État des lieux du secteur de la danse au Québec
Le Regroupement québécois de la danse dévoile son étude économique 2023
Danse au Québec : le financement en inadéquation avec un secteur encore en croissance
Montréal, 18 octobre 2023 — Alors que la rentrée culturelle bat son plein, la reprise des activités dans les arts de la scène au Québec n’est pas encore retournée à son niveau prépandémie. Malgré l’enthousiasme entourant le retour des événements culturels et des spectacles, l’industrie des arts chorégraphiques continue elle aussi à faire face à d’importants défis. Bien qu’il y ait des signes de reprise et d’optimisme au sein de l’industrie, des risques sérieux persistent. C’est ce que révèle l’étude économique du secteur de la danse au Québec, réalisée par la firme AppEco et que vient de dévoiler le Regroupement québécois de la danse (RQD).
Cette analyse sectorielle indépendante que dévoile le RQD a été réalisée grâce au soutien financier du gouvernement du Québec. Elle met notamment en lumière le fait que les organismes et les professionnels du RQD ont été confrontés à des défis importants en raison de la pandémie et, bien que certains d’entre eux aient pu s’adapter et même se développer durant cette période difficile, des incertitudes persistent, notamment en ce qui concerne le futur des programmes d’aide gouvernementaux. Les revenus autonomes des entreprises demeurent bien en dessous de leur niveau pandémique, les déficits se poursuivent et l’augmentation des coûts en contexte inflationniste pèse sur les organisations et sur les professionnels du secteur de la danse.
Pour le RQD, ces constats mettent en lumière la nécessité de la relance du secteur de la danse postpandémie et l’importance d’avoir des appuis financiers qui cibleraient une meilleure santé économique de ses organismes ainsi que de ses travailleurs. Bien que démontrant l’impact socioéconomique du secteur sur la société québécoise, l’étude fait également état d’un manque de main-d’œuvre et de conditions de travail moins avantageuses.
Pour le RQD, le secteur de la danse croît, mais il est malheureusement ébranlé par le financement public qui ne parvient pas à suivre ou à répondre adéquatement aux besoins actuels des acteurs du secteur.
Un écosystème encore fragile
Le secteur québécois de la danse est jeune et en plein essor depuis environ 40 ans. Il continue de grandir et se façonne avec un écosystème professionnel riche qui produit et qui présente des artistes uniques et de renommée internationale ; c’est aussi pourquoi il demeure fragile.
En 2019, les organismes du RQD ont généré plus de 36 millions $ en production totale pour le Québec. Ils ont aussi créé ou maintenu plus de 331 emplois. Or, en 2022, le coût des espaces, devenus difficiles à trouver, a augmenté de manière notable. Il est près de 50 % plus élevé qu’avant la pandémie. Avant comme après la pandémie, les établissements en danse demeurent déficitaires avec un ratio moyen des coûts par rapport aux revenus de 123 % en 2021-2022. Les revenus de billetterie sont près de 34 % plus bas en 2022 qu’en 2019 et le nombre de billets vendus a diminué de 5 %. De plus, la tournée internationale n’est toujours pas revenue au niveau prépandémie non plus, même si nos créateurs québécois ont pu continuer à créer autant qu’avant la pandémie en 2022, grâce aux aides financières ponctuelles du gouvernement du Québec.
Pour les établissements de la danse, la pénurie de main-d’œuvre frappe fort, plusieurs travailleurs ayant pris la décision de se réorienter au cours de la pandémie. Les organismes en danse peinent à offrir des salaires et des avantages sociaux compétitifs.
Selon le RQD, la situation est telle qu’on s’inquiète de la pérennité du secteur actuel et de ses créations, reconnues mondialement. « Le secteur est d’autant plus fragile qu’il l’était avant la pandémie et les deux prochaines années seront décisives pour plusieurs de nos organismes et de nos artistes, car certains ne pourront pas soutenir ce déficit pour si longtemps », déclare Nadine Medawar, directrice générale du RQD.
Plus de 13 % des organismes en danse offrent des services en danse-thérapie ou en danse adaptée ; un lien qui se crée de plus en plus dans les dernières années à travers des partenariats entre le domaine de la santé et les professionnels de la danse. La thérapie est reconnue pour améliorer les symptômes de maladies chroniques, musculosquelettiques, le cancer et les problèmes psychosociaux. Pour les pratiquants, qu’ils soient professionnels ou amateurs, une amélioration de la santé mentale et physique et du développement cognitif sont parmi les bénéfices identifiés.
Une stratégie globale de renforcement
Le RQD a présenté ces données au ministère de la Culture et des Communications qui s’est montré très à l’écoute. Il est cependant primordial que le gouvernement du Québec octroie un financement structurant au secteur la danse pour qu’il demeure compétitif à l’échelle internationale. La création avec peu d’interprètes sur scène devient peu attirante pour les diffuseurs et si nos budgets de création, par exemple, ne doublent pas, les créations québécoises ne seront plus d’intérêt et perdront de leur attractivité. À titre d’exemple, le RQD cite l’Allemagne qui a récemment annoncé un investissement de 20 millions d’euros pour redonner à son milieu de la danse professionnelle la structuration nécessaire. Cet investissement servira à améliorer l’infrastructure en danse à travers leur pays, à appuyer leurs travailleurs autonomes en danse ainsi que leurs écoles et à développer la diffusion de la danse dans de nouveaux espaces allemands. Les besoins au Québec sont similaires et si nous n’agissons pas pour y répondre, nous perdrons rapidement notre place de chef de file mondial. Sommes-nous prêts à être aussi audacieux ?
Face aux contraintes financières, le RQD recommande d’ici le 1er mars 2024 d’évaluer et de bonifier les programmes de subventions existants pour répondre aux réalités d’aujourd’hui, de rendre le financement plus prévisible, en plus d’apporter un soutien ciblé face aux enjeux identifiés. De plus, une mise à jour régulière et détaillée des données est essentielle pour outiller le secteur dans son développement, ce qui permettrait une planification stratégique et une allocution des ressources plus efficiente.
Citation
« L’étude économique nous mène à renforcer notre message qui dit que, pour soutenir efficacement notre secteur, il est essentiel d’évaluer l’impact des programmes de subvention existants et de les ajuster adéquatement afin que notre secteur encore en croissance puisse continuer à demeurer compétitif. Notre secteur a besoin de plus de prévisibilité. J’invite vivement le gouvernement à investir généreusement en cette discipline unique et ambassadrice de notre culture québécoise à travers le monde. Que ce soit en amélioration des conditions de travail et de création, en enseignement, en développement du territoire ou de public local et international, le secteur de la danse du Québec a besoin d’être reconnu pour sa grandeur actuelle et les investissements que sa pérennité nécessiterait. Sinon, les Québécoises et Québécois perdront plusieurs des créations qui les reflètent et qu’ils s’approprient. »
– Nadine Medawar, directrice générale du Regroupement québécois de la danse
Veuillez consulter l’étude économique ici.
À propos du Regroupement québécois de la danse
Le Regroupement québécois de la danse (RQD) rassemble et représente tous les acteurs œuvrant en danse professionnelle, dans le but de favoriser l’avancement et le rayonnement de l’art chorégraphique et de contribuer à l’amélioration des conditions de pratique en danse.
Pour tout renseignement
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TACT
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