De l’importance de l’engagement pour les arts
La campagne électorale qui bat son plein souligne que les industries culturelles sont l’arbre géant qui cache la forêt des dizaines de milliers de professionnels des arts. De fait, la taxation des GAFA et la crise des médias monopolisent les débats sans que l’on ne fasse cas de la cheville ouvrière de la richesse artistique et culturelle canadienne: les quelque 60 % d’artistes et autres travailleurs autonomes qui peinent à vivre de leur labeur et bénéficient rarement du filet social de l’assurance-emploi et du régime des pensions. Sans compter les salariés rémunérés bien en-deçà des normes en vigueur dans ces fameuses industries culturelles. D’où l’importance des regroupements et associations tels que le RQD qui, inlassablement, sensibilisent les politiciens qui se succèdent au pouvoir à ces réalités méconnues voire, tout bonnement, ignorées. En être membre est un acte hautement politique, une façon de voter pour les arts.
Après s’être battu pour que la question des ressources humaines soit intégrée à la Politique culturelle québécoise et à son plan d’action, le RQD s’implique aujourd’hui, en concertation avec un certain nombre d’autres organismes, pour que les personnes à la tête des partis en lice pour les élections fédérales s’engagent, si elles sont élues, à élaborer «un cadre national d’action pour la culture dans lequel sera énoncée une vision d’avenir ambitieuse et cohérente pour défendre et développer le secteur des arts au Canada.» Cette revendication a été développée dans une lettre ouverte envoyée aux différents leaders et publiée en pleine page du Devoir du samedi 5 octobre. Parallèlement, un appel à l’action vous a été lancé pour faire en sorte que cette question soit abordée lors des débats des chefs à ICI et CBC/Radio-Canada.
À l’heure de rédiger ces lignes, les arts sont restés absents du débat en anglais et il y a fort à parier qu’ils le seront aussi des échanges télévisés du 10 octobre en français. La culture a beau impliquer plus de 700 000 travailleurs au Canada et totaliser un PIB de près de 59 milliards de dollars, elle est loin d’être une priorité pour l’électeur moyen. D’où l’importance, encore, de regroupements tels que le RQD qui, en marge de leurs actions politiques, œuvrent de différentes manières à la valorisation des arts, au développement disciplinaire, au soutien des artistes et des travailleurs culturels et à l’amélioration de leurs conditions socioéconomiques.
Bien sûr, l’engagement premier et primordial de tout professionnel des arts, c’est de se donner corps et âme à la réalisation de sa mission. Une tâche immense qui, bien souvent, ne lui laisse guère d’autre temps libre que celui de subvenir à ses besoins essentiels. Débordé par la vie qui court toujours plus vite et par l’avalanche perpétuelle d’informations qu’il voit à peine passer, il peine à décoller de son quotidien pour élargir son regard sur le monde et y ajuster la place qu’il y occupe. S’il œuvre dans le secteur de la danse, le Rendez-vous annuel des membres du RQD lui offre l’occasion unique de prendre une pause salutaire pour rencontrer ses pairs, mettre à jour ses connaissances sur les enjeux de l’heure et partager ses réflexions sur des sujets d’actualité. Ainsi, l‘assemblée générale annuelle du vendredi 25 octobre se terminera sur un 5 à 7 festif pour les 35 ans du RQD et les ateliers du lendemain porteront sur le virage numérique et sur les Lois sur le statut de l’artiste. Soyez présents. C’est important.
Fabienne Cabado
Directrice générale du Regroupement québécois de la danse