Patrimoine: 9000 archives de danse accessibles en un clic
Qui a dit que les archives devaient rester le trésor exclusif des bibliothécaires et des conservateurs? Certainement pas la Bibliothèque de la danse Vincent-Warren (BDVW) qui compte à ce jour plus de 9000 documents numérisés, dont quelque 5800 photos pour propulser le patrimoine chorégraphique québécois dans l’espace virtuel. Gravures, affiches, programmes de soirées et clichés de spectacles de la belle Province sont désormais à la portée de tous. Entretien avec celle qui a piloté le projet de Collection numérique: la bibliothécaire Marie-Josée Lecours.
Pourquoi avoir mis sur pied cette Collection numérique?
La BDVW détient la plus importante collection iconographique en danse au Canada. On voulait en faciliter l’accès, mais aussi sauvegarder les documents en réduisant les manipulations des originaux. Cet ensemble offre un panorama large et inédit de l’histoire de la danse théâtrale au Québec de 1900 jusqu’à nos jours et témoigne des parcours de créateurs, de compagnies de danse, d’œuvres, d’interprètes, de photographes ou encore, de pédagogues.
À qui ça peut servir?
La BDVW reçoit régulièrement des demandes de photos pour des documentaires, des livres ou des projets web. Par exemple, 305 pièces iconographiques de la collection numérique sont venues documenter la Toile-mémoire de la danse du RQD, des archives de la BDVW ont été présentées dans l’exposition Danser à Montréal, un hommage à Iro Valaskakis-Tembeck au Centre culturel Notre-Dame-de-Grâce ou ont illustré le documentaire de Marie Brodeur, Un homme de danse. Tout individu qui a besoin de consulter ou d’utiliser des images de danse peut profiter de la collection numérique, qu’il soit artiste, chercheur, étudiant ou simple curieux.
Comment ça marche?
La BDVW a effectué un travail important d’identification des photos et de catalogage pour faciliter la recherche des documents en ligne. Chaque document est indexé en profondeur. Le moteur de recherche permet de trouver des photos par artiste, organisation ou photographe tandis que les estampes sont classées par époque, collection, personnalités et thématiques. Il est ainsi facile de s’y retrouver.
D’où viennent ces milliers de photos de danse québécoise?
La plupart d’entre elles viennent de fonds d’archives légués à la BDVW. Chaque fonds est unique. Celui d’Iro Valaskakis-Tembeck, reçu il y a près de 10 ans, est fantastique. Il contient, entre autres, beaucoup de photos! Nous détenons aussi le fonds de la critique de danse Linde Howe-Beck qui recevait, à l’époque, des photos imprimées pour illustrer ses textes. Les photos allaient être jetées par le journal The Gazette pour lequel elle travaillait. Elle les a récupérées et remises à la BDVW. Le fonds Fernand Nault comporte non seulement des photos, mais aussi des maquettes et des costumes. Dans la dernière année, la BDVW a fait l’acquisition des fonds Lynda Gaudreau, Françoise Graham et Vincent Warren. Pour la Collection numérique, nous avons numérisé les photos d’artistes et de compagnies québécoises. Nous avons écarté les photos de mauvaise qualité, les doublons et les photos trop répétitives d’une même pièce chorégraphique.
Quels sont les grands défis pour la constitution d’une telle collection?
La libération des droits est un véritable parcours du combattant que l’on continue de mener! Trouver les ayants droit n’est pas simple: sur les quelque 8300 documents numérisés, la moitié est déjà accessible en ligne. Les autres documents dont nous n’avons pas encore pu libérer les droits d’auteurs sont tout de même accessibles en Intranet.
Un vœu pour la Collection numérique?
Oui! J’espère qu’on va pouvoir poursuivre l’enrichissement de la collection, qu’elle va être utile à toute la communauté et que de plus en plus de gens vont la découvrir et l’utiliser!
► Visiter la Collection numérique
Parution originale du texte le 21 septembre 2017, mise à jour le 21 février 2019.
Marie-Josée Lecours est bibliothécaire à la Bibliothèque de la danse Vincent-Warren. En 2006, elle conçoit et réalise le site Web Chorème, consacré à la danse au Québec, que le milieu salue comme un outil incontournable pour la diffusion et la sauvegarde du patrimoine de la danse au Québec.