Le CALQ trace un avenir prometteur pour la diffusion des arts de la scène
Le récent Plan d’action sur la diffusion des arts de la scène, présenté par le Conseil des arts et des lettres du Québec cette semaine à RIDEAU, a été fort bien accueilli par les milieux artistiques. Il faut dire qu’il s’appuie sur le rapport d’un comité de réflexion composé d’une dizaine de professionnels de la diffusion – dont Annie-Claude Coutu Geoffroy, responsable du volet danse au Théâtre Hector-Charland et membre du CA du RQD –, qui a su mettre en exergue les enjeux les plus cruciaux du secteur. Quels sont ces grands défis et que prévoit le CALQ pour changer la donne?
Enjeux et défis de la diffusion dans les arts de la scène
Le rapport du Comité de réflexion sur la diffusion des arts de la scène au Québec à l’ère numérique dresse un portrait qui met au jour les nombreuses zones de fragilité du secteur: précarité des organismes, manque de ressources, enjeux de développement de compétences, facteurs limitant la circulation des productions en arts de la scène, freins au développement territorial, absence de visibilité dans les médias, faible inclusion des artistes autochtones et de la diversité culturelle, difficultés de présenter des disciplines artistiques plus nichées chez les diffuseurs pluridisciplinaires, etc.
Un bilan révélateur dont le Comité de réflexion s’est saisi pour proposer des pistes d’action concrètes avec une quinzaine d’objectifs, rassemblés sous les quatre grandes orientations suivantes:
- Stimuler la concertation et les partenariats;
- Favoriser la mise à niveau des connaissances et le développement des compétences;
- Créer des conditions propices à l’accessibilité et à la fréquentation;
- Assurer une offre culturelle diversifiée et inclusive sur l’ensemble du territoire.
Avec ce rapport, exemple d’une collaboration fructueuse entre le Conseil et la communauté des arts, la table était mise pour un plan d’action à la hauteur des attentes du milieu.
Plan d’action 2019-2022: plus d’audace et de diversité
C’est devant une salle bondée de professionnels des arts de la scène que la présidente-directrice générale du CALQ, Anne-Marie Jean, et son directeur du soutien à la diffusion et au rayonnement international, André Racette, ont présenté les neuf actions du plan et leurs objectifs respectifs.
Ce plan d’action prend en considération l’écosystème du milieu de la diffusion dans toute sa pluralité et sa complexité. Pour mieux accompagner les diffuseurs au quotidien, il prévoit de soutenir les initiatives de mutualisation des ressources et l’appropriation des technologies numériques. En lien avec les publics, il veut favoriser l’accès à des ressources spécialisées pour les développer et les fidéliser ainsi qu’accroître et pérenniser les sorties scolaires en milieu culturel professionnel. Au volet artistique, le plan annonce l’augmentation des résidences d’artistes et de compagnies de création en région, ainsi que l’appui inédit à des projets de résidence de longue durée pour les diffuseurs pluridisciplinaires.
Le plan prévoit aussi de renforcer le rôle des organismes impliqués dans des projets structurants de circulation des œuvres, comme La danse sur les routes du Québec, qui grâce à un soutien additionnel du CALQ a pu accueillir l’automne dernier cinq nouveaux diffuseurs pluridisciplinaires dans son Programme de développement de la danse.
À la volonté d’accroître la circulation des œuvres sur le territoire, s’ajoute celle de faire place à une plus grande diversité: pour enrichir l’offre de spectacles, on parle de mieux reconnaître les productions autochtones, d’accroître la présence des artistes de la diversité culturelle sur le territoire (notamment grâce à des vitrines et des tournées), mais aussi d’encourager les diffuseurs pluridisciplinaires à l’audace – terme qui vient remplacer la notion moins séduisante de «prise de risque». Les contextes de diffusion et de territoires seront donc pris en compte dans l’évaluation de ces projets par le CALQ. Pensons, par exemple, aux efforts particuliers que requiert l’initiation à la danse contemporaine de publics qui n’en ont jamais fréquenté…
Le nerf de la guerre
Si le plan d’action identifie les programmes et mesures de soutien qui permettront la mise en œuvre de plusieurs de ses neuf actions, leur financement a suscité quelques questions dans l’assistance: qu’en sera-t-il du financement des sorties scolaires en milieu culturel professionnel lorsque les fonds dédiés au jeune public arriveront à terme l’an prochain? Le financement des résidences en région, qui relève du programme des ententes territoriales (volet Soutien à l’accueil en résidence et à la coproduction), engendrera-t-il des disparités de moyens selon les régions?
Sans avoir pu annoncer si des crédits additionnels du gouvernement québécois seraient attachés à ce plan d’action, Anne-Marie Jean s’est montrée confiante en l’avenir et l’a assuré: «Ce plan est bien entendu une priorité pour nous».
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