Élections provinciales: du soutien aux arts comme projet social
À chaque rentrée ses défis. L’an dernier, le RQD s’impliquait pour alimenter l’élaboration du plan d’action de la nouvelle Politique culturelle québécoise. Il œuvre aujourd’hui avec la Coalition La culture, le cœur du Québec à l’organisation d’une rencontre publique où les différents partis viendront exposer leurs points de vue respectifs sur la question des arts et de la culture. Tandis qu’on réclame massivement des prises de position écologistes dans le débat politique après l’été de feu qui a ceinturé la planète, on désespère de voir se forger une vision solide du développement durable des arts et l’on s’inquiète du sort que connaîtra la politique Partout, la culture après les élections.
Le fait est que le plan d’action de cette politique et les quelque 600M$ prévus pour sa mise en œuvre nourrissent en nous quelques espoirs. Le fait est, aussi, que la précarité est telle dans le secteur des arts qu’il en faudrait bien plus pour les rendre florissants. Comme si une persistante canicule avait rendu ses terres si difficilement arables qu’une grande part de sa flore aurait poussé et cru sur le roc. Si l’on se réjouit, par exemple, de l’augmentation de 13M$ du budget du Conseil des arts et des lettres du Québec, on reste loin des 40M$ jugés nécessaires pour satisfaire les besoins. Dans le même ordre d’idées, on applaudit la perspective d’une nouvelle alliance culture-éducation-famille tout en restant conscient de l’immense travail à faire pour que les arts fassent partie intégrante des apprentissages à l’école et que les commissions scolaires disposent des moyens nécessaires pour pouvoir inscrire les sorties au spectacle dans leurs priorités.
Selon une firme de veille médiatique bien connue, la controverse arrive en tête des 10 thèmes les plus populaires de la campagne électorale entre le 27 août et le 2 septembre. Viennent ensuite la santé et l’économie, l’éducation se classant en cinquième position. Aucune mention n’y est faite de la culture, pas plus que dans les cinq thèmes catégorisés comme les moins populaires. Aucune. Et ce, malgré le fait que la Politique culturelle ait subi son premier renouvellement depuis 1992. Cherchez l’erreur.
Comme l’exprime si bien l’artiste suisse Narcisse Slam dans une vidéo percutante, la culture doit justifier en permanence de sa pertinence, de ses bienfaits et de sa rentabilité alors que les dépenses consacrées à la défense, par exemple, ne sont pas questionnées. Rappelant que la culture est ce qui transforme une société en civilisation, il pointe habilement que les artistes passent à la postérité et non les gestionnaires. Sa verve m’épargne aujourd’hui l’exercice d’une envolée lyrique sur l’importance des arts dans notre société. Mes valeureux collègues de la Coalition La culture, le cœur du Québec et moi-même ne cessons d’ailleurs de nous y plier dans les coulisses de la scène politique.
Comme bien des citoyens et des citoyennes, j’en appelle à l’intelligence, à la clairvoyance et à l’humanité de ceux et celles qui briguent le pouvoir. Leur responsabilité est de bâtir un Québec fort, vigoureux, innovant, prospère sur tous les plans. Or, nous sommes fatigués des pansements sur les bobos, des pastilles calmantes et des vœux pieux. Nous avons notamment besoin de vision et d’audace pour faire de la culture et des arts un inébranlable pilier du développement durable. Nous avons besoin de courage pour prendre des mesures qui placent la planète et l’humain au cœur d’un projet d’avenir.
Rendez-vous le 24 septembre, à 19h, à l’Amphithéâtre Banque Nationale de HEC Montréal, pour la rencontre-débat sur le thème de la culture et des arts. Ouvert à tous et toutes.
Fabienne Cabado
Directrice générale du Regroupement québécois de la danse