Dévoilement d’une étude majeure sur la médiation culturelle et numérique au Québec
L’Étude sur la médiation culturelle et numérique dans les arts de la scène au Québec est maintenant publiée! Cette enquête d’envergure, menée par l’équipe du professeur Hervé Guay de l’Université du Québec à Trois-Rivières, a été réalisée en collaboration avec le Regroupement québécois de la danse (RQD), le Conseil québécois du théâtre (CQT) et En piste. L’objectif était de brosser un état des lieux des pratiques actuelles de médiation culturelle et numérique dans les disciplines de la danse, du théâtre et du cirque. Coup d’œil sur quelques-uns des constats de cette étude, première étape d’un projet visant à soutenir la consolidation et le développement du public grâce aux technologies de l’information et de la communication.
Une étude quantitative pour mieux comprendre les pratiques actuelles
Quel emploi fait-on de la médiation numérique? Quelles sont les stratégies privilégiées? Ou encore quel est le degré de réussite des initiatives réalisées? Voici quelques questions qui ont été posées à plus de 160 organismes culturels, dont 35 en danse, pour le volet quantitatif de cette étude.
Constat #1: un écart peu marqué entre la pratique de la médiation culturelle et celle de la médiation numérique en danse
C’est en danse que la médiation culturelle numérique est la plus répandue. 85% des organismes en danse affirment proposer des actions de médiation culturelle contre 65% pour la médiation culturelle et numérique. Toutes disciplines confondues, ces chiffres se situent plutôt à 90% pour le taux de pratique de la médiation culturelle contre 54% pour la médiation culturelle s’appuyant sur des dispositifs numériques.
Constat #2: il existe un écart entre intégration des technologies au quotidien et pratique de la médiation numérique
Les professionnels du milieu des arts de la scène ne semblent pas réfractaires à l’utilisation des technologies numériques dans leur quotidien ni au recours à la médiation culturelle numérique. Cependant, l’intégration des nouvelles technologies est plus lente dans le domaine de la médiation. À titre d’exemple, parmi les organismes, toutes disciplines confondues, ayant recours à la médiation culturelle numérique, 52% affirment que cette pratique ne fait pas partie d’une stratégie numérique organisationnelle.
Constat #3: un faible taux de demandes de subvention et d’évaluation des actions de médiation
67% des organismes en danse indiquent financer à l’interne leurs activités de médiation numérique. Seuls 42% reçoivent du financement du gouvernement du Québec ou du Canada.
D’autre part, près de la moitié des organismes en danse ayant répondu au questionnaire ne fait pas d’évaluation de ses actions numériques. 40% de ces organismes affirment manquer de temps pour le faire.
Comprendre la place qu’occupe la médiation culturelle et numérique grâce à une étude qualitative
Pour comprendre en profondeur les constats tirés du volet quantitatif de l’étude, l’équipe de recherche a également mené des entretiens auprès de 42 organismes, dont 9 en danse. Ce volet qualitatif a permis de mettre en lumière les défis rencontrés par les professionnels du milieu ou encore les pratiques inspirantes et les mieux adaptés à leur réalité.
Constat #4: la médiation culturelle recourt à des savoirs et à des savoir-faire qui tendent à être distincts selon les arts
D’une manière générale, la danse et le cirque tendent à aborder davantage dans ses activités de médiation culturelle les savoir-faire et les techniques corporelles, tandis que les médiateurs du milieu théâtral sont généralement plus enclins à aborder les enjeux évoqués dans une pièce, donc moins reliés aux aspects esthétiques d’une œuvre.
Constat #5: la médiation numérique présente des avantages et des désavantages
Plusieurs avantages à la pratique de la médiation numérique ont été soulevés: contrer la distance avec l’audience, se déployer sous d’autres formats et surtout agir en complément à la médiation culturelle dite conventionnelle. Parmi les désavantages soulignés, mentionnons notamment l’absence du médiateur « en chair et en os » ou encore le fait qu’à l’occasion elle débouche sur une absence de rencontre avec l’œuvre.
Constat #6: un certain tiraillement entre vocation et obligation existe dans la pratique de la médiation culturelle et numérique dans les arts de la scène au Québec
La médiation culturelle et numérique peut être le fruit d’une réflexion menée dans l’organisme et trouver sa place dans sa stratégie numérique. Mais elle peut aussi être incitée par des programmes de financement et des politiques. Dans ce second cas de figure, il est possible que cela suscite une véritable curiosité à l’égard du phénomène et conduise à l’adoption d’une démarche constructive. Mais cela soulève cependant une question légitime: quelle est la pertinence d’utiliser des dispositifs numériques si cela provient d’une volonté extérieure aux organismes culturels? Or, en l’absence de réflexion stratégique sur la médiation culturelle et numérique, les organismes risquent de vivre un déficit de sens dans la conduite de telles activités.
Grâce à cette vaste enquête, nous comprenons mieux l’utilisation de la médiation culturelle et de son pendant numérique dans le milieu de la danse, du théâtre et du cirque. L’équipe de recherche, toujours en collaboration avec le RQD, le CQT et En piste, peut maintenant s’attaquer aux prochaines étapes de ce projet d’envergure: la préparation d’un guide de pratiques inspirantes, le lancement d’une école d’été pour chercheurs, responsables de la médiation et travailleurs culturels ainsi que la création d’un Répertoire des dispositifs de médiation culturelle et numérique dans les arts de la scène. À l’issue de ce projet, le milieu de la danse sera sans conteste adéquatement outillé pour travailler à la consolidation et au développement de son public grâce aux technologies de l’information et de la communication.
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