoque. Femme sans peur. Courage au cœur. Regard bienveillant, perçant, perforant. Voix de tragédienne et répartie du stand-up comique. Centre enraciné. Élan ailé. Elle aborde chaque répétition comme un soir de gala. Comme si tout pouvait arriver. Il y a un mélange de sacré et de païen dans son geste. Comme si chaque mouvement avait l’éclat d’un gallon de peinture rouge qu’on aurait lancé sur un mur blanc. Sa danse est déchirante. Mortelle, dans le bon sens du terme. Son humilité l’honore. Elle ne sait pas combien elle impressionne. Ce qui lui donne encore plus de valeur, celle de la modestie. L’étoffe des grands!»
Mélanie Demers

«Brianna faisait partie de mon tout premier projet, DORS, en 2008. Autant dire que j’ai appris à créer avec elle. Pourtant, quand je me remémore les nombreuses pièces que nous avons dansées et créées ensemble, je ne pense pas à une collègue, mais à une amie que je connais depuis plusieurs vies. C’est sa plus grande qualité, au-delà de son professionnalisme et de sa rigueur, son humanité, son flow, sa philosophie et son humour nous charment immanquablement. Sur scène, on s’est roulé dans le Nutella, on a chanté ensemble, on s’est étouffé, on s’est caressé, on s’est étourdi, on s’est même allaité. Je suis très fier qu’elle ait remporté ce prix de meilleure interprète (même si, moi, il y a déjà longtemps que je lui ai décerné ce titre). ;)»
Jacques Poulin-Denis

«Brianna est une magnifique interprète, sans doute parce qu’elle est une magnifique personne. Sur scène, elle est magnétique. Elle est agile, précise, définie, puissante; rarement ai-je vu interprète aussi puissante, aussi vive. En même temps, elle sait jouer dans des registres vulnérables, dans l’incertitude, dans l’ouverture. On sent que ce n’est pas à propos d’elle quand elle danse, mais plutôt qu’elle devient la danse. Mais ainsi, la danse devient elle, charismatique, généreuse, spirituelle. J’ai beaucoup appris à la côtoyer. Ce n’est pas toujours facile de se comprendre avec un chorégraphe/partenaire, et c’est là qu’elle m’a donné cette leçon de patience et de force. Le prix qu’elle reçoit ne souligne peut-être pas ce qu’elle m’a montré, le travail généreux qu’elle fait en création, parce que c’est plutôt caché tout ça. C’est pourquoi je l’écris ici. Bravo et merci, partenaire.»
Frédérick Gravel

«I first met Brianna working for Fred Gravel. She became at once a friend and someone I could admire while dancing. I often tell myself that who you are as a person is also who you are as a dancer. Brianna’s generosity, openness and availability as a human is what she transcends on stage. I can’t differentiate my love for her as a human or a performer. Her vulnerability and openness are keys into her wild and resilient spirit. We are so lucky, not just in the dance community but in the greater sense of a public to witness such humanity on stage. She is a canvas and conductor of the human spirit. I believe that even if I didn’t know Brianna, watching her on stage, I would find comfort for her interpretation tells us of a life with many stories worth relating to. Thank you, Brianna, for bringing the rich palette of human character on stage so unforgivingly.»
Kimberley de Jong

«Brianna Lombardo pour moi… avec MAYDAY, une référence. En général, une inspiration. Et autour d’une bière, une best «best bud!». De la démesure au gros bon sens, elle semble maintenir un équilibre singulier qu’elle seule est capable de si bien maîtriser. Corps et âme, cœur et tête, comme si chez elle, il n’y avait pas de distinction, pas de frontière, seulement la Vie: un soi engagé, le cœur qui pompe, les muscles qui donnent. Cette reconnaissance ne pouvait être mieux décernée.»
Marc Boivin

«Brianna est l’exception et l’exceptionnelle. Sa sensibilité, son ouverture lui permettent d’accéder à un spectre d’interprétation d’une grande profondeur. Son engagement est total, enraciné et généreux. Elle sait embrasser ses convictions tout en gardant l’esprit ouvert. Elle favorise les possibilités et chemine vers le possible. Je crois qu’elle incarne avec brio le rôle de l’interprète qui fait entendre sa voix tout en étant au service d’une œuvre. Merci d’avoir mis ce travail remarquable en lumière.»
Caroline Laurin-Beaucage

Brianna Lombardo, lauréate du Prix de la danse de Montréal, catégorie INTERPRÈTE

C’est avec un immense plaisir que le Regroupement québécois de la danse et la Caisse Desjardins de la Culture ont remis à Brianna Lombardo le sixième Prix de la danse de Montréal, catégorie INTERPRÈTE, assorti d’une bourse de 10 000 $.

«Je n’ai jamais questionné ce métier. On dirait que j’ai commencé à danser et que je n’ai jamais arrêté. Danser, c’est comme être à la maison pour moi. (…) Je suis fière de faire partie de cette communauté à Montréal, et je crois dans notre recherche de ce qui est vital, essentiel et transcendant dans la vie.»
Brianna Lombardo, lauréate du Prix INTERPRÈTE 2019

Le jury des Prix de la danse de Montréal a salué la capacité exceptionnelle de l’artiste à puiser dans les couches profondes de son être et à en maîtriser l’expression. Il a également souligné la rigueur, l’humilité et la générosité de celle qui s’est récemment illustrée dans les œuvres Ground de Caroline Laurin Beaucage, Innervision de Martin Messier et Period Rooms de Frédérick Gravel.

«Je me souviens de la toute première fois où j’ai été frappée par l’intensité de sa présence vibrante. C’était en 2007. Elle était suspendue aux cordes et poulies de Ginette Laurin et depuis, je n’ai jamais raté une occasion de la voir sur scène. Comme le dit si bien le jury, c’est une danseuse instinctive qui établit un dialogue puissant avec ses complices artistiques et avec le public. Une interprète qui fait œuvre dans l’œuvre.»

Fabienne Cabado, directrice générale du RQD

En remettant le Prix INTERPRÈTE, le RQD vient récompenser les danseurs et danseuses pour la qualité de leur interprétation, la rigueur de leur démarche et leur engagement dans la création et le développement de la danse professionnelle au Québec. La bourse de 10 000 $ associée au prix bénéficie de la contribution financière du RQD et de la Caisse Desjardins de la Culture, fidèle partenaire de la danse.

Brianna Lombardo

Originaire de Toronto, Brianna Lombardo a reçu sa formation professionnelle à l’École du Toronto Dance Theatre. Son diplôme en poche, elle reçoit une bourse Chalmers et part étudier en Europe avec plusieurs artistes internationaux. Comme danseuse indépendante, elle travaille à Toronto avec Michael Trent et Matjash Mrozewski, puis, par la suite, à Montréal avec Isabelle Van Grimde et Jean-Pierre Perreault, avant de se joindre à la compagnie O Vertigo en 2004.

Après six années passées chez O Vertigo, elle se lance à nouveau dans le milieu comme danseuse indépendante et depuis, elle poursuit des collaborations soutenues avec Mélanie Demers et sa compagnie MAYDAY, Jacques Poulin-Denis (Grand Poney), Frédérick Gravel (GAG), Caroline Laurin-Beaucage, Martin Messier (14 lieux) et Daniel Léveillé Danse. Parallèlement, depuis 2010, elle enseigne le répertoire d’O Vertigo et de MAYDAY ainsi que le mouvement pour acteurs à l’UQAM. Professeure de yoga certifiée, elle enseigne aussi le yoga aux danseurs de l’EDCM, entre autres cours.

> Voir son profil

> Lire les témoignages de Ginette Laurin, Mélanie Demers, Jacques Poulin-Denis, Frédérick Gravel, Kimberley de Jong et Marc Boivin, qui lui rendent hommage.

 

© Sylvie-Ann Paré

 

Félicitations à l’ensemble des lauréats et lauréates
des Prix de la danse de Montréal 2019

© Sylvie-Ann Paré

Paul-André Fortier
Le GRAND PRIX de la danse de Montréal 2019, présenté par Québecor et la Ville de Montréal

À travers mes yeux – Hélène Langevin
Le Prix du CALQ pour la meilleure œuvre chorégraphique de la saison artistique 2018-2019

Alexandra « Spicey » Landé
Le Prix de la danse de Montréal 2019, catégorie DÉCOUVERTE, présenté par l’Agora de la danse et Tangente

Destins Croisés et Tentacle Tribe
Envol, le prix pour la diversité culturelle et les pratiques inclusives en danse, présenté par le Conseil des arts de Montréal

Le patin libre
Le Prix de la danse de Montréal 2019, catégorie DIFFUSION INTERNATIONALE, présenté par CINARS

Marie-Andréa Gougeon
Le Prix de la danse de Montréal 2019, catégorie GESTIONNAIRE CULTUREL(LE), présenté par Diagramme – gestion culturelle

Brianna Lombardo
Le Prix de la danse de Montréal 2019, catégorie INTERPRÈTE, présenté par le Regroupement québécois de la danse et la Caisse Desjardins de la Culture

Jack Udashkin
Le Prix de la danse de Montréal 2019, catégorie CONTRIBUTION EXCEPTIONNELLE

 

À propos

Le Regroupement québécois de la danse rassemble et représente les individus et organismes professionnels œuvrant en danse, dans le but de favoriser l’avancement et le rayonnement de l’art chorégraphique et de contribuer à l’amélioration des conditions de pratique en danse. Ses réalisations ont notamment pour but de valoriser la danse, de favoriser son ancrage et son déploiement sur l’ensemble du territoire québécois et de tisser des liens entre les professionnels, les amateurs et les passionnés de danse.

La Caisse Desjardins de la Culture est née en 1994 de la volonté de donner aux artistes, aux artisans, aux créateurs, aux entreprises et aux organismes culturels, les moyens de leurs talents et de leurs aspirations. Coopérative financière solidement ancrée dans son milieu, la Caisse accompagne les travailleurs autonomes dans la réalisation de leurs projets personnels et professionnels, offre aux entreprises et aux organismes des services financiers adaptés à leur réalité et participe au développement socioéconomique du milieu culturel en soutenant des démarches et des projets structurants.

Les Prix de la danse de Montréal sont un organisme sans but lucratif dont le mandat est de promouvoir Montréal comme centre international de création et de diffusion en danse et de valoriser le dynamisme des personnalités, des organismes et des institutions du milieu de la danse.

 

 

 

Atelier Décoloniser le terme d’art chorégraphique

Comment définir l’art chorégraphique en 2019? Comment élargir la vision occidentalocentriste qui le fonde pour faire tomber les barrières systémiques qui nuisent encore au plein déploiement de nombreux professionnels de la danse? Le RQD vous invite à partager vos visions sur ces questions fondamentales au Rendez-vous annuel des membres, le 26 octobre 2019 en après-midi.

Sous la forme d’un cercle de parole, l’atelier offrira un partage équitable de la parole basé sur le principe de l’Embodied talk développé par la chercheuse Camille Renarhd. Il permettra aux professionnels de la danse de s’exprimer verbalement, mais aussi d’écrire leurs réflexions, commentaires et souhaits sur des cartes que le RQD recueillera et analysera afin d’orienter les futures actions à mettre en œuvre pour un milieu de la danse plus inclusif.

«Il faut continuer de s’écouter, s’entendre, partager et recevoir ces autres regards sur la réalité pour que l’art chorégraphique reste toujours vivant et organique dans la société.»

Jamie Wright et Lük Fleury, coprésidents du RQD

26 octobre de 13h30 à 16h30 à Circuit-Est centre chorégraphique.
Ouvert à tous les professionnels de la danse. Retardataires non admis.

Important: veuillez noter que l’atelier du samedi 26 octobre en après-midi, qui devait initialement porter sur la révision des Lois sur le statut de l’artiste, est reporté à une date ultérieure pour des raisons logistiques.

 

Invitation – Prix de la danse de Montréal

Qui remportera cette année le Prix INTERPRÈTE, présenté par le Regroupement québécois de la danse et la Caisse Desjardins de la Culture? Inscrivez-vous à la remise des Prix de la danse de Montréal pour être les premiers à le découvrir! Sept autres prix seront attribués. Ne manquez pas cette occasion de venir saluer vos pairs.

Lundi 28 octobre 2019, à 11h

À l’Espace Orange – Espace Françoise Sullivan de l’Édifice Wilder.
1435, rue de Bleury, à Montréal

Places limitées – Réservation obligatoire

Numérique: enjeux et besoins du milieu de la danse

Les transformations au niveau sociétal, économique et humain engendrées par le virage numérique touchent tous les arts de scène. La danse n’y échappe pas. Ces mutations vous amènent à penser et à travailler différemment afin de poursuivre votre mission, votre démarche artistique et vos projets culturels tout en gardant vos valeurs individuelles et collectives. Grâce à l’échange d’idées et d’expériences, l’atelier sur le numérique du RDV annuel des membres du RQD le 26 octobre permettra de dégager les principaux enjeux du virage numérique au sein du milieu de la danse et d’envisager des pistes d’actions qui répondent au besoin du milieu. Notre agente de développement culturel numérique, Sophie Trolliet-Martial, vous en dit plus sur le contenu de l’atelier en vidéo (1’45).

Sondage
Que vous participiez ou non à notre atelier, répondez à ce questionnaire pour dégager vos premières impressions quant aux transformations et questionnements qu’apporte le numérique dans vos environnements professionnels respectifs.

De l’importance de l’engagement pour les arts

La campagne électorale qui bat son plein souligne que les industries culturelles sont l’arbre géant qui cache la forêt des dizaines de milliers de professionnels des arts. De fait, la taxation des GAFA et la crise des médias monopolisent les débats sans que l’on ne fasse cas de la cheville ouvrière de la richesse artistique et culturelle canadienne: les quelque 60 % d’artistes et autres travailleurs autonomes qui peinent à vivre de leur labeur et bénéficient rarement du filet social de l’assurance-emploi et du régime des pensions. Sans compter les salariés rémunérés bien en-deçà des normes en vigueur dans ces fameuses industries culturelles. D’où l’importance des regroupements et associations tels que le RQD qui, inlassablement, sensibilisent les politiciens qui se succèdent au pouvoir à ces réalités méconnues voire, tout bonnement, ignorées. En être membre est un acte hautement politique, une façon de voter pour les arts.

Après s’être battu pour que la question des ressources humaines soit intégrée à la Politique culturelle québécoise et à son plan d’action, le RQD s’implique aujourd’hui, en concertation avec un certain nombre d’autres organismes, pour que les personnes à la tête des partis en lice pour les élections fédérales s’engagent, si elles sont élues, à élaborer «un cadre national d’action pour la culture dans lequel sera énoncée une vision d’avenir ambitieuse et cohérente pour défendre et développer le secteur des arts au Canada.» Cette revendication a été développée dans une lettre ouverte envoyée aux différents leaders et publiée en pleine page du Devoir du samedi 5 octobre. Parallèlement, un appel à l’action vous a été lancé pour faire en sorte que cette question soit abordée lors des débats des chefs à ICI et CBC/Radio-Canada.

À l’heure de rédiger ces lignes, les arts sont restés absents du débat en anglais et il y a fort à parier qu’ils le seront aussi des échanges télévisés du 10 octobre en français. La culture a beau impliquer plus de 700 000 travailleurs au Canada et totaliser un PIB de près de 59 milliards de dollars, elle est loin d’être une priorité pour l’électeur moyen. D’où l’importance, encore, de regroupements tels que le RQD qui, en marge de leurs actions politiques, œuvrent de différentes manières à la valorisation des arts, au développement disciplinaire, au soutien des artistes et des travailleurs culturels et à l’amélioration de leurs conditions socioéconomiques.

Bien sûr, l’engagement premier et primordial de tout professionnel des arts, c’est de se donner corps et âme à la réalisation de sa mission. Une tâche immense qui, bien souvent, ne lui laisse guère d’autre temps libre que celui de subvenir à ses besoins essentiels. Débordé par la vie qui court toujours plus vite et par l’avalanche perpétuelle d’informations qu’il voit à peine passer, il peine à décoller de son quotidien pour élargir son regard sur le monde et y ajuster la place qu’il y occupe. S’il œuvre dans le secteur de la danse, le Rendez-vous annuel des membres du RQD lui offre l’occasion unique de prendre une pause salutaire pour rencontrer ses pairs, mettre à jour ses connaissances sur les enjeux de l’heure et partager ses réflexions sur des sujets d’actualité. Ainsi, l‘assemblée générale annuelle du vendredi 25 octobre se terminera sur un 5 à 7 festif pour les 35 ans du RQD et les ateliers du lendemain porteront sur le virage numérique et sur les Lois sur le statut de l’artiste. Soyez présents. C’est important.

Fabienne Cabado
Directrice générale du Regroupement québécois de la danse

La médiation comme outil de création

Depuis maintenant trois ans, la création participative fait partie intégrante de mon travail. Chaque projet me permet d’explorer les multiples possibilités créatives qu’offre la collaboration entre la population et les artistes professionnels. À quelques jours du dévoilement public des vidéodanses En ces lieux, ils danseront, un projet d’Ample Man Danse avec la participation de patients du CHUM, mon regard se pose sur le chemin parcouru. Avoir été témoin, encore une fois, de l’impact qu’aura eu un tel projet sur les patients, mais aussi sur la communauté de l’hôpital dans son ensemble, m’amène à réfléchir de manière très personnelle à la relation qu’entretiennent la création chorégraphique et l’animation artistique dans notre société.


Un projet collaboratif
Tout a commencé en avril 2019. Avec le concours de La Fabrique culturelle (et grâce au soutien du CALQ), trois équipes partenaires prenaient place sur le terrain de l’hôpital: l’équipe artistique d’Ample Man Danse, l’équipe caméra-réalisation-montage de Fiz Studio, et la grande équipe du CHUM (direction, personnel soignant, personnel logistique et des communications). Voir toutes ces personnes de milieux très divers se rallier autour d’un projet de création chorégraphique, ainsi que leur implication et leur dévouement tout au long des sept derniers mois, a fourni les preuves du pouvoir rassembleur que peut exercer un projet de création/médiation artistique.

La particularité du projet, ici, était d’inclure des patients atteints de douleur chronique au sein de l’équipe de création. Chaque rencontre d’En ces lieux, ils danseront était dirigée conjointement avec Émilie Demers, danseuse, ergothérapeute au CHUM et idéatrice du projet, avec le réalisateur Frédéric Baune et, en alternance, avec les danseurs et danseuses de la compagnie. L’environnement physique du CHUM, tout neuf et lumineux, a servi d’architecture à l’œuvre, maintenant présentée sous la forme de quatre vidéodanses et d’un making of des ateliers témoignant du processus de création avec les patients et des séances de tournage.

 © FIZ Studio, Marine Clément-Colson

Créer du lien par la danse
Animateur depuis l’adolescence dans des milieux de vie aussi variés que complexes, j’élabore toujours mon approche selon quatre termes clés: la Rencontre, l’Échange, le Partage et la Création. Et ceci, peu importe l’âge des participants, leur condition physique ou leur statut social. Le plus important à mes yeux, en contexte de création participative, c’est d’être ouvert et sensible aux personnes devant lesquelles je me retrouve. D’une part, je dois rassurer les participants qui en ont besoin pour les aider à s’ouvrir à la proposition artistique, mettre en valeur leurs connaissances et faciliter leur compréhension. Je dois être présent pour les alimenter dans le processus, les écouter pour connaître leur expérience et les amener à se connecter avec l’œuvre. Quand la confiance est établie, il est inspirant de voir comment l’implication des participants est profonde et sincère. Quand leur créativité se réveille et nous donne des bijoux, et quand le partage d’idées, d’émotions, de sentiments crée de nouvelles relations, uniques (et belles !) entre eux et la danse, on sait qu’on a atteint quelque chose de fort artistiquement. Très vite, les échanges deviennent riches, les intervenants se sentent à l’aise de s’exprimer et tous veulent contribuer à la création, aux côtés du chorégraphe.

À chaque projet, et peu importe la situation, mon objectif est de créer du lien entre les expériences vécues de chaque personne et l’œuvre. L’objectif est de piquer l’intérêt, d’ouvrir le champ des possibles pour que chacun se retrouve et se positionne. Au final, on aura laissé une trace qui vivra longtemps, avec un impact durable d’un point de vue artistique, mais surtout humain. Avec la danse, les patients ont goûté à des moments de pause «exempts de souffrance» où ils sont parvenus à mieux comprendre leurs possibilités gestuelles, malgré les douleurs chroniques qu’ils subissent au quotidien. Atteindre un résultat chorégraphique aussi clair a constitué une très grande source de motivation dans leur cheminement.

 © FIZ Studio, Marine Clément-Colson

De la médiation à la création
Dès lors, j’ai compris que, pour moi, la médiation  est indissociable de la création. Un projet comme En ces lieux, ils danseront réunit mes expériences d’animateur et de créateur. Chaque fois, sitôt l’atelier commencé, je me mets à guider et à installer un langage du corps pour la danse. Peu importe avec qui je travaille, mon rôle est aussi de reconnaître le potentiel créateur de chacun, de le faire émerger par la danse, d’y poser un regard, une réflexion et de le connecter dans un processus. Chaque parcours de vie amène ses particularités et ses nuances. Il en émane une belle vulnérabilité, touchante et sincère, une source d’inspiration collective riche et porteuse. J’ai compris qu’un travail chorégraphique, qu’il soit fait avec des danseurs professionnels, des collaborateurs artistiques, des érudits d’art, de jeunes initiés ou encore des néophytes, se fait l’écho de rencontres humaines, vraies et intimes. Personnellement, je vois l’artiste animateur comme un membre essentiel d’une équipe de création, contribuant à la réflexion créative au même titre que tous les collaborateurs.

Nés d’une très grande complicité entre les patients, le réalisateur, l’ergothérapeute, les interprètes professionnels et le chorégraphe, les quatre vidéodanses ainsi que le court documentaire auront majestueusement pris vie dans l’architecture de l’hôpital. Que la direction du CHUM nous ait accueillis d’une manière aussi privilégiée et exceptionnelle, que les participants aient embarqué si généreusement dans le processus, avec confiance et authenticité, que tous les collaborateurs artistiques se soient investis personnellement dans le projet, tout ça prouve que la création participative a sa place dans l’écologie artistique contemporaine. Je pense que notre plus grande réussite tient dans l’écoute des patients dont plusieurs ont confié se reconnaître intimement dans les propositions dansées. Avec eux, nous avons réussi à exprimer, à travers une œuvre artistique, tout ce qui leur est si difficile à dire, à exprimer. Nous avons pris une pause dans la thérapie pour laisser parler leur poésie.

«La danse qui m’anime est une danse de rencontres. J’aime l’effet synergique créé par la rencontre des gens avec l’espace urbain, où l’intime et le public arrivent à s’arrimer pour faire vivre une expérience artistique signifiante.»

♦ Les vidéodanses En ces lieux, ils danseront seront diffusées dès le 28 octobre 2019 en série web sur La Fabrique culturelle.

 

 © The Focalister

Simon Ampleman
Personnalité phare en médiation artistique dans le milieu de la danse, il a mené bon nombre de projets de création en lien avec plusieurs institutions culturelles, scolaires et politiques, au Québec et en France.

 

 

 © FIZ Studio, Marine Clément-Colson

 

Lettre d’appui à la mise en place d’un Cadre national d’action pour la culture

Appel à la mise en place d’un Cadre national d’action pour la culture

Nous, 43 organismes représentant le secteur des arts et de la culture au Canada, demandons à ce que les chefs des principaux partis politiques s’engagent, s’ils ou elle sont élu.e.s, à débuter la mise en place d’un Cadre national d’action pour la culture dans lequel sera énoncée une vision d’avenir ambitieuse et cohérente pour défendre et développer le secteur des arts au Canada.

Nous demandons également à ce que cette revendication soit abordée lors des débats des chefs.

Nos artistes peinent encore à créer et à vivre dans des conditions décentes, et n’ont droit ni à l’assurance-emploi ni au Régime des pensions du Canada. Le doublement du budget du Conseil des arts du Canada au cours des cinq dernières années a apporté une réelle bouffée d’oxygène à de nombreux artistes et organismes. Ce budget doit impérativement être préservé et consolidé sous le prochain gouvernement.

Un soutien financier adéquat et un réel engagement politique permettraient aux voix des artistes autochtones et de toutes les minorités de mieux résonner sur nos scènes. L’expression artistique et culturelle de la francophonie canadienne et acadienne doit rayonner davantage ici et ailleurs dans le monde.

Considérée comme un puissant levier de politique étrangère, la diplomatie culturelle canadienne manque d’ambition, de concertation et souffre d’une maigre reconnaissance au sein de l’appareil gouvernemental. Pourtant, l’art et la culture sont historiquement de précieux outils pour établir des relations durables entre les États et les peuples. Plus largement, c’est toute la circulation des oeuvres canadiennes sur le territoire canadien et à l’international qui mériterait d’être repensée afin d’accroître significativement le rayonnement de notre culture et de nos artistes.

La montée en puissance des GAFA* et de Netflix met en péril la diversité des expressions culturelles à travers le monde. Au Canada, les géants du Web américains participent insuffisamment à la création des contenus culturels et parviennent sans mal à se soustraire à leurs obligations fiscales.

Avec un PIB proche de 59 milliards de dollars produit par une main-d’œuvre de plus de 700 000 personnes, le secteur artistique et culturel est un pilier de l’économie canadienne qui fait face à des enjeux de développement cruciaux que le prochain gouvernement ne pourra pas ignorer.

Ces enjeux sont directement sous la juridiction et la responsabilité du gouvernement fédéral. Les solutions à la pièce ne suffisent pas. La société canadienne mérite une stratégie globale qui orienterait le développement des arts et de la culture de façon durable.

Version imprimée de la lettre


ORGANISATIONS SIGNATAIRES

Alliance des producteurs francophones du Canada
Association acadienne des artistes professionnel.le.s du Nouveau-Brunswick
Association canadienne des organismes artistiques
Association des compagnies de théâtre
Association des diffuseurs spécialisés en théâtre
Association des groupes en arts visuels
Association des professionnels des arts de la scène du Québec
Association des théâtres francophones du Canada
Association franco-yukonnaise
Association professionnelle des diffuseurs de spectacles – RIDEAU
Association québécoise des autrices et auteurs dramatiques
Association québécoise des marionnettistes
Centre de ressources et transition pour danseurs
Centre des auteurs dramatiques
Centre québécois de ressources et transition pour danseurs
Conseil culturel et artistique francophone de la Colombie-Britannique
Conseil culturel fransaskois
Conseil des métiers d’art du Québec
Conseil québécois de la musique
Conseil québécois des arts médiatiques
Conseil québécois du patrimoine vivant
Conseil québécois du théâtre
Constellation bleue
Culture Montréal
Danse sur les routes du Québec
Diagramme
Diversité artistique Montréal
Editions David
English-Language Arts Network
Fédération culturelle canadienne-francaise
Front des réalisateurs indépendants du Canada
Les Productions Feux Sacrés
Les Voyagements – Théâtre de création en tournée
Playwrights’ Workshop Montréal
Quebec Drama Federation
Regroupement artistique francophone de l’Alberta
Regroupement des arts interdisciplinaires du Québec
Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec
Regroupement québécois de la danse
Réseau d’enseignement de la danse
Réseau des grands espaces
Théâtres Unis Enfance Jeunesse
Union des écrivaines et écrivains québécois

​*Google, Amazon, Facebook, Apple

Rencontre interculturelle et appropriation culturelle: la danse intensifie ses réflexions

Près d’une vingtaine de personnes ont pris part au premier cercle de parole de 2019-2020, organisé le 30 septembre dernier par le RQD. Bien du chemin a été parcouru depuis l’atelier sur l’inclusion tenu au Rendez-vous annuel des membres en 2018. Les échanges des deux cercles de parole suivants s’axaient principalement sur les notions de privilège blanc et sur la démystification du langage relatif au racisme systémique et à la décolonisation de la danse. Cette nouvelle rencontre a permis de constater une nette évolution de la réflexion et de la compréhension des enjeux, une articulation plus profonde des idées qui enrichissent de plus en plus le dialogue concernant la rencontre interculturelle et l’enjeu, toujours aussi complexe, de l’appropriation culturelle.

 

De la «désuniversalisation» de la danse contemporaine
La rencontre interculturelle a constitué le point d’ancrage de ce cercle, bâti autour du passionnant témoignage et de la réflexion de la chorégraphe-interprète Hanako Hoshimi-Caines sur le spectacle Radio III, qu’elle a créé en 2019 en collaboration avec son homologue Zoë Poluch et Elisa Harkins, compositrice et artiste autochtone d’origines cherokee et muscogee. Les trois artistes qui ont suivi, entre autres, une formation en danse contemporaine, tentent, dans Radio III, d’investir l’espace dans une relation juste, vraie et équitable où chacune exprime son identité propre. Alors que Harkins revisite son héritage autochtone, Poluch et Hoshimi-Caines cherchent à «situer» la danse contemporaine qu’elles pratiquent et à l’identifier comme une danse parmi les autres. Dans cette œuvre, l’idée est de problématiser la notion d’espace neutre, ce qui questionne en filigrane la répartition des «pouvoirs» entre les différentes esthétiques présentes sur scène, est expliquée par Hanako Hoshimi-Caines comme une volonté de «désuniversaliser» la danse contemporaine ou, plus largement, les danses de filiation européenne comme le ballet et la danse moderne. En effet, ces dernières ne sont que rarement envisagées comme le reflet d’une identité culturelle, contrairement à l’acception que l’on a des «autres» danses, autochtones, traditionnelles ou mêmes urbaines. Sans que les trois artistes aient pour autant la prétention d’avoir créé une œuvre «décoloniale», la réflexion sur l’eurocentrisme en danse a teinté leur démarche.

 

Héritages, ruptures et influences
Un questionnement sur la définition de la danse occidentale s’est alors posé au sein du cercle. Qu’entend-on par là? On se réfère souvent aux danses de scène dont le ballet, né en Europe, et à celles qui en ont découlé par des mouvements de ruptures, esthétiques et sociales, dont la danse moderne et la danse contemporaine. Si l’on reprend les éléments de réflexion cités dans le lexique commenté Comprendre les enjeux de l’inclusion en danse du RQD, Anne Décoret-Ahiha, anthropologue de la danse, remarque que les formes de danses occidentales sont désignées selon un mode temporel ou historique alors que celles du reste du monde le sont selon un mode ethnique ou géographique.

Dans le même ordre d’idées, lorsque le terme «moderne» ou «contemporain» qualifie des danses qui ne sont pas de traditions occidentales, cela amène bien souvent l’idée qu’il s’agit d’un métissage entre une forme de danse traditionnelle et une démarche issue de la pensée chorégraphique eurocentriste. Une participante a évoqué que l’on assistait, particulièrement en France, à une certaine «balletisation» des formes de danses urbaines. Mais l’inverse est aussi vrai. Le ballet et la danse contemporaine sont également influencés par les danses urbaines. Il y a une pollinisation dans un sens comme dans l’autre. Quoiqu’il en soit, ces fameuses rencontres et collaborations interculturelles sont souhaitées par un nombre grandissant d’artistes en danse. Des exemples récents en portent le sceau, dont Radio III, les soirées 100Lux ou Anima/Darkroom de Lucy M. May et 7Starr, pour ne nommer que ceux-là.

 

Quand et comment se poser la question du droit?
De fil en aiguille, la réflexion sur les métissages a orienté naturellement la discussion sur l’épineuse question de l’appropriation culturelle. Avec elle, surgit une peur de n’avoir plus le droit de s’inspirer de l’autre, voire d’être confronté à la censure. Il a été mentionné que certains groupes culturels ne voient aucun problème à ce qu’un individu extérieur «emprunte» des éléments de leur culture. Tant mieux. Il est cependant apparu important, au gré des échanges, de comprendre que les formes d’appropriation s’inscrivent dans un contexte, un territoire et l’époque dans laquelle elles ont lieu. Lorsqu’un groupe minoritaire vit encore avec les stigmates de la colonisation, d’une forme de racisme ou de discrimination, lorsqu’il manifeste un malaise, un inconfort ou une souffrance quand le groupe dominant utilise des éléments de sa culture de façon caricaturale ou non, sans son consentement ou son approbation, il n’est plus tant question du droit de faire ceci ou cela. Il en va plutôt d’une responsabilité et d’une éthique qui invite chaque individu à écouter, à reconnaître ses privilèges, à prendre acte de doléances souvent justifiées et légitimes si l’on tient compte que dans l’Histoire, passée et présente, des éléments de la culture en question ont été dépréciés, marginalisés ou spoliés.

À cette question «Ai-je le droit ou pas?» s’ajoute la crainte de faire des faux pas. Le désir de s’ouvrir à l’autre peut être parsemé de doutes quant à la manière de faire, d’aller à sa rencontre. Par exemple, une travailleuse en médiation culturelle a partagé ses questionnements sur les professionnels à inviter pour des activités de démocratisation de la danse avec des groupes visés par l’équité, soulignant la crainte de les altériser, d’employer des formules blessantes véhiculant certains biais ou de se cloisonner par peur de ne pas bien faire. S’il est vrai que, comme l’a mentionné une autre participante, certaines personnes peuvent être heurtées que l’on s’adresse à elles d’abord pour leur appartenance à un groupe minoritaire, dit de la diversité ou racisé, et non pas simplement parce qu’elles sont artistes, il est pourtant essentiel d’oser aller à la rencontre de l’autre et d’accepter de faire des erreurs, tout en poursuivant, avec humilité, le chemin de la connaissance, de la reconnaissance et de l’inclusion des groupes visés par l’équité.

Bien qu’il n’existe pas de «mode d’emploi», et qu’un tel objectif apparaît chimérique, des initiatives sont prises par divers organismes, dont le RQD, et des chercheur·se·s pour la production de guides et le partage de solutions qui favoriseraient de meilleures pratiques, qu’il s’agisse d’inclusion, d’échanges interculturels, de médiation et de création. En attendant de tels outils, les participants ont suggéré de continuer de s’éduquer, de poser des questions, même quand celles-ci semblent maladroites, tout en nous interrogeant sur le rapport entre notre sphère intime et celle, plus vaste, du culturel.

Le RQD remercie chaleureusement Hanako Hoshimi-Caines pour sa précieuse collaboration, le MAI, pour son soutien, et l’ensemble des participant.e.s aux cercles de parole qui nous font grandir comme individus et comme collectivité. Le prochain aura lieu le 2 décembre 2019, toujours dans le café du MAI. Plus d’informations à venir.

Nouvelle adjointe aux services aux membres

Une chorégraphe rejoint l’équipe du RQD! Sandra El-Sabbagh est en amour avec la danse depuis bien longtemps. Après plus de 10 ans d’enseignement du ballet au Liban et au Québec, elle entreprend une maîtrise en danse à l’UQÀM. La découverte de la danse contemporaine change radicalement son approche de l’art chorégraphique et elle commence à créer des pièces identitaires, empreintes d’une vision et de messages qu’elle souhaite transmettre à travers le corps. Très au fait des réalités des artistes et membre du RQD depuis plusieurs années, Sandra saura être attentive à vos besoins; elle rejoint aujourd’hui nos bureaux pour vous accompagner, vous orienter, traiter vos demandes concernant les adhésions et le Programme de soutien à l’entraînement. Bienvenue à Sandra et bonne route à Diana Catalina Cardenas qui lui passe le flambeau après 5 ans à nos côtés!