État d’urgence
À deux semaines de la Journée internationale de la danse, j’avais prévu de publier une apologie de la danse et de ses innombrables vertus. Les actualités culturelles me poussent à faire écho aux cris d’alarme qui retentissent depuis l’annonce du budget provincial et à lever le drapeau de la mobilisation. Les milieux artistiques s'affairent et un grand rassemblement se prépare pour le lundi 24 avril, au centre-ville de Montréal. Engagez-vous dès aujourd’hui à y participer. Il en va du destin de la création au Québec.
De quoi s’inquiète-t-on? Du désengagement politique à répondre aux exigences de la création artistique et de l’instrumentalisation de la culture à des fins électoralistes. On investit dans le béton et dans le spectaculaire, misant sur la production au détriment de la recherche. Ainsi, malgré les nombreux plaidoyers présentés par les artistes et les organismes culturels lors des consultations pour l’élaboration en cours de la nouvelle politique culturelle provinciale, malgré l’insuffisance notoire du budget du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et la nécessaire augmentation qu’implique la refonte historique de son modèle de financement, le budget provincial n’a prévu aucuns fonds supplémentaires dans les caisses de ce poumon de la création québécoise. Les conséquences s’annoncent dramatiques.
Si l’on considérait déjà devoir se serrer la ceinture, il faudra désormais sacrifier un quart de sa part de gâteau pour intégrer de nouveaux joueurs dans le cercle des organismes subventionnés au fonctionnement. Si l’on assure ainsi une forme de sécurité financière à un plus grand nombre d’organismes, dans la réalité des faits, la moyenne des crédits alloués ces cinq dernières années aux structures en danse nouvellement accueillies au fonctionnement ne dépasse pas 35 000 dollars. Cette somme étant souvent inférieure à ce que des demandes de subventions à projet peuvent permettre de récolter, stabilité financière peut finalement rimer avec possibilités réduites de créer. Est-ce là un moyen efficace d’aider un milieu à se structurer et une discipline à se développer? Et sans argent supplémentaire dans le budget du CALQ, ce nouveau modèle de financement ne devient-il pas antinomique avec son projet d’œuvrer au développement durable des arts?
Depuis le 29 mars, les médias ont assez généreusement relayé l’indignation et les inquiétudes des milieux artistiques qui s’activent pour tenter de faire changer la donne. Car, si le budget 2017 est voté et qu’on n’y peut rien changer, il nous reste encore une chance d’influencer la façon dont les crédits vont être répartis. Nos députés en discuteront le 24 avril prochain en après-midi. Profitons de cette journée pour manifester haut et fort notre désir de voir le budget du CALQ augmenté. Nous n’avons pas d’autre choix. Prenons part massivement à cette mobilisation.
Fabienne Cabado
Directrice générale du RQD
Grand rassemblement
pour une augmentation significative du financement du CALQ
Lundi 24 avril 2017, de 12h à 13h
Lieu à confirmer
Confirmez votre participation ici