Une délégation danse au CALQ
Six membres du Regroupement québécois de la danse (RQD) et sa directrice générale se sont rendus au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), le 21 mars dernier, dans le cadre de consultations entourant le plan stratégique 2018-2022 de la société d’État. Dans l’attente du dépôt du budget provincial qui a finalement fait état d’une augmentation des budgets conjoints du CALQ et de la SODEC de 100 M$ sur cinq ans, la délégation a abordé deux grands thèmes : les enjeux du devenir de la danse professionnelle au Québec ainsi que le fonctionnement du CALQ et ses relations avec notre milieu.
Aux côtés des coprésidents Jamie Wright et Lük Fleury, qui ont respectivement traité de la répartition des montants alloués à la danse et des modèles organisationnels atypiques, la chorégraphe et directrice artistique de MAYDAY Mélanie Demers a pointé les enjeux du renouvellement générationnel et disciplinaire, la directrice de l’Agora de la danse Francine Bernier s’est attachée aux questions de diffusion et de circulation des œuvres, et la chorégraphe-interprète de Québec Geneviève Duong a défendu la nécessité de soutenir le développement territorial de la danse. Soulignant l’importance de la cohérence des investissements dans le secteur, de la concertation avec le milieu et de la transparence dans les communications du CALQ, Bernard Lagacé, le directeur général de Diagramme Gestion culturelle, a exposé nos interrogations quant aux critères d’attribution des subventions et le besoin de mieux outiller les jurys, comités d’évaluation et personnels du CALQ pour une meilleure connaissance de la complexité de l’écologie de la danse. La directrice générale du RQD, Fabienne Cabado, a quant à elle plus spécifiquement mis en perspective les notions d’équité et de souplesse en faveur des clientèles.
Reçue par Anne-Marie Jean, présidente-directrice générale du CALQ, Marie Daveluy, secrétaire générale et directrice de la planification et des affaires institutionnelles, Véronique Fontaine, directrice du soutien aux organismes création et de production et de diffusion et Geneviève Béliveau-Paquin, chargée de recherche, de développement et de planification, la délégation danse a bénéficié d’une bonne écoute et s’est réjouie de l’invitation à des rencontres de ce type plus régulières pour bonifier la collaboration entre le CALQ et le RQD. Elle n’a cependant pas obtenu toutes les réponses à ses questions.
Précisions et perspectives
Interrogée sur la disparité inquiétante dans l’octroi des subventions à la mission et à la programmation spécifique (fonctionnement), Anne-Marie Jean a argué qu’en l’absence de fonds supplémentaires en 2017-2018, le CALQ avait procédé à une mise à niveau d’organismes particulièrement performants et encore sous-financés comparés à leurs homologues d’autres disciplines. Elle a ajouté que les années à venir seraient consacrées au développement des organismes. Concrètement, il s’agirait d’accueillir de nouveaux organismes au fonctionnement, d’une mise à niveau des structures sous-financées et d’une reconnaissance des particularités territoriales.
Sachant que les subventions de la moitié des 58 organismes soutenus cette année sont inférieures à 100 000 $, que trois d’entre eux récoltent plus de 35 % des crédits totaux accordés au fonctionnement et que huit d’entre eux seulement sont basés hors Montréal, on mesure l’ampleur de l’investissement à opérer. Sans compter la pléthore de créateurs et organismes qui dépendent des subventions à projet et des bourses dont le CALQ dit souhaiter augmenter l’enveloppe qui est, de longue date, très insuffisante pour satisfaire à la demande. Ainsi, si l’on se réjouit qu’en 2018-2019 le CALQ et la SODEC aient 17,4 M$ de plus à se partager, il y a encore loin de la coupe aux lèvres en matière de financement de la danse.