Quel avenir pour la danse traditionnelle québécoise?
Le Conseil québécois du patrimoine vivant (CQPV) a saisi l’occasion de son 25e rassemblement pour organiser, au Domaine Cataraqui à Québec, un groupe de travail sur la production et la diffusion de la danse traditionnelle québécoise. Le coprésident du RQD, Lük Fleury, y participait aux côtés d’une quinzaine d’intervenants du secteur, danseurs, gigueurs, musiciens, chorégraphes et organisateurs d’événements. De nombreux défis ont été soulignés et quelques pistes formulées pour un meilleur essor de la danse traditionnelle québécoise.
Au Québec, plus d’une trentaine d’ensembles de danse présentent de la gigue et des chorégraphies liées aux traditions du Québec. Sans ces troupes de folklore, les gigueurs qui œuvrent actuellement de manière professionnelle ne brûleraient pas les planches. Elles représentent donc un maillon essentiel de la transmission de la gigue et la question de leur survie est un enjeu de taille.
Entre autres défis à surmonter: le recrutement d’une relève de danseurs, la pénurie de lieux de diffusion pour présenter de la danse traditionnelle, la difficulté à percer un marché compétitif, le nombre de danseurs requis pour exécuter des sets ou des quadrilles – huit ou seize danseurs – qui empêche d’établir des budgets de production modestes, et finalement, la faible visibilité médiatique qui circonscrit souvent les troupes de folklore à leurs réseaux respectifs et nuit à l’élargissement des publics.
Le financement de la danse traditionnelle a également alimenté les échanges, posant la question des statuts professionnel et amateur des artistes et des structures: les troupes de folklore étant majoritairement constituées de danseurs amateurs tout en étant dirigées par des directeurs artistiques professionnels rémunérés, la coexistence de ces deux statuts complexifie la recherche de subventions. Les discussions ont ainsi révélé que les artistes professionnels en danse traditionnelle osent rarement déposer une demande de bourse en recherche et création, croyant ne pas répondre aux critères des divers programmes des conseils des arts. Les artistes professionnels présents ont ainsi été encouragés à déposer des demandes de subvention aux programmes qui leur sont accessibles et à relayer l’information dans leurs réseaux.
Finalement, certains intervenants se sont portés en faveur d’un décloisonnement de la danse traditionnelle et de la gigue pour mieux les intégrer à des projets hors cadre, faisant appel à d’autres pratiques de danses ou à d’autres disciplines. La nécessité de voir une nouvelle génération de danseurs s’approprier avec fierté ce joyau du patrimoine dansé et assurer dans dix ans la survivance et le rayonnement de la gigue a encore été soulignée. La structure des troupes de folklore serait-elle à revoir pour s’éloigner de leur origine communautaire et s’imposer comme des entreprises culturelles? Pour la plupart des personnes présentes, l’image du «trad» est en tout cas à renouveler et les façons de faire à redéfinir en vue d’assurer la pérennité des traditions québécoises.
Au terme de la discussion de deux heures, les participants ont préconisé l’organisation d’autres rencontres entre les acteurs du milieu de la danse traditionnelle, en vue de favoriser les échanges et de faire circuler les différentes initiatives, sources d’inspiration et d’idées novatrices de développement et de rayonnement.