Ces lieux où Montréal dansait
Alors que les travaux de réfection et d’aménagement de l’Édifice Wilder Espace Danse vont bon train, ce nouveau lieu d’envergure, situé en plein cœur du Quartier des spectacles, peut faire rêver au début d’une nouvelle ère pour la danse montréalaise. Or, on en connaît bien peu sur les lieux où Montréal dansait et qui ont abrité l’émergence de différentes cohortes d’artistes et de pédagogues depuis le début du 20e siècle. Cette période intéresse tout particulièrement le RQD qui mène l’immense projet La toile-mémoire de la danse au Québec [1895-2000]. Profitant du tournage d’une capsule vidéo produite par le RQD et mettant à contribution le journaliste et cinéaste Philip Szporer, la recherchiste de la Toile-mémoire, Gabrielle Larocque, a accompagné l’équipe de tournage à la recherche de quelques lieux perdus, dont elle trace ici un bref récit. À la recherche des lieux disparus En mai dernier, j’accompagnais une équipe de tournage à la recherche des lieux de danse disparus de Montréal. Cette équipe était formée de Philip Szporer, journaliste, cinéaste et historien de la danse à l’Université Concordia, de Philip Fortin, photographe et vidéaste, et de Devon Bate, preneur de son. Rockheads Paradise, Théâtre l’Eskabel, Majesty’s Theatre, Victoria School, le Piano Nobile, Véhicule Art : ces noms vous disent peut-être quelque chose. Aujourd’hui disparus ou transformés, il n’est pas toujours facile de recueillir des informations à propos de ces lieux afin de les inscrire à leur juste valeur dans l’histoire de la danse montréalaise. Ce tournage a été une occasion émouvante de parcourir le territoire – plutôt que les archives ! – pour aller à leur rencontre et échanger avec Philip Szporer qui en sait beaucoup sur le sujet. Voici donc quelques informations au sujet de deux lieux mythiques dont les filiations sont inscrites à la Toile-mémoire.
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Extrait de l’Atlas of the City of Montreal and vicinity in four volumes, de Charles E. Goad Co., 1912 (réédité en 1913 et 1914), vol. 1, planche 17. | ||
Le Majesty’s Theatre Le Majesty’s Theatre accueillait notamment les performances du Montreal Theatre Ballet, une compagnie fondée en 1956 par Brian Macdonald et les chorégraphes Elisabeth Leese, Elsie Salomons et Joey Harris. De courte durée (deux ans), on peut imaginer que cette compagnie a attiré les foules en présentant un grand nombre d’artistes canadiens dont Séda Zaré, Christina Coleman, Michel Conte, Raymond Goulet, Pierre Lapointe, Michel Martin, Alex MacDougall, Milenka Niederlova, Sylvia Tysic, Tom Scott, Olivia Wyatt.
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À gauche, coin rue Maisonneuve et rue Guy, 2015. © G. Larocque. À droite, His majesty’s theater, Guy Street, Montreal, Valentine’s & Sons’ Publishing., 19??.
Dans les années 1930-40, on pouvait retrouver au Majesty’s Theatre le célèbre professeur de danse George Shefler qui y présentait son « Annual Springtime Revues ». Ces spectacles présentaient sur scène jusqu’à deux cents enfants parmi lesquels on compte la petite Françoise Sullivan. Qui aurait cru, d’ailleurs, que 35 ans plus tard, cette jeune danseuse présenterait des performances artistiques avant-gardistes dans les murs du centre d’artiste Véhicule Art, et deviendrait une figure légendaire de la danse moderne et de l’art québécois ? Vehicule Art Fondé en 1972 par 12 artistes multidisciplinaires, Véhicule Art est un lieu d’importance pour le milieu artistique émergent. Ses locaux servent de lieu de diffusion de la danse moderne jusqu’au début des années 1980, avant l’apparition des premiers diffuseurs spécialisés. On a pu y voir, entre autres, Margie Gillis en solo en 1976 et 1978, Axis Danse composée d’Iro Tembeck et de Christina Coleman en 1978, Marie Chouinard et ses premières performances dont Cristallisation en 1979 et Marie Chien Noire en 1982. | ||
La Maison du Festival Rio Tinto Alcan, au 307 Ste-Catherine Ouest, 2015. © G. Larocque.
À sa fermeture en 1983, le lieu est récupéré par Tangente. Véhicule Art était déjà connu d’une des fondatrices du nouveau diffuseur, Dena Davida, qui y avait fait ses marques avec son collectif Catpoto en 1980. Pour visualiser toutes les trajectoires suggérées dans ce texte, nous vous invitons à jeter un coup d’œil, si ce n’est pas déjà fait, à la page de la Toile-mémoire qui contient des bribes de cette histoire de la danse en filiations.
En 2014-2015, les travaux sur les figures montréalaises de La toile-mémoire de la danse sont financés par le Programme de soutien à la diffusion du patrimoine montréalais qui bénéficie de l'Entente sur le développement culturel de Montréal intervenue entre la Ville de Montréal et le ministère de la Culture et des Communications.
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