Plan de relance économique du milieu culturel: premiers pas pour la danse
Montréal, mardi 2 juin 2020 – Le plan de relance économique du milieu culturel, dévoilé hier par la ministre Nathalie Roy, ouvre quelques perspectives de reprise pour la danse tout en laissant de nombreuses questions et inquiétudes sans réponse. Le Regroupement québécois de la danse (RQD) salue certaines de ces premières mesures, soulignant qu’elles devront impérativement être suivies d’investissements conséquents pour assurer la survie et la relance du secteur de la danse, qui est extrêmement précaire et tout particulièrement fragilisé par la crise. Sa préoccupation majeure porte sur les appuis offerts aux artistes indépendants, aux travailleurs autonomes et aux petites structures.
Parmi les éléments encourageants du plan du ministère de la Culture et des Communications (MCC) se trouvent le soutien pour des productions dans des lieux inédits et adaptés au contexte de distanciation physique, tels que les déambulatoires et autres spectacles extérieurs, ainsi que le soutien à la diffusion simultanée de spectacles dans plusieurs salles et en ligne, que certaines compagnies envisagent déjà. Le financement de la location de lieux et de la rémunération des artistes pendant leur entraînement est une excellente nouvelle, considérant le besoin impérieux des danseurs d’entretenir leur instrument de travail pour être prêts à la relance. L’appui aux salles alternatives et privées pour valoriser la relève apporte un ballon d’oxygène à un pan du secteur qui en a bien besoin, mais le MCC ne doit pas oublier qu’en danse, bien des artistes et compagnies intermédiaires, voire établis, vivent encore en situation de précarité. L’argent dégagé pour documenter les effets de la pandémie sur le secteur culturel et soutenir les projets immobiliers et d’acquisition de matériel est aussi rassurant.
Pour le reste, cette première phase du plan de relance économique du MCC fait la part belle à l’industrie, plus particulièrement à l’audiovisuel et au cinéma, aux événements d’envergure et à la diffusion numérique. Cela fait craindre au RQD de lourdes pertes dans le secteur de la danse, majoritairement constitué de travailleurs autonomes et d’organismes financés à projets. Ainsi, sur les 400 M$ annoncés par le MCC, dont 250 M$ d’argent neuf, seulement 6,5 M$ sont alloués à l’augmentation des programmes de bourses et à un fonds d’urgence pour les artistes actuellement soutenus par la Prestation canadienne d’urgence (PCU).
«De nombreux artistes risquent de ne pas avoir accès à ce fonds d’urgence, dont on nous dit qu’il sera géré par l’Union des artistes et la Guilde des musiciens et réservé pour des situations extrêmes, commente l’artiste et enseignante Jamie Wright, coprésidente du RQD. Que se passera-t-il pour tous les interprètes qui n’auront pas de contrats parce qu’on produira majoritairement des oeuvres avec peu de danseurs? Et qu’adviendra-t-il des collaborateurs artistiques et techniciens qui n’auront pas d’emploi?»
«Il faut aussi trouver comment stabiliser les petits organismes, ajoute le chorégraphe-gestionnaire Lük Fleury, coprésident du RQD. Sans cela, quand viendra le temps de la relance, il n’auront pas les reins assez solides pour reprendre leurs activités. Parmi ces organismes, tout comme parmi les travailleurs autonomes qui n’auront bientôt plus le filet social de la PCU, on compte beaucoup d’individus appartenant aux groupes visés par l’équité. Ce serait dommage que tous les efforts d’inclusion faits ces dernières années par le Conseil des arts et des lettres du Québec soient gâchés.»
L’espoir d’une réouverture des salles d’ici la Saint-Jean rend par ailleurs particulièrement bienvenus les investissements pour la promotion des arts. Car il faudra séduire un public confronté à la peur de la contagion et à la surabondance de l’offre. Mais au-delà de la promotion des produits culturels québécois, le RQD appelle à une campagne gouvernementale de valorisation des arts, du corps et de la danse, qui en exalte tous les bienfaits et qui transforme durablement la perception des arts par le grand public.
Enfin, la danse profitera sans nul doute des 20 M$ consacrés à des projets numériques de tous ordres, avec un fort accent mis sur la diffusion d’oeuvres et d’événements en ligne. Elle ne saurait cependant pas s’en contenter. La pratique de cet art vivant reste en effet possible, il ne manque que les fonds pour donner aux artistes le temps de réfléchir aux formes qu’elle pourrait prendre en temps de pandémie.
Le RQD
Le Regroupement québécois de la danse rassemble et représente les individus et organismes professionnels œuvrant en danse, dans le but de favoriser l’avancement et le rayonnement de l’art chorégraphique et de contribuer à l’amélioration des conditions de pratique en danse.
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Source:
Coralie Muroni
Directrice des communications
Regroupement québécois de la danse
cmuroni@quebecdanse.org