Jeanne Renaud
[1928-2022]
Danseuse et chorégraphe de renom, Jeanne Renaud a été une pionnière de la danse moderne au Québec. Tout au long de sa brillante carrière, « Jeannot », comme on l’appelait affectueusement, s’intéressa autant à la musique et aux arts visuels qu’à la poésie et au théâtre. Elle fait partie du groupe d’artistes luttant pour apporter la modernité au Québec d’après-guerre, et c’est grâce à une de ses œuvres, lancée lors d’une audacieuse performance de danse moderne par Françoise Sullivan à Montréal en 1946, que la danse s’inscrit dans ce mouvement contemporain. Elle fonde l’École de danse moderne de Montréal avec Françoise Riopelle en 1962, puis le Groupe de la Place Royale, dont elle est la directrice artistique et la chorégraphe. Pour elle, l’art est avant tout une collaboration, c’est pourquoi elle a toujours commandé de la musique, des décors et des costumes pour ses spectacles. Elle a vraiment un don pour intégrer diverses sources de créativité dans une seule œuvre.
Jeanne Renaud, chorégraphe et pionnière de la danse moderne au Québec, est née dans une famille où l’art était considéré avec respect. Comme toutes les jeunes filles de son milieu social, Jeanne étudie le piano, le ballet et la danse moderne, mais les chemins déjà tracés ne lui plaisent pas. Elle s’implique auprès des Automatistes et, en 1946, s’associe à la peintre, sculptrice et danseuse Françoise Sullivan pour présenter plusieurs spectacles à Montréal. Elle étudie la danse à New York de 1946 à 1949 pour parfaire sa formation, puis s’installe à Paris, où elle enseigne la danse de 1949 à 1954. Elle donne également un spectacle à l’American Club en 1952, dans lequel Riopelle (scénographie) et Pierre Mercure (musique) collaborent.Jeanne Renaud exprime déjà le goût de confronter de grands créateurs et d’explorer la diversité artistique. Elle savait intuitivement que la danse moderne lui permettrait d’exprimer la totalité de son être et de sa présence dans le monde, et d’illustrer les relations et la complémentarité qui existent entre les différentes formes d’art.
Adepte du travail d’équipe, elle préfère commander la musique, les décors et les costumes de ses spectacles, suscitant des rencontres stimulantes avec Jean-Paul Mousseau, Fernand Leduc, Serge Garant, Gilles Tremblay, Mariette Rousseau-Vermette… Avec son amie Françoise Riopelle, elle fonde l’École moderne de danse de Montréal, berceau de la danse nouvelle à Montréal, où elle reste active jusqu’à fonder à elle seule le Groupe de la Place Royale.
Avant-gardiste, elle présente des spectacles de danse « sur le silence », crée des chorégraphies pour sa troupe et poursuit des expériences pour repousser les limites de la danse qui l’amènent à fonder la Galerie III, lieu d’expositions, de concerts, de danse et de théâtre. Son expérience professionnelle l’a rendue recherchée par les institutions culturelles.
Conseillère en danse, Jeanne Renaud a également été membre de plusieurs conseils artistiques. En plus d’être directrice du département de danse au ministère des Affaires culturelles de 1979 à 1981, elle a travaillé au Conseil des Arts du Canada. De 1985 à 1987, elle est codirectrice artistique des Grands Ballets canadiens, insufflant à la compagnie sa vision moderne de la danse. Texte de Janette Biondi, écrit à l’occasion de la remise du Prix Denise-Pelletier à Jeanne Renaud en 1989.