Le Conseil des arts de Montréal publie une étude sur la diversité des pratiques professionnelles en danse
par Rymel LarouiVous serez surpris par le nombre de danseurs, chorégraphes, troupes, écoles et associations de danse présents sur l’Île de Montréal. La danse est foisonnante et diversifiée sur ce territoire de moins de 500 km2, comme le révèlent les 70 styles de danse répertoriés par l’Étude sur la diversité des pratiques professionnelles en danse à Montréal réalisée par Louis Jacob, chercheur à l’Université du Québec à Montréal, à l’initiative du Conseil des arts de Montréal (CAM) et en partenariat avec le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) et le Regroupement québécois de la danse (RQD).
Une première du genre
En mettant l’accent sur les modes d’expression autres que le ballet et la danse contemporaine occidentale, cette étude sociologique offre un regard inédit. Ses objectifs? Répertorier et définir les genres de danse pratiqués en sol montréalais; décrire les contextes de pratique (recherche et création, répertoire, variété, compétition et loisir); identifier les lieux de présentation et les praticiens de la danse professionnelle; définir les notions de recherche et d’innovation appliquées aux différents genres de danse.
Pour ce faire, les chercheurs ont effectué une importante analyse de sources documentaires, procédé à 11 longs entretiens individuels et mené une enquête par questionnaire à laquelle 104 professionnels de la diversité ont participé.
Le RQD, partenaire de l’étude
En février 2013, le CAM invitait le RQD à prendre part au comité de suivi de l’étude. Composé de Sylviane Martineau (CAM), Karla Étienne (Zab Maboungou/Compagnie Danse Nyata Nyata), Lyne Lanthier (CALQ) et Coralie Muroni (RQD), le comité avait pour fonction de valider le mandat de l’étude et d’en commenter les différentes étapes de recherche. Le RQD a également soutenu la démarche en relayant aux professionnels de la danse le questionnaire de l’UQAM.
Ce qui devrait attirer votre attention dans l’étude
Les points suivants reprennent des faits saillants identifiés par les chercheurs dans le sommaire, ainsi que des éléments de la conclusion de l’étude. En guise de référence, nous avons indiqué les pages du document auxquelles ces points renvoient.
- L’étude propose une nomenclature des genres et styles de danse pratiqués à Montréal (en amateur ou en professionnel). Plus de 70 styles de danse ont été répertoriés et regroupés en 9 genres (ou catégories) allant des danses traditionnelles-folkloriques aux danses urbaines, en passant par les danses rituelles, les danses populaires, etc. Rappelons que le ballet et la danse contemporaine occidentale ont été exclus de la recherche. (p. 16)
- La danse apparaît comme un art qui s’est toujours nourri d’influences variées; en ce sens, la diversification des pratiques n’est pas un phénomène nouveau. (p. 10)
- Les artistes s’adonnent à une diversité de styles qui ne sont pas nécessairement en lien avec leurs appartenances ethnoculturelles. (p. 18-22)
- La diversité des contextes de pratique est aussi vaste que la diversité des danses elles-mêmes. (p. 24-26)
- La plupart des artistes interrogés (environ 74%) disent pratiquer la danse dans un contexte de recherche et création, quel que soit le genre ou le style de danse pratiqué, c’est à dire que la recherche et l’innovation n’appartiennent pas qu’aux seuls styles contemporains et urbains. (p. 24-25)
- La très grande majorité des danseurs estime qu’il y a plus d’avantages que d’inconvénients à danser à Montréal. Par ailleurs, les obstacles que rencontrent les danseurs dans l’exercice de leur art sont souvent les mêmes que ceux rencontrés dans la danse contemporaine occidentale. (p.22)
- Les notions qu’utilisent les danseurs et chorégraphes pour parler de leur art comporte des valeurs expérientielles, techniques ou esthétiques. Ces notions s’appliqueraient différemment d’un style à l’autre. (p 28-30)
- Interrogés sur les qualités que devrait posséder un danseur professionnel, les répondants au sondage ont nommé : la volonté d’effectuer un travail de perfectionnement ou d’approfondissement, l’expérience, la vocation, la compréhension élargie de la signification de la danse, la capacité de recherche et de renouvellement et la reconnaissance par les pairs. (p. 31-32)
- Sur la question de la rémunération, de rares répondants au sondage ont affirmé occuper un emploi à temps plein en danse ou gagner leur vie principalement grâce à la danse. Bien souvent, l’enseignement est la principale source de revenus. (p. 22-23)
- Les chercheurs constatent que si le statut du professionnel tend indéniablement à se stabiliser, grâce notamment à l’action des organismes subventionnaires et des associations, il semble néanmoins y avoir place à l’interprétation et à des valeurs, des motivations, des convictions sans doute fort différentes, voire divergentes, dans le paysage actuel de la diversité culturelle de la danse. (p. 33)
Et maintenant?
Cette étude, qui a le mérite de déblayer tout un nouveau et vaste pan de recherche en danse, soulève de nombreuses questions. Les conclusions de l’étude appellent d’ailleurs à poursuivre le travail d’investigation en s’intéressant notamment aux dynamiques internes et externes propres aux différents groupes pratiquant les styles de danse recensés. En effet, la connaissance de ces dynamiques s’impose si nous voulons en arriver à cerner les valeurs et les critères qui fondent ces pratiques et, au-delà, le sens donné aux termes professionnel, amateur, recherche et création, œuvre, innovation, formation, perfectionnement, etc.
Il importe maintenant de saisir et relever les défis posés par le développement et la mise en circulation dans l’espace public de la diversité des pratiques professionnelles de la danse. Comment, avec quels moyens et quelles ressources? Ce sont là les grandes questions auxquelles il faudra répondre. Chose certaine, cette étude nous livre une riche matière pour continuer à réfléchir ensemble.
> Lire l’ Étude sur la diversité des pratiques professionnelles en danse à Montréal
> En savoir plus sur les actions du Conseil des arts de Montréal envers la diversité culturelle.