2019-05-07
 
Cette section est réservée aux membres du RQD

La cinédanse au 21e siècle: filmer le corps en mouvement dans un monde hostile

Mass rally in support of increased funding for CALQ

French version

On Monday, April 24 at noon, artists, cultural workers and other sympathizers from the arts community will come together in downtown Montreal to request an immediate increase in the budget of the Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ). The Regroupement québécois de la danse (RQD) urges you to come out in large numbers to support this joint initiative of the seven member organizations of the Mouvement pour les arts et les lettres* and the Conseil québécois du théâtre. A mass turnout is crucial to ensure that the collective voice of Quebec artists is heard loud and clear.

► REGISTRATION

Monday, April 24, 2017, noon to 1 p.m.
Place d’Armes, in Montreal

Spread the word via your networks!

To learn more, read the letter from Fabienne Cabado, Executive Director of RQD. (French only)


* The Mouvement pour les arts et les lettres currently includes the Conseil québécois de la musique, the Conseil des métiers d’art du Québec, the Regroupement québécois de la danse, the Regroupement des centres d’artistes autogérés du Québec, En Piste – le regroupement national des arts du cirque, as well as the two regional arts councils, namely Culture Lanaudière and Culture Saguenay – Lac-Saint-Jean.

Des outils collaboratifs pour vous simplifier la vie

Savez-vous qu’il existe de nombreux outils numériques gratuits pour gérer plus facilement vos projets artistiques? Qu’il s’agisse de planifier un projet de danse, de partager de l’information ou de communiquer à distance avec vos collaborateurs, le Web regorge d’applications simples et efficaces qui vous permettront d'accéder à vos documents en tout temps et de les partager avec vos collègues! Le Regroupement québécois de la danse en a repéré quelques-uns pour vous.

Organiser son temps et son travail
Finie la surabondance de courriels pour fixer une simple date de réunion ou pour se rappeler les tâches à faire!

Doodle
En quelques clics seulement, planifiez vos événements, réunions, répétitions, etc.

Google Agenda
Créez des calendriers thématiques que vos collaborateurs pourront consulter et modifier.

Wunderlist
Organisez vos listes de tâches par rubrique et recevez des rappels quand l’échéance approche. Bien utile lorsque vous travaillez à plusieurs sur un même projet.

Trello
Dites au revoir aux post-it avec cet outil de gestion de projets. Créez des tableaux, notez vos idées, laissez des commentaires à vos collègues et gardez une vue d'ensemble avec ce grand tableau à mettre à votre main.

Gagner en efficacité
Où que vous soyez dans le monde, accédez à vos fichiers stockés dans le nuage (cloud) avec une simple connexion Internet. Très pratique pour ceux qui partent en tournée ou autre voyage d’affaires!

Comprendre le Cloud

Google Drive
Remplacez votre suite Office par des fichiers en ligne, plus efficaces pour l’écriture collaborative: plusieurs personnes peuvent travailler en temps réel et en même temps dans un document. Gratuit jusqu’à 15 Go.

DropBox
Stockez et partagez vos dossiers. Gratuit jusqu’à 2 Go.

Communiquer à distance et à plusieurs
Choisissez vos moyens de communications selon vos besoins: privilégiez les vidéoconférences pour de longs échanges à distance, optez pour le clavardage pour des communications de groupe et revenez au courriel pour garder la trace d'une décision importante.

Skype
Restez en contact avec ce logiciel de vidéoconférence très populaire: appels vidéo et audio, à deux ou en groupe, messagerie instantanée, possibilité de partage d’écran et de partage de documents. Des forfaits payants permettent aussi d'appeler des téléphones fixes ou mobiles dans plusieurs pays.

Slack  
Communiquez en groupe avec cette plateforme permettant de créer différents canaux de conversations, d'en suivre l'historique et de partager des fichiers via Dropbox ou Google Drive.

Message
Pour les fans des produits Apple, envoyez des textos, des photos, des vidéos et des messages audio.

 

 

Quadriptyque, une recherche en quatre temps pour démystifier la danse intégrée

Série de laboratoires de recherche en danse intégrée, Quadriptyque présentera la semaine prochaine son troisième et avant-dernier volet, dirigé par la chorégraphe Sarah-Ève Grant. Une occasion à ne pas manquer pour assister au processus de création, auquel le public n’a souvent pas accès, et pour appréhender de plus près la collaboration unique et féconde entre une chorégraphe et trois interprètes, dont deux avec un handicap.

Projet sans précédent, Quadriptyque vise à faire tomber encore davantage les barrières de la danse intégrée et à conférer à ses expressions la valeur d’œuvres à part entière. Bien que cette discipline fasse partie intégrante de l’écologie de la danse contemporaine internationale depuis les années 1980, elle est encore victime d’a priori et de réticences. Par méconnaissance ou par inconfort face à la différence, les représentations de danse intégrée attirent majoritairement un public d’initiés, des personnes côtoyant le handicap, et la presse, qui s’intéresse de plus en plus au sujet. L’invitation de quatre chorégraphes québécois (Deborah Dunn, Sarah-Ève Grant, Lucie Grégoire et Benoît Lachambre) à se frotter à la création en danse intégrée ouvre la réflexion sur les spécificités de cette branche encore méconnue de la danse professionnelle.

Se déroulant sur un an, Quadriptyque réunit à chaque étape un chorégraphe, sept interprètes avec ou sans handicap, une journaliste en danse et le public, pour explorer les possibilités de création en danse intégrée en studio et sur le web. À la fin de chacune de ces sessions de deux semaines, le public est invité à découvrir le fruit de ces collaborations. 

Chaque étape de création peut d’autre part être suivie sur le site web quadriptyque.com, qui, selon les mots de France Geoffroy, constitue une plateforme dynamique et interactive permettant d’impliquer le grand public dans les réflexions autour de cette recherche et de faire de tout le processus un spectacle permanent sur le web. Le site tient également lieu d’outil pédagogique pour les danseurs, les chorégraphes, les directeurs de départements en danse et les étudiants en danse qui souhaitent se familiariser avec la danse intégrée. Il constitue une mine d’informations percutantes et enrichissantes sur le parcours de France Geoffroy, directrice artistique de la compagnie Corpuscule Danse et initiatrice du projet Quadriptyque et permet de se glisser dans l’envers du décor notamment à travers le regard critique d’Aline Apostolska qui partage des «billets d’humeur», des analyses de fond et une critique du processus de recherche.

«Par des entrevues, des textes d’analyse, des discussions et de la création en studio, ce projet ouvre le regard sur le handicap et sur la place qu’il peut prendre sur la scène chorégraphique et aborde des problématiques actuelles en danse.» Site quadriptyque.com

La danse unit, réunit. Elle devient un langage commun et inclut toute forme d’approche. Ce milieu qui connaît des corps parfaits, performants et virtuoses, accueille la différence et sait l’intégrer. La compagnie Corpuscule Danse, fondée par France Geoffroy, Martine Lusignan et Isaac Savoie en 2001, incarne cette idéologie et le projet Quadriptyque la met en lumière.

Apprenez-en plus sur le projet:
Le carnet d’Aline Apostolska
Billets d’humeur d’Aline Apostolska
Récit d’une pionnière: France Geoffroy
Informations complémentaires et vidéos

 

12 jours pour montrer la vitalité de la danse québécoise

Alors que résonnent les tambours de la mobilisation, inondons le Web de photos et de messages pour témoigner de la vitalité et de la richesse de la danse québécoise. Le Regroupement québécois de la danse vous propose trois possibilités de participer facilement à une grande campagne de valorisation de la danse dans les médias sociaux jusqu'au 29 avril, Journée internationale de la danse. Affirmons fièrement notre identité et communiquons notre goût pour l'art chorégraphique à tous!


1. Facile et efficace: partagez nos messages

Chaque jour, jusqu'au 29 avril, le RQD publie sur Facebook, Twitter et Instagram des messages sensibles et positifs sur la danse, couplés à de magnifiques photos de compagnies et d'artistes d'ici. Une vidéo du message québécois de la Journée internationale de la danse sera également diffusée par communiqué et dans les médias sociaux. Quelques clics suffiront pour faire de vous un relais efficace de la campagne.


2. Un jour, une photo: faites-en votre campagne 

Comme le RQD, publiez chaque jour une photo de danse (spectacle, répétition, entraînement, etc.) sur Facebook, Twitter ou Instagram. Accompagnez vos publications de commentaires inspirés de nos messages et taguez @quebecdanse pour nous permettre de rassembler vos photos dans un album souvenir. Si chacun d'entre nous ne publie qu'une seule photo d'ici au 29 avril, ce seront déjà plus de 600 images de danse qui rayonneront dans les médias sociaux!  

Les messages du RQD :
La danse n'a pas d'âge ★ La danse stimule nos sens ★  La danse change notre regard ★ La danse repousse nos limites ★ La danse nous transporte ★ La danse crée du lien ★ La danse rend plus fort ★ La danse élargit nos horizons ★ La danse fait grandir ★ La danse est partout ★ La danse ouvre l'imaginaire ★ La danse est un acte de résistance 

 

3. Personnalisez votre profil pour un engagement encore plus grand

Agrémentez votre profil Facebook d'un filtre aux couleurs de notre campagne.
► Cliquez ici puis connectez-vous avec votre profil (Use Facebook Profile Picture), sélectionnez un des cinq filtres proposés et générez votre photo (Generate profile picture). Partagez ensuite la campagne sur Facebook (Share on FB) puis téléchargez votre photo (make Profile picture OR Download picture).

NB. – Avec le navigateur Chrome, revenez en arrière si une page d'erreur s'affiche (les joies du Web!).

  
Suivez-nous sur les médias sociaux jusqu'au 29 avril et invitez vos amis à joindre la campagne pour que la danse rayonne au-delà de nos cercles!

★ Facebook ★ Twitter ★ Instagram 

La cinédanse au 21e siècle: filmer le corps en mouvement dans un monde hostile

Au 21e siècle, les caméras sont partout dans notre quotidien et nos corps se déplacent plus vite que jamais. Une «méta cinédanse» semble s’être incrustée dans toutes les sphères de nos vies. Quel point de vue adopter lorsque nous décidons de filmer les corps en mouvement? Comment l’œil de la caméra sculpte-t-il notre regard et celui du public? Quel impact la cinédanse a-t-elle dans la pratique chorégraphique actuelle? Réflexion hautement contemporaine à laquelle nous engage la chorégraphe, cinéaste et chercheuse Priscilla Guy, cofondatrice de la plateforme Regards Hybrides.

Qu’est-ce que la cinédanse?
Bien qu’en constante évolution depuis plus d’un siècle, le répertoire dit de «cinédanse» désigne habituellement des œuvres chorégraphiques créées spécifiquement pour l’écran. On pense entre autres aux films emblématiques de Maya Deren, Philippe Decouflé et Thierry de Mey, ou encore à l’influence des comédies musicales américaines et d’Internet sur la production d’œuvres chorégraphique à l’écran. Entre les termes cinédanse, vidéodanse, danse à l’écran, danse pour l’écran, film de danse, ciné-chorégraphie ou danse pour la caméra, sans compter les termes anglophones screendance et dancefilm, les débats terminologiques sont nombreux! Le terme cinédanse est intéressant parce qu’il ne restreint pas le médium employé, comme c’est le cas pour vidéodanse, et qu’il n’établit pas non plus de hiérarchie claire entre la danse et le cinéma, comme l'expression «danse pour la caméra».

Renouveau chorégraphique
Un des intérêts principaux de la cinédanse réside en la possibilité d’envisager la chorégraphie différemment grâce aux dispositifs du cinéma. Pensons aux micro-chorégraphies discutées par Erin Brannigan[1] et aux danses antigravitationnelles identifiées par Harmony Bench[2]. Ces deux chercheuses explorent la notion de chorégraphie sous un nouvel angle: Brannigan s'intéresse à la capacité de la caméra de créer une nouvelle proximité avec les corps grâce à l’utilisation de plans rapprochés, à un travail sur les textures et les sensations générées, l’intimité des corps et des objets. De son côté, Bench observe les corps dansants et leur façon de résister aux lois de la gravité à travers un travail chorégraphique antigravitationnel rendu possible au cinéma. La notion de chorégraphie est ici envisagée au sens large: il s’agit d’organiser les mouvements des corps dansants dans le temps et l’espace, mais également ceux de la caméra et du montage. D’ailleurs, en tant que chorégraphe, c’est précisément cette possibilité de chorégraphier la trajectoire de la caméra et les rythmes du montage qui m’a menée vers le cinéma. Dans la création de mes courts-métrages, j'entrevois différents «moments chorégraphiques» : 1) avec les interprètes, préalablement au tournage; 2) lors du tournage, j’utilise mes acquis chorégraphiques pour déterminer le chemin emprunté par la caméra et ainsi diriger l’œil du public; 3) au montage, que j’aborde comme une série de mouvements (durée des plans, répétition, juxtaposition, utilisation du reculons ou de la vitesse, etc.). Il s’agit d’adopter un point de vue chorégraphique à tous les moments de la création, afin de poser un regard singulier les corps filmés et sur le monde!

Comment filmer le corps en mouvement dans un monde hostile?
Voilà la question autour de laquelle s’est développée la résidence de recherche Communautés Hybrides menée par Agite Y Sirva à Oaxaca (Mexique) en août 2015, rassemblant treize artistes, commissaires et pédagogues spécialistes en danse à l’écran du Canada, d’Argentine, de France et du Mexique. Au terme de huit journées intensives, un manifeste est rédigé en trois langues, accompagné d’une foule d’outils ayant contribué à (re)penser le corps dansant devant et derrière la caméra, à une époque d’hypermédiatisation où les images de violence sur les corps sont souvent banalisées. Considérée comme une niche artistique, la communauté internationale de cinédanse livre toutefois des projets étonnants dont les échos se font entendre bien au-delà de son cercle immédiat. Loin d’être confinée à un espace restreint, cette communauté est composée d’artistes aux parcours hétéroclites qui évoluent dans une foule de milieux et dont les initiatives rayonnent à travers le monde.

Les différents dialogues qui se construisent entre les corps humains et les écrans à l’ère du numérique créent autant d’occasions d’interroger l’impact des images sur la danse, et inversement. À l’instar des artistes de la résidence Communautés Hybrides, plusieurs chorégraphes posent un regard critique sur les représentations des corps dansants à l’écran, de la salle de cinéma à la vie quotidienne. La chercheuse britannique Claudia Kappenberg avance d’ailleurs ceci: «Si une personne est filmée par une caméra […] dans un espace public, peut-être que cela aussi fait partie de la machine contemporaine de la cinédanse[3] Ainsi, il semble tout à propos pour les artistes de la danse d’apprivoiser, depuis leur champ d’expertise chorégraphique, les possibilités du cinéma et des écrans pour interroger les enjeux de la société actuelle.

***

À venir en avril 2017
Afin d’entrer en contact avec cette médiatisation des corps dansants, deux séries de courts-métrages circuleront dans les Maisons de la culture du Réseau Accès Culture de Montréal en avril 2017. Ces deux séries sont produites par Mandoline Hybride et l’Office National du Film, en collaboration avec le Réseau Accès Culture et le Regroupement québécois de la danse.

Soirée cinédanse : projections et discussion – Mandoline Hybride
Projection de cinq courts-métrages de cinédanse, suivie d’une discussion animée par Valérie Lessard avec l’artiste invitée Louise Lecavalier, les 19, 20 et 26 avril.

Hommage à la danse – l’ONF à la maison
Série de courts documentaires historiques sur la danse, animés par Valérie Lessard, les 12 et 25 avril.

À venir en novembre 2017
Mandoline Hybride tiendra la première édition des Rencontres Internationales Regards Hybrides, un temps fort consacré à la cinédanse incluant une formation professionnelle, des ciné-conférences, des tables rondes et des projections grand public.

Ressources en ligne
Si les festivals internationaux dédiés à la rencontre entre danse et cinéma sont nombreux, les ressources pour étayer la pratique des artistes et la lecture des œuvres par les publics se font plus rares. Au Québec, Regards Hybrides met à jour régulièrement un répertoire d’outils et de ressources disponibles en ligne pour les artistes, tandis que plusieurs plateformes web proposent des œuvres en visionnement libre pour le plus grand plaisir du public.



[1] Brannigan, Erin. Dancefilm: Choreography and the Moving Image. New York: Oxford University Press, 2011.

[2] Bench, Harmony.Anti-Gravitational Choreographies, Strategies of Mobility in Screendance.” The International Journal of Screendance 1 (2010): 53-62.

[3] Claudia Kappenberg, Les politiques du discours dans les formes d’art hybrides, Art en mouvement, 2015, p.35

Lettre ouverte: Entre développement numérique et vitalité artistique

Alors que la Semaine Numérique de Québec bat son plein, déjà plus de 250 artistes et travailleurs culturels interpellent dans une lettre les décideurs des trois paliers gouvernementaux en matière d'art et de culture. D'une seule voix, ils font entendre leurs préoccupations quant à l’état du financement des arts alors que les nouvelles politiques culturelles célèbrent d'un même élan l'avènement du numérique. Vous pouvez encore signer cette lettre collective qui aborde, entre autres, la précarité d’emploi et la pauvreté économique du secteur culturel et les besoins criants en recherche, création, production, diffusion et administration des arts. Ses recommandations rejoignent d'ailleurs celles de la campagne La culture, le cœur du Québec – Pour des carrières durables, à laquelle le Regroupement québécois de la danse participe activement.

► Lire la lettre

 

Politique de développement culturel: intervention du RQD aux consultations de la Ville de Montréal

Le 3 avril dernier, Fabienne Cabado, directrice générale du Regroupement québécois de la danse (RQD) a participé aux consultations de la Ville de Montréal dans le cadre du projet de Politique de développement culturel 2017-2022. Le volumineux document intitulé Savoir conjuguer la créativité et l’expérience culturelle citoyenne à l’ère du numérique décline une ambitieuse vision d’avenir articulée autour de trois grands chantiers: 1. L’entrepreneuriat culturel et créatif pour pérenniser la création; 2. Le numérique au service de l’expérience culturelle du citoyen; 3. Un vivre ensemble incarné dans les quartiers culturels. Dégageant d’abord les points positifs de ce projet, Fabienne Cabado a ensuite témoigné des inquiétudes qu’il soulève pour le devenir de l’art chorégraphique, faisant valoir que Montréal pourrait choisir de reconquérir le titre de capitale internationale de la danse.

Trop fort accent sur les notions d’entrepreneuriat et d’industrie culturels et créatifs
Constatant qu’aucun chapitre n’est consacré aux artistes et à la pratique professionnelle, le RQD s’inquiète d’autant plus du souci qu’on portera aux conditions de pratique de la danse et au développement disciplinaire que le projet de politique annonce des évaluations basées sur la force de plans d’affaires combinant montage financier solide et forte portée artistique, sans égard à l’historicité. Quid, dans ce contexte, des risques inhérents à tout processus de recherche et à toute quête d’innovation?

Et de rappeler que si la culture contribue de diverses façons à l’essor économique, les œuvres d’art ne sont pas pour autant des marchandises et les artistes sont des créateurs avant d’être des entrepreneurs. Leur donner les moyens de se consacrer à leur art, c’est, entre autres, créer des contextes qui leur permettent de se dégager au maximum des tâches de gestion pour lesquelles ils n’ont généralement pas été formés et ne sont, parfois, pas doués.

Saluant le soutien prévu à la création de nouveaux modèles d’affaires et à la mutualisation des ressources, pratique de plus en plus répandue dans le milieu de la danse, le RQD a notamment souligné l’impact positif sur l’ensemble de la discipline d’une potentielle mutualisation du risque pour la production de grandes formes. Il a aussi évoqué la nécessité de guider les gens d’affaires dans l’apprivoisement du langage du corps, proposant la constitution d’un groupe de réflexion pour trouver, entre autres, comment développer une culture du mécénat pour l’art chorégraphique qui n’attire pas aussi spontanément les donateurs que d’autres formes artistiques.

De l’intérêt du numérique pour la danse
Le projet de Politique de développement culturel de la Ville place le numérique au service de l’expérience culturelle du citoyen. Comment cette idée pourrait-elle se concrétiser positivement pour la danse? Par des projets de médiation culturelle comme la Docubox, testée il y a deux ans à l’Agora de la danse, qui ouvrait un espace privilégié sur le processus et les coulisses de la création présentée, a suggéré le RQD. Ou encore, par une promotion municipale de l’offre en danse pour palier la perte d’espace médiatique pour la discipline et le manque de moyens de bien des individus et organismes pour travailler à la découvrabilité des œuvres. Et pourquoi ne pas envisager la création d’un guide de découverte de la danse sur le site de Tourisme Montréal?

Tout en suggérant la création d’un organisme de services qui permettrait aux créateurs en danse de participer au grand virage numérique sans avoir à en assumer le fardeau, Fabienne Cabado a également fait valoir la merveilleuse opportunité qu’offre le numérique de valoriser et de diffuser le patrimoine de la danse. Insistant sur la nécessité de songer à la valorisation du patrimoine immatériel en écho aux actions de valorisation des sites et des bâtiments patrimoniaux, elle a fait remarquer qu’au même titre que la Ville acquiert des pièces d’artistes visuels contemporains, elle pourrait soutenir la recréation ou le remontage d’œuvres du patrimoine chorégraphique ou contribuer autrement à la valorisation du patrimoine de la danse.

Se référant à l’intérêt que porte le projet de Politique sur la créativité en design urbain pour vitaliser certains quartiers et y améliorer la qualité de vie, elle a invité la Ville à imaginer des couplages entre designers et chorégraphes pour conjuguer corps et urbanité, reprenant l’idée de réflexe culturel à développer pour une vie culturelle inclusive, diversifiée et éclatée.

Des dangers de miser sur le citoyen-créateur et de privilégier la demande sur l’offre
Face au désir affiché de promouvoir une «offre culturelle variée, adaptée à la demande des citoyens et accessible», le RQD a rappelé l’importance de propositions artistiques inattendues, dérangeantes, exigeantes, qui favorisent, par le fait même, la réflexion, l’ouverture et l’enrichissement des individus et de la collectivité. Soulignant la relativité de la notion d’accessibilité et le danger de contraindre ou de formater les créations au nom de cette dernière, il a revendiqué pour les artistes la liberté de créer au-delà des impératifs économiques et sociétaux. Il s’est particulièrement insurgé contre l’idée de se concentrer non plus sur l’offre culturelle, mais sur la demande avec la volonté d’impliquer absolument le citoyen dont on déclare qu’on ne veut plus qu’il ne soit «qu’un simple spectateur».

Reconnaissant les effets bénéfiques de la créativité et de la pratique artistique dans les sphères intimes et sociales, le RQD s’est cependant inquiété de voir ce «citoyen créateur d’œuvres personnelles et collectives» se substituer pernicieusement à l’artiste. Rappelant qu’une œuvre n’est complète qu’avec le regard du spectateur et qu’être spectateur, ce n’est pas être passif, il a plaidé pour la valorisation de la fonction et de l’expérience du spectateur et pour la création d’un centre de médiation culturelle qui l’outille pour le rendre avant tout capable de recevoir n’importe quelle œuvre d’art et pour aiguiser son esprit critique. Dans cette optique, le renforcement de la diffusion et de la médiation culturelle dans le réseau des maisons de la culture s’impose comme une évidence.

La nécessaire augmentation du budget du Conseil des arts de Montréal (CAM)
À l’issue d’une intervention d’une trentaine de minutes, le RQD a demandé à ce que la future Politique de développement culturel de la Ville précise le rôle du CAM et les moyens financiers qui lui seront donnés de mener à bien sa mission. Car le projet actuel ne contient aucune proposition concrète à cet effet, si ce n’est la mention d’un appui de la Ville aux orientations stratégiques du Conseil liées à la diversité culturelle, à la relève et à la philanthropie et la mention d’une révision de ses programmes en vue d’une meilleure complémentarité avec les actions de la Ville.

Dans l’idée de renforcer et de développer les actions de cet organisme de proximité qui joue un rôle primordial auprès de la communauté artistique montréalaise, le RQD a rappelé qu’en 2005, le CAM préconisait dans un mémoire un rattrapage de son financement qui aurait dû porter son budget actuel à 20 M$. Or, tandis que le nombre d’organismes à soutenir ne cesse de croître, les crédits dont dispose aujourd’hui le Conseil ne dépassent pas 15 M$. Cela donne une d’idée très claire de l’investissement nécessaire dans ce pilier du développement culturel.

Les consultations publiques de la Ville de Montréal se poursuivent jusqu’au 13 avril avec l'objectif d'adopter les recommandations en mai et de dévoiler la nouvelle Politique de développement culturel en juin 2017. Au total, quelque 70 organismes auront profité des consultations pour présenter leur opinion verbalement, comme le RQD. Onze d’entre eux ont même déposé des mémoires que l’on peut consulter ici. Espérons que de nombreuses et convaincantes voix feront pencher les décideurs en faveur d'un soutien accru du CAM et du renforcement du rôle de l'artiste dans la métropole.

 

 

Cinq éléments-clés pour bien comprendre le droit d’auteur

 Un texte produit par Diagramme – Gestion culturelle


Le 9 mars dernier, Diagramme a reçu Me Sophie Préfontaine lors d’une Luncherie, afin d’aborder le droit d’auteur, un enjeu des plus importants dans la création et la diffusion d’œuvres. Quel artiste ne s’est pas questionné sur les droits de protection de ses œuvres ou même sur les droits d’utilisation de musique ou de décors utilisés dans ses propres créations? De nombreux artistes souhaitent prendre les mesures nécessaires pour se conformer au droit d’auteur. Voici des informations essentielles que tout créateur devrait connaître.

Qu’est-ce que le droit d’auteur?
Au Canada, le droit d’auteur est régi par la Loi sur le droit d’auteur (la « Loi »). Le droit d’auteur est le droit exclusif pour ce dernier (ou pour tout titulaire des droits sur une œuvre) de notamment produire, reproduire, de présenter au public ou communiquer par télécommunication (télévision, Internet, etc.) une œuvre sous une forme quelconque. Le droit d’auteur s’applique pour toutes les œuvres originales de nature littéraire, dramatique, musicale et artistique dès leur fixation. Il comprend les droits moraux (droit d’attribution, droit à l’intégrité) et les droits patrimoniaux, droits dits économiques qui permettent à l’auteur (ou au titulaire des droits sur une œuvre) de monnayer l’exploitation de son œuvre sous forme de redevance ou autre. Ce monopole d’exploitation perdure la vie de l’auteur durant et généralement jusqu’à la fin de la 50e année suivant son décès. Après, l’œuvre fait partie du domaine public et peut être utilisée librement par quiconque. Au Canada, les œuvres d’origine d’Antoine de Saint-Exupéry, de Kandinsky, de Claude de Bussy ou de Virginia Wolfe font partie du domaine public.

De la nécessité de fixer l'œuvre chorégraphique
Dès lors que la représentation d'une œuvre est fixée (sculpture, manuscrit, partition musicale, photographie, etc.), le droit d'auteur existe. Dans le cas d’une œuvre chorégraphique, la Loi exige une condition particulière afin de faire bénéficier l’œuvre des droits consentis à la Loi: que la mise en scène ou l’arrangement scénique soit fixé par écrit ou autrement, par exemple, au moyen d’une captation vidéo. Aussi, il est recommandé de documenter le processus de création de l’œuvre en conservant tout le matériel ayant servi à la recherche et à la création tels que croquis, photos, textes, etc

Qui est titulaire des droits d’auteurs sur une œuvre?
Selon la Loi, le titulaire des droits d’auteur sur une œuvre est l’auteur de celle-ci. Cependant, l’auteur peut céder (au moyen d’une cession) ou concéder (au moyen d’une licence exclusive ou non) ses droits en tout ou en partie à une tierce personne pour une durée ou un territoire qu’il détermine.  Cette personne devient dès lors titulaire des droits qui lui sont cédés ou concédés par l’auteur.

Attention, si une œuvre est créée dans le cadre d’un emploi alors les droits d’auteurs appartiennent à l’employeur. Si l’artiste employé souhaite demeurer titulaire des droits d’auteurs sur les œuvres qu’il créer dans le cadre de son emploi, il est préférable de le prévoir dans un contrat de travail.

Collaborateurs: à qui appartiennent les droits d’auteurs?
Dans le cadre d’une œuvre chorégraphique, le chorégraphe est généralement le seul auteur de l’œuvre qu’il crée.  Pourtant, de nombreux chorégraphes réalisent leurs œuvres avec le concours d’autres artistes à qui ils confient la création de la musique, de l’environnement sonore, des décors, des costumes, etc. Dans ce cas, chaque collaborateur est titulaire des droits d’auteurs sur les œuvres qu’il crée (musique, décor, costume, etc.) et qui sont intégrées à l’œuvre chorégraphique. Toutefois, le chorégraphe demeure, sauf entente à l’effet contraire avec les collaborateurs, seul titulaire des droits d’auteur sur l’œuvre chorégraphique.

Lorsque le résultat final d'une œuvre chorégraphique relève du travail conjoint de deux auteurs ou plus, ou que la partie créée par l’un ne peut être dissociée de celle créée par les autres, les auteurs sont co-titulaires des droits d’auteur sur l’œuvre et les gèrent ensemble comme un tout indissociable, à moins d’une entente à l’effet contraire.

Que l’œuvre soit créée avec l’apport de collaborateurs ou par un groupe de créateurs, les droits des uns et des autres ainsi que la façon de les administrer devraient être clairement établis dans un contrat afin d’éviter toute ambiguïté qui pourrait éventuellement gêner la diffusion de l’œuvre  

Créer son œuvre en y intégrant une œuvre existante: la démarche   
Il arrive fréquemment qu’un artiste souhaite utiliser et inclure une partie ou l’intégralité d’une œuvre au sein de sa propre œuvre. Le cas le plus fréquent est l’utilisation de musique déjà existante. À moins que l’œuvre souhaitée ne fasse partie du domaine public, il est nécessaire d’obtenir au préalable les droits d’utilisation pertinents auprès des titulaires des droits. Cette autorisation s’obtient généralement au moyen d’une entente écrite et peut s’accompagner de redevances fixées sur la base de l’utilisation. Il peut arriver que malgré les démarches effectuées, il s’avère difficile de trouver l’auteur pour obtenir son autorisation, dans ce cas il est possible de faire une demande de licence pour l’utilisation d’une œuvre protégée dont le titulaire du droit d’auteur est introuvable auprès de la Commission du droit d’auteur du Canada.

 

EN RÉSUMÉ

En tant que créateur, je devrais m’assurer de:

· fixer mes œuvres chorégraphiques par écrit ou autrement (vidéo)

· faire valoir mes droits d’auteur sur les œuvres que je crée en établissant clairement et par écrit les conditions de leur utilisation (droits, redevances, œuvres créées en collaboration, etc.)

· établir les conditions d’utilisation des œuvres que je commande à des collaborateurs ou que j’intègre à mes œuvres

 

Les Luncheries de Diagramme
Série de rencontres inspirantes sous forme de midi-causerie avec des spécialistes, Les Luncheries de Diagramme est une plateforme d’échanges et de discussions sur les enjeux auxquels les artistes et les compagnies de création et de production sont confrontés. Depuis son lancement en 2015, une douzaine de consultants et d’experts ont été conviés à partager leurs connaissances autour des thèmes de la diffusion, la production, la vision stratégique, la gouvernance et le financement public.

 

Me Sophie Préfontaine
Sophie Préfontaine évolue dans le milieu des arts et de la culture depuis plus de 15 ans. Combinant sa passion pour les arts et le droit, elle oriente sa pratique dans le domaine de la culture, des communications et des technologies de l’information en matière de propriété intellectuelle, contrats, relations de travail ainsi qu’en gestion et en gouvernance notamment auprès d’organismes et d’entreprises à vocation culturelle. En plus de sa pratique, Me Préfontaine dispense des formations et poursuit des études de cycles supérieurs en droit des nouvelles technologies de l’information.

 

Ce texte a été rédigé avec la collaboration avec Me Sophie Préfontaine.

Budget du Québec 2017: mauvaises nouvelles pour les arts de la scène

Tandis que les contribuables se réjouissent d’une baisse d’impôts annoncée et de l’abolition quasi généralisée de la taxe santé, que les professionnels de la santé et de l’éducation sont soulagés de voir l’étau de l’austérité se desserrer un peu, et que plusieurs industries et secteurs culturels, dont la musique, se voient gratifiés d’aides financières attendues, les professionnels de la danse oscillent entre l’incrédulité, la frustration et le découragement face au nouveau budget provincial.

Comme le stipule très bien le communiqué du Mouvement pour les arts et les lettres (MAL), dont le Regroupement québécois de la danse (RQD) est un membre actif, la grande déception réside dans le fait que le budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) ne bénéficie d’aucune augmentation alors qu’il s’apprête à sceller le sort de dizaines d’organismes pour les quatre prochaines années avec la mise en œuvre de son nouveau modèle de financement. Un modèle qui vise une meilleure inclusion de la relève et qui, pour ce faire, lui consacre 25% de l’enveloppe réservée au fonctionnement des organismes. Pas besoin d'être mathématicien pour comprendre que sans argent supplémentaire, ce sont de nouvelles coupes qui s’annoncent pour des structures déjà bien fragiles.

Les artistes et travailleurs culturels des arts de la scène ont beau savoir faire preuve de créativité face à l’adversité, il y a des limites à la pression économique que l’on peut exercer sur eux tout en leur demandant de toujours faire plus: atteindre l’excellence, être performants, compétitifs, bons gestionnaires, innover, élargir ses publics, adopter le virage numérique… Comment, avec 2,5 milliards de surplus distribués, n’a-t-on pas réussi à faire passer le budget du CALQ de 109 à 135 millions de dollars, comme le préconise le MAL depuis plusieurs années?

Dans ce contexte, le RQD tient à rappeler que l’écologie de la danse, comme celle de divers autres milieux artistiques, dépend dans une large mesure des moyens dont dispose cette société d’État. Ne pas lui donner ceux de remplir pleinement son mandat, c’est limiter le rôle pourtant essentiel que jouent les arts dans le développement des êtres et des sociétés. Faudra-t-il descendre dans la rue pour faire entendre cette cause?

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Cas Public remporte le 32e Grand Prix du CAM

Le Regroupement québécois de la danse félicite chaleureusement la compagnie de danse Cas Public, lauréate du 32e Grand Prix du Conseil des arts de Montréal (CAM). Le jury a particulièrement souligné la qualité de ses œuvres dédiées au jeune public et leur rayonnement exemplaire en 2016 avec 117 représentations dans sept pays. La directrice artistique de Cas Public, Hélène Blackburn, a profité de la remise de ce prix assorti d’une bourse de 30 000 $ pour rappeler l'importance des arts pour les enfants et les adolescents: «Ce prix souligne également la valeur du travail accompli par tous les acteurs de la création pour le jeune public en danse, mais également par des artistes de toutes les disciplines œuvrant pour la jeunesse.»