Une journée sans culture pour troubler la fête et rallumer notre joie
Journée de grève symbolique et de rassemblement, la première Journée sans culture a réuni, le 21 octobre 2015, plus de 300 travailleuses et travailleurs de l’art au Théâtre Aux Écuries, à Montréal autour d’un désir commun: refuser un état de fait qui nous fragilise et redessiner ensemble les contours de ce qui nous importe, afin de retrouver une puissance d’agir politique en ces temps d’austérité néolibérale.
Plusieurs travailleuses et travailleurs du milieu de la danse ont joint leur voix au mouvement. Elles et ils ont marqué un temps d’arrêt dans leurs activités quotidiennes pour réfléchir à leurs conditions de travail, pour trancher, le temps d’une journée, dans un continuum devenu trop familier pour plusieurs: précarité, nécessité de performer à tout prix, subventions refusées à répétition, coupes budgétaires, compétition, inégalités, pression vers le financement privé, travail non rémunéré, peur de tomber malade, abus — légers ou sévères — burn out, le tout complété d’un sentiment d’impuissance politique.
Un an après la Journée sans culture, le 20 octobre 2016, se tenait le lancement de la publication collective intitulée Troubler la fête, rallumer notre joie, qui en rapporte les faits saillants et en prolonge les réflexions. Deux postures s’y côtoient, indémaillables : d’une part, troubler une fête, celle célébrant les merveilleuses « retombées économiques de l’art » qui semblent retomber tout autour de nous sans nous atteindre et, d’autre part, rallumer notre joie, retrouver un soutien mutuel, une capacité d’agir, le sentiment de faire œuvre, ensemble, armé.e.s d’un souhait commun d’émancipation.
Polyphonique, la publication rassemble des textes de fictions ou d’opinion, de la poésie, une bande-dessinée, des témoignages et des illustrations, le tout composé par des artistes et des travailleuses et travailleurs du milieu. Elle fait résonner des voix trop souvent noyées dans l’abondance des discours formulés par les firmes conseils, la chambre de commerce et autres conseils des arts.
Déposez la publication dans votre studio de danse, à l’entrée de votre centre chorégraphique, dans votre centre de documentation. Lisez, faites circulez et discutez!
Lisez également le mémoire présenté au Ministère de la culture et des communications du Québec dans le cadre des consultations publiques sur le renouvellèlement de la politique culturelle québécoise.
Et si vous désirez vous impliquer dans l’organisation de la Journée sans culture, écrivez-nous.
Catherine Lavoie-Marcus, chorégraphe et interprète
Pour la Journée sans culture